Heetch : l'app du covoiturage facile

En fait, c’est l’inverse, il n’y a que ca. T’es jamais salarié par le VTC, t’es toujours obligé d’être en auto entrepreneur. Donc le VTC ne cotise pour rien vu que c’est l’auto-entrepreneur qui paie les charges sur ses revenus, et n’a que peu de cotisations obligatoires.
Et la problématique c’est de prouver (ou même de vouloir prouver) ou non que c’est du salariat déguisé (hierarchie, horaire imposée, matériel fourni, …).

Sur le site de Heetch, on sent bien qu’il faut absolument pas parler de recrutement de conducteur, ni de travail. C’est comme les livreurs à vélo, ca devient un passe-temps qui rapporte de l’argent.

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Attention, je ne dis pas que le revenu de base est LA réponse à ce sujet. Je dis juste que la logique derrière est interessante, au moins a étudier. avec en parallète un moyen de taxer non plus le travail, mais la productivité.

Après, ce n’est p’tet pas la seule solution.

Là où ça devient cocasse c’est que des prédictions très similaires ont été faites par les philosophes du milieu du siècle dernier, avec les même préconisations (revenu de base/salaire à vie/donner les moyens de rechercher son propre accomplissement plutôt que de besogner pour la communauté…)

Au final rien ne s’est déroulé comme prévu et une explication est donnée par le documentaire de la BBC All Watched Over By Machines Of Loving Grace (c’est plus long qu’une video youtube, mais c’est super bien fait et c’est un must watch si le sujet vous interresse)

Part 1 : https://vimeo.com/groups/96331/videos/80799353
Part 2 : https://vimeo.com/groups/96331/videos/80799352
Part 3 : https://vimeo.com/channels/ciri/80799354

Ben non, pas du tout, un auto entrepreneur ne fraude pas les cotisations sociales, il les paie, et c’est même assez cher, dans le cas d’un VTC c’est 21,3 % de son CA (pas de son bénéfice), plus l’impôt sur le revenu, et la CFE.
Le discours portant sur le fait qu’un auto entrepreneur n’a que peu de prélèvements obligatoires est faux, et il a été entretenu par les Chambres de Commerce et de Métiers qui voyaient d’un (très) mauvais oeil ce nouveau régime.

Ensuite, sur la question du salariat déguisé, c’est un vaste débat, la justice examine la requête faite par quelques chauffeurs d’Uber, mais c’est pas encore tranché.
A mon sens ce n’en est pas, car :

  • un salarié, que son entreprise fasse du bénéf ou pas, il touchera un salaire. Pas un chauffeur Uber
  • la chauffeur possède son outil de travail, ou s’il n’est pas propriétaire, il est titulaire du contrat de location
  • il peut librement organiser son temps de travail : travailler la nuit, beaucoup, peu…

J’ai pas du tout dit que l’AE fraudait, loin de là. C’est la société “employeur” qui paie quasi rien grâce au statut d’AE de ses chauffeurs. Et je comprend bien que tout ceci est dans la légalité parce que dans le flou, pour l’instant. C’est d’ailleurs grace à ce flou que les sociétés Uber and co sont rentables.

Et quand je dis que l’AE paie peu, c’est en comparaison notamment avec un libéral qui pourrait très bien être un chauffeur de VTC. Mais c’est un cas dont je n’ai jamais entendu parler, et c’est pas étonnant vu les cotisations à payer par ce statut.

Ca, c’est sur que des boites comme Uber sont fortes pour se soustraire à l’impôt. C’est tranquille comme business, pas de salariés (ou très peu), pas de matériel, juste une plateforme technique qui marche bien et une bonne stratégie de communication. Quand on pense qu’Air BnB est valorisé autant que le groupe Accor sans posséder un seul hôtel… On vit dans un monde financier, c’est à chialer, mais c’est comme ça…

Attention, tu confonds profession et régime fiscal et social.
Tu peux tout à fait être profession libérale en auto entrepreneur.

Et j’ai l’impression que ça se généralise cette pratique. Ma voisine a trouvé un travail en tant que secrétaire/pseudo RH dans une boite du coin. Elle a dû se mettre en auto entrepreneur. Toutes les personnes qui bossent dans cette boite (beaucoup de techniciens en électricité) ont ce statut.

Oui c’est vrai que là, j’ai pris un sacré raccourci :grinning:

Oui, ça se généralise.
Il est très possible qu’on s’achemine vers la fin du salariat, qui n’est somme toutes qu’une parenthèse dans l’histoire.

