Sinon, SpaceX a trouvé la cause de l’explosion du premier septembre:
J’étais au courant depuis quelque jours (rumeurs), mais là, ça a été “confirmé” par Musk lui même.
Reddit est moins avare de détails que le lien que je vous ai fourni, donc je vais tenter de me fendre d’une explication (les spécialistes en thermodynamique pourront me corriger, je ne suis pas un spécialiste):
Donc, pour commencer, il faut savoir que SpaceX, lors du test statique du 1er septembre qui a causé l’explosion du satellite AMOS-6, avait légèrement changé ses procédure de chargement du carburant, afin d’écourter cette dernière. La société suspectait depuis un bout de temps que ce changement de procédure soit la source de l’explosion de leur véhicule, mais n’arrivaient pas à savoir pourquoi.
L’explosion a eu lieu lors du remplissage conjoint du réservoir d’oxygène liquide et de celui d’hélium liquide.
Le petit chimiste en herbe va objecter “mais pourquoi charger de l’hélium? C’est un gaz inerte, ça ne peut pas brûler! Il raconte de la merde, le petit père!”.
Et bien, c’est simple. L’oxygène n’étant pas un gaz autogène dans les conditions de stockage dans le réservoir, rien ne le pousse à aller vers le tuyau d’alimentation du moteur fusée. Il faut donc que quelque chose le “pousse”, et c’est le but de l’hélium: prendre l’espace vide de l’oxygène dans le réservoir afin d’assurer une alimentation constante dans le moteur fusée (je crois que la problématique se pose aussi pour le kérosène).
Maintenant, il faut savoir que l’oxygène liquide est stocké à basse pression et à -206°c, un peu au dessus de son point de solidification (-218°c). L’hélium, quant à lui, est stocké dans un réservoir sous haute pression (350bars) et très froid (-260°c).
Afin de minimiser les pertes thermiques avec l’extérieur, SpaceX (et ce sont les seuls connus qui font cette chose) ont leur réservoir d’hélium liquide plongé dans le réservoir d’oxygène liquide. Le réservoir d’hélium liquide (COPV pour composite over-pressure vessel) est constitué d’une fine paroi d’aluminium, elle même entourée de fibre de carbone (pour résister à l’énorme pression).
La théorie admise est que:
- L’oxygène liquide a été mis dans le réservoir en même temps que l’hélium liquide.
- l’hélium liquide n’étant pas encore sous haute pression, un peu d’oxygène liquide a pénétré dans la structure de fibre de carbone du COPV.
- Au contact du réservoir d’hélium liquide à -260°c, l’oxygène s’est solidifié, se figeant durablement dans la fibre de carbone.
- la pression dans le réservoir d’hélium augmente pour atteindre les 350 bars nominaux…
- … compressant l’oxygène solidifié contre la fibre de carbone …
- entraînant une oxydation rapide de la fibre de carbone : C + O2 => CO2
- Cela crée une faiblesse dans la structure du réservoir d’hélium liquide, qui, sous haute pression, se rompt, libérant d’un seul coup tout l’hélium dans le réservoir d’oxygène, qui n’est absolument pas conçu pour supporter une telle pression, et qui se rompt à son tour.
Cela a suffit pour que l’oxygène s’enflamme, et que la fusée subisse le destin qu’on lui connaît.
Le simple fait de charger l’hélium avant l’oxygène n’aurait pas créé ce problème.
Bref, space is hard.