Hop, un thread pour faire connaître une série un peu méconnue dans nos contrées.
Tranchant avec les enquêtes sous amphétamines d’un Vic Mackey, ou avec l’hollywoodisme (je néologise si je veux) des productions Bruckheimer qui inondent nos petits écrans, The Wire (Sur Ecoute en VF) joue sur un tout autre tableau, celui de l’authenticité.
Vous l’aurez deviné, The Wire est une série policière, une de plus diront certains. Oui, sauf que l’originalité de cette série produite par HBO, c’est de proposer une enquête complète par saison de 12-13 épisodes, et vue aussi bien du côté bad guy que du côté des défenseurs de la veuve et de l’orphelin, sans pour autant tomber dans le manichéisme primaire. Bon nombre de personnages que l’on côtoie (et il y en a des tas) sont profondément humains et agissent dans le respect des valeurs qui règnent de leur côté de la barrière, tout en ayant souvent à se démener avec une hiérarchie qui n’hésitera pas, pour son propre intérêt, à leur mettre des bâtons dans les roues. A mille lieues des héros Colgate que l’on croise bien souvent dans d’autres séries américaines, c’est en grande partie sur les relations complexes qui lient et délient ces personnages que se construit The Wire.
Cette relative complexité est d’ailleurs à mon sens l’une des plus grande qualités de la série. Le spectateur, bien que placé dans une position omnisciente du fait qu’il sait en permanence ce que prépare chaque camp, n’a pour autant de loin pas toutes les cartes en main. Il faudra en effet parfois plusieurs épisodes pour que certains détails apparemment sans importance trouvent une explication, bouleversant les rapports de force entre personnages, ou offrant un développement scénaristique inattendu. Forcé de collecter petit-à-petit les pièces d’un puzzle dans lequel il est plongé brutalement dès le premier épisode, le spectateur a en quelque sorte le sentiment de participer à l’enquête, et c’est certainement l’un des aspects les plus jubilatoires de la série.
Allant de pair avec l’authenticité recherchée par les producteurs et scénaristes (dont certains sont d’anciens policiers), The Wire mise avant tout sur le réalisme des situations et le quotidien de ses protagonistes, et aucunement sur l’action pétaradante ou les zooms de folie façon 24 ou The Shield. Les amateurs de séries dynamiques pourront pester sur l’apparente nonchalance de l’ensemble, mais ceux qui apprécient les enquêtes à l’ancienne, sentant la rue et les vieux dossiers plutôt que la poudre, devraient assurément y trouver leur compte. The Wire est définitivement une série qui s’apprécie sur la longueur, pas une série que l’on sort pour épater la gallerie avec un épisode coup-de-poing, mais que l’on se réserve plutôt jalousement comme on le ferait avec un bon roman.
N’insistez pas, je ne dévoilerai aucune miette du scénario, ni de la saison 1 que j’ai vue en intégralité, ni de la saison 2 que je savoure en ce moment même, afin que ceux qui auront peut-être maintenant l’envie de guetter cette série lorsqu’elle sera (re)diffusée puissent la découvrir de A à Z. Profitons-en pendant qu’il en est encore temps, la série a eu du mal à décrocher sa quatrième saison aux States (du fait d’une audience un peu plus restreinte), il y a donc bien des chances que la prochaine enquête, prévue pour cette année, soit la dernière.