[quote]Les gens se protègent comme ça je pense, en se persuadant que c’est banal…[/quote]Les gens se protègent en prenant un recul nécessaire, en mettant un écran entre leur vie et celles des autres, mais pas en se persuadant que c’est banal !
Que cela soit les médécins dans les hopitaux en Europe ou les O.N.G. sur le terrain, ils sont 10.000 fois plus impliqués que nous mais eux aussi prennent du recul.
Il y a énormément d’horreurs sur terre mais il n’y a pas que cela. Est-ce que quelqu’un qui ne pleure pas devant un reportage est pour autant insensible ? Je ne vois ce que cela apporte sur la valeur d’une personne ou d’une société qui ne pleure pas devant de telle reportage. Serions nous meilleures si nous pleurerions devant ces reportages et à partir de quel critère ?
[quote] Moi je voudrais juste signaler que le fait de montrer des images violentes à la télé (je parle des infos, qui parlent donc de réalité et non de fiction) est probablement d’intérêt public : ça évite de perdre pied et de tomber dans le rose bonbon :[/quote]Ce trop plein d’images violente banalise au contraire cette horreur. Depuis quand les images sont elles une preuve unique de véracité ?
[quote]L’hypersensibilité est un vrai problème, récent, de notre époque. Rendez-vous compte qu’il n’est pas normal d’être traumatisé par des images.
Aujourd’hui dès qu’il y a un accident on parle de cellules de soutien psychologique… Mais comment donc faisaient les humains pour supporter le décès de leur proches pendant les 2000 dernières années ? [/quote]Ah ben oui avant avec la peste noire et les guerres de religions on vivait la mort en bas de sa porte, c’était bien mieux.
Certes les gens étaient plus habitués à la mort. D’ailleurs vu le nombre de morts d’enfants en bas âge, on en faisait plus et on évitait de trop s’y attacher, ou tout au moins il n’y avait pas 2 enfants roi par famille comme maintenant. Qu’est-ce qui te fait croire que nos ancêtres supportaient mieux la mort et la violence que nous ?
En fait avant c’était bien mieux il n’y avait pas de médicaments et les gens les plus destabilisés restaient cassés à vie sans soutien psychologique, ou tout au moins mettaient 15 ans à s’en remettre au lieu de moins maintenant grâce au soutien psychologique.
[quote] De plus l’être humain a besoin de son quota de violence [pensez aux pétages de plomb des japonais]. Et si la télé en montre de plus en plus, c’est plutôt le (bon) signe qu’on n’en voit plus au quotidien (je veux dire, dans la rue, en sortant de chez soi…). Si la télé et le cinéma étaient aussi niais au milieu du siècle dernier, c’est parce que le quotidien des gens était beaucoup moins rose que ne l’est le nôtre.[/quote]Les paysans qui trucident les cochons, et les autres ruraux qui assistent à cela, sont effectivement habitués à la mort violente et s’étonne que les citadins tournent de l’oeil car ils ne sont plus habitués à celle-ci. C’est vrai. Mais est-ce que la violence est nécessaire à l’être humain ? Je ne vois vraiment pourquoi elle est nécessaire ?
Elle devient nécessaire, et c’est comme une soupape qui explose, si quelqu’un, ou un groupe, est soumis à une très forte pression.
[quote] Si la télé et le cinéma étaient aussi niais au milieu du siècle dernier, c’est parce que le quotidien des gens était beaucoup moins rose que ne l’est le nôtre.[/quote]C’est tout simplement car c’était la vue d’une seule classe sociale qui ne cotoyait pas la violence. Par contre malgré l’aspect comique de Charlot, au début du siècle pour le coup, il ne décrivait pas, que je sache, un monde rose-bonbon.
[quote] Donc bien que ce soit dans le but de faire de l’audimat (faut pas se leurrer), c’est normal et même nécessaire de voir les infos se durcir.
Voir des images de rébellion dans une dictature d’un pays d’Afrique avec un policier qui colle une balle dans la tête d’un manifestant à genou (donc “de sang-froid”), ça évite de pester contre un flic qui te colle une contravention le lendemain parce que tu t’es garé comme une merde.
(non, c’est pas du vécu
)[/quote]Je n’en vois pas l’interêt de voir ces images se durcir. Effectivement il faut quelque fois ces images mais je repète que l’image ce n’était pas de l’information a elle seule. Moi aussi j’ai vu le résultat brut et sans baches d’une bombe sur un marché tchechène dans un reportage, mais c’était un reportage de fond. En d’autre terme il faut équilibrer la place des images chocs par rapport au reste du reportage…surtout s’il ne dure que 3 minutes.
La réaction du type de France 2 qui répond “Mais c’est de l’info donc on la passe” est complètement fausse. Passer les images des avions sur le WTC c’est de l’info. Passer ces images en boucle c’est du n’importe quoi et ça banalise ces images.
En plus les journalistes se fond plaisir. Une belle blague c’est arrêt sur image (France 5). Ce n’est pas l’analyse des reportages par des journaliste pour des téléspectateurs mais l’analyse des reportages par des présentateurs pour des présentateurs. Une phrase qui m’a mis sur le cul “Comment ?! Mais il ne veut pas passer à télé ? Mais comment est-ce possible ?” (au sujet de garde d’enfants entre l’allemagne et la France). Même les reporters qui avait fait le reportage repositionnaient le sujet.
Donc je ne suis pas du tout d’accord avec l’importance exagerée des images sur le reste de l’information et de leur soi-disante nécessité à haute dose. En plus ce qui me gêne en disant qu’elles sont nécessaires; c’est que pour toi la télé serait un instrument volontaire pour faire partager aux téléspectateurs la vision d’un monde tel que certains le concoivent. Argl! Dans un reportage ou une info il y a en théorie la présentation objective de l’information et ensuite seulement une analyse politique. A chacun ensuite d’avoir son analyse politique.
edit:
Un