Oui mais non c’est l’exemple de la boite de ta voisine le souci. Ce n’est pas moi qui pourrait être contre l’autoentreprenariat puisque j’en suis et que je suis en train de passer en entreprise unipersonnelle dans l’informatique.

Mais être indépendant c’est avoir de multiples clients ou alors un client pendant un temps limité de quelques mois à moins de 2 ans. Et donc si elle était RH volante d’une boite à l’autre ça ne me choquerait pas, mais au minimum avec le chômage. Comme le conducteur VTC, sachant que lui ce n’est pas complétement comparable car il y a en plus la sécurité des personnes transportées (casier judiciaire + assurance pour le transport de personnes): moi je ne confierai pas quelqu’un de potentiellement vulnérable à 3h du matin à un inconnu pas tracé.

Et donc là dans l’exemple de Cobra l’autoentreprenariat est dévoyé…en raison des CDI que certains ne trouvent pas assez flexibles. Voir le débat actuel. Autant pour les PME et gros comptes, ils peuvent se permettre d’avoir des CDI et avoir des protections salariale de folie, autant pour les TPE c’est vraiment trop risqué par ces temps de crise d’embaucher quelqu’un qui deviendra indéboulonnable.

Et si l’autoentreprenariat est très bien pour avoir un travail annexe (du beurre dans les épinards), un démarrage d’activité, ou un petit boulot évitant le chômage de longue durée, en revanche pour faire du temps plein dans la même boite, on marche sur la tête.

Et finalement en raison du fait que les acteurs sociaux (syndicats, entreprises, gouvernement) sont hyper rigides, c’est-à-dire qu’ils ne réforment rien, au lieu de simplifier, ils enlèvent les garde-fous mais n’enlèvent rien à la bureaucratisation, ben on va avoir un marché du travail à 2 vitesses, les CDI des grands groupes, et le travail morcellé et sous-traité à mort. Ou alors d’un côté les compagnies de taxi sclérosées protégeant leur pré-carré, et de l’autre les VTC dynamiques mais potentiellement très précaires et sans aucun contrôle.

Hé tiens à propos de « Dans Le Canap’ : 90 minutes de conversation avec l’ami Caféine » : @Faskil et @Cafeine, est-ce que vous pouvez nous expliquer votre cas de personnes travaillant pour potentiellement plusieurs clients/employeur à savoir journaliste pigiste ? En quoi faire une pige diffère d’un boulot d’autoenpreneuriat ? :slight_smile:

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Yep. Sauf que je connais paquet de PME qui ont recours à ce système (full auto-entrepreneur) pas tant par manque de fond que parce que ça permet de dégager encore plus de marge. Et de mon point de vue, les grands groupes n’y ont pas recours parce que c’est totalement illégal (au moindre controle, la boite de la voisine de cobra se prendra une telle amende qu’ils pourront se lancer dans la production de massepain) et que les mecs qui prennent les décisions ont pas tellement envie de mettre leurs couilles dans le blender et de jouer « a y’a du courant ? y’en a pas ? ».

Perso, je pense que la flexibilité est une belle connerie : a chaque fois que j’ai vu une PME hésiter à embaucher, c’est généralement la complexité des démarches (et surtout des mutliples cotisations, Secu, ursaff et tutti quanti), et donc le surcout inhérent qui les faisait rélféchir. Parce que bon, avec les CDD, la période, d’essai et le reste, y’a quand même un minimum de flexibilité dans tout ça.

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Le problème est qu’en France, le “patron” est systématiquement vu comme l’ennemi à abattre, le méchant esclavagiste (Et vous pouvez remercier les (beaucoup trop) influents syndicats français). Du coup le droit français protège à tout prix les salariés et considère qu’une entreprise a forcement les moyens de payer des charges de plus en plus importantes.

Le problème est que la majorité des employeurs en France sont des PME qui n’ont plus les moyens ni l’envie d’employer plus de monde.

Soit l’employeur à un besoin réel d’employé mais ne peut embaucher quelqu’un car son chiffre d’affaire est trop juste pour soutenir les charges supplémentaires imposées.

Soit l’employeur à besoin de quelqu’un mais a peur de ne pouvoir se séparer d’une “erreur de casting” et du coup préfère bosser plus en ayant la certitude du boulot bien fait.

On en viens à la sous-traitance à tout prix, ou le patron de PME parviens à trouver une main d’oeuvre motivée (car à son compte) et surtout qui ne lui coûtent que la valeur du travail du prestataire. D’un autre coté, la main d’oeuvre en auto-entrepreneuriat (ou plus rarement en EI) supporte le coût des charges mais parviens à s’y retrouver financièrement.

Donc oui, je pense que si nos dirigeants restent les couilles dans le frigo, le salariat est amené à disparaître en France, remplacé peu à peu par du service à la demande.

Pour exemple, mon client actuel est la plus grosse assurance mondiale en chiffre d’affaire. Et bien plus de 80% de la DSI de cette boite est constituée de prestataires. Ca c’est pour le domaine de l’informatique, mais je retrouve de plus en plus cette pratique chez les PME de ma cambrousse ou le travail à la demande se développe de plus en plus. Avec la précarité d’emploi qui va avec.

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[quote=« M_le_maudit, post:52, topic:57510 »]Le problème est qu’en France, le « patron » est systématiquement vu comme l’ennemi à abattre, le méchant esclavagiste[/quote]D’un autre côté l’employé est vu comme un boulet inamovible une fois embauché. Y’a un juste milieu à trouver. :slight_smile: Entre l’intérim, les CDD et la période d’essai des CDI, je ne vois pas ce qui empêche un patron de prendre des employés à l’essai.

[quote=« M_le_maudit, post:52, topic:57510 »]Pour exemple, mon client actuel est la plus grosse assurance mondiale en chiffre d’affaire. Et bien plus de 80% de la DSI de cette boite est constituée de prestataires. [/quote]Il n’y a pas trop de turn over parmi tous ces employés ? Devoir gérer les départs et former chaque employé précaire, ça doit prendre beaucoup de temps et d’énergie. Je demande à voir sur le long terme. Si on était majoritairement indépendants, est-ce qu’on passerait régulièrement d’un employeur à la recherche de celui qui paye le plus cher ? Est-ce qu’on accepterait de casser les prix pour récupérer le moindre contrat ?

Justement et c’est là tout le problème; il n’existe presque plus dans cette DSI de connaissance humaine. A chaque changement d’équipe, une partie des connaissances accumulées par celles-ci disparaît purement et simplement.
C’est d’autant plus idiot qu’il gardent la plupart du temps les presta longtemps, jusqu’à trois ans.

Dans mon cas, ils avaient littéralement viré l’ensemble du service, je vous laisse imaginer la galère pour reprendre l’activité dont je ne connaissais strictement rien. Là cela va faire trois ans que je bosse pour eux … au revoir, merci d’être venu.

Ce n’est d’ailleurs pas par hasard que c’est en France que l’on trouve le plus de SSII, ces dernières ont compris depuis longtemps leur intérêt dans notre beau pays, ce qui nous amène au paradoxe suivant : En France on peut occuper un emploi précaire tout en étant salarié en CDI.

J’ai fais 14 ans de SSII et à chaque mission c’était la même galère; trouver comment fonctionne le SI du client, aller à la recherche de documentation trop rare, voir inexistante. Et une fois que l’on est à l’aise dans l’activité, hop ! tu vas voir ailleurs parce que le client te trouve trop cher ou parce que cela fait trop longtemps que tu es chez lui (délit de prêt de main d’oeuvre, toussa …)

J’aurai des tonnes de choses à raconter sur le sujet, si ça en intéresse quelques uns, je ferai un thread dédié si vous voulez.

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Les 3 ans ce n’est pas lié à une obligation légale : même prestataire (personne) au même poste pendant plus de 3 ans = obligation d’embauche en CDI ?

Non, le seul point légal est quand une société “prête” ses salariés à une autre société et que cette dernière les gère comme s’ils faisaient partie de ses effectifs, on appelle cela le délit de prêt de main d’oeuvre lorsque la société qui “prête” ses salariés en retire un bénéfice. On est typiquement dans le mode de fonctionnement de l’ensemble des SSII en France. La limite de temps de mission dans les grosses boite est juste une manière hypocrite de dire, “voyez, les prestataires chez nous ne sont là que ponctuellement, nous n’avons pas besoin d’embaucher plus de salariés” . Cela ne les empêchent pas de reprendre pour 3 ans supplémentaire un presta qui faisait du bon boulot et qu’ils ont juste mis dehors pendant 6 mois/1 an , le temps qu’il se fasse oublier.

Cf. la réponse de M_le_maudit, c’est aussi pour ça que les DSI réorganisent toutes les équipes tous les deux ou trois ans. Et ils prennent une marge de sécurité et qui leur permet de proroger les contrats réellement critiques de 6 mois deux ou trois fois en cas de gros besoin.

Par contre il me semble que cette histoire de trois ans existe, mais plutôt pour les salariés en CDD.

Mais entre nous, en pratique si tu bosses bien c’est plus naturel de postuler pour un poste en interne au bout d’un ou deux ans de prestation. Ou mieux encore, partir six mois ailleurs et postuler depuis l’extérieur quand le contexte est bon. Si tu as de bons contacts les choses se passent souvent très bien.

Oui et non. Oui, les grosses boîtes n’aiment clairement pas gérer les carrières de techniciens. Car même ingénieurs, les informaticiens qui veulent continuer à être développeur sur le long terme ce sont avant tout des techniciens aux yeux des RH… C’est chiant de se dire qu’on doit avoir un mec qui dans 5 ans connaîtra une techno désuette, et que même si on le forme, dans 10 ans rebelotte, etc. En tout cas c’est comme ça que j’ai vu faire dans les banques : « tu veux rester, tu deviens MOA ou manager, ça on sait gérer sur le long terme ». Ils font le calcul et ils se disent que ça leur coûte moins cher de faire de la presta avec des petits jeunes toujours au taquet des dernières technos, moins cher que le mec de 45 ans au sommet de sa carrière, avec tous les avantages de la convention collective bancaire, et pour lequel il faudra prévoir une pré-retraite etc.

Mais inversement le rôle de presta n’est pas si mal que ça. Perso ça m’a permis de voir plein de contextes similaires mais aussi avec des nuances assez importantes, et d’en faire un bagage très important dans mon activité. Au contraire j’ai vu des mecs stagner en interne en début de carrière.

Je suis entièrement d’accord avec ce que tu énonce Histrion, sauf sur ce point

Comme je l’ai dis, j’ai fais 14 ans de SSII, en tant qu’ingénieur d’études mainframe (sauf que je n’ai même pas de diplôme d’ingé, mais c’est un autre débat). Il est arrivé un moment où la petite SSII pour laquelle je bossais en dernier n’a pu (voulu) continuer à répondre au appels d’offres mainframe. Ils m’ont donc gentiment poussé dehors.

Me voilà donc à 40 balais, une solide expérience dans un domaine dont plus personne ne veux entendre parler mais sur lequel se basent tous les back offices des grosses assurances/banques/caisses de retraites/mutuelles . Et voilà le problème français :

- Je suis trop vieux pour me faire embaucher en interne chez le client. « Vous ne correspondez pas à notre pyramide des âges » qu’ils disent.
- Je suis trop expérimenté/cher pour intéresser une SSII. Ils me proposaient, sans rire, le salaire d’un débutant, parce que « vous comprenez, le mainframe, ça marche plus trop ».
- Je suis et veux rester un technicien. Je n’ai jamais voulu devenir analyste pur, MOA ou chef de projet. Moi j’aime mettre les mains dans le cambouis et apprendre de nouvelles techniques de développement et de gestion de SI. Et cela ne plait pas en France, mais alors pas du tout ! En gros je ne suis pour la plupart des boites qu’une feignasse sans ambition.

Je n’ai donc pas eu d’autres choix que de me mettre à mon compte. Et encore, l’hypocrisie est poussée à son paroxysme puisque les grosses boites ayant encore leur SI back office en mainframe ne veulent pas entendre parler d’indépendants et ne passent que par de grosses SSII référencées chez eux. Je suis du coup obligé de passer par ces mêmes SSII qui me trouvaient trop cher pour pouvoir bosser dans ces même DSI qui me trouvent trop vieux, mais qui ont de moins en moins de personnes pour faire le boulot sur leur mainframe certe vieux mais indispensable pour eux.

IAC? J’avais rencontré ces derniers à New-Yok pour un projet et tous les interlocuteurs venaient de chez Accenture en fait O_o

@M_le_maudit : on est d’accord que ce qu’on te dit est totalement absurde, mais tu n’es pas perdant pour autant.

  • la banque est contente elle n’a pas à gérer ta carrière technique, et le boulot est fait ;
  • la SSII n’a pas peur de ne pas pouvoir te recaser parce que tu es dans un domaine trop différent de ce qu’ils veulent vendre en “vitrine”, mais elle fait sa petite marge de 15% sur ta facturation ;
  • en tant qu’indép’ sur une techno clé du métier banque-assurance tu gagnes probablement mieux ta vie que si tu faisais du Javascript.

Au final, la banque paie probablement beaucoup plus cher que si elle t’embauchait. Mais si elle est contente…

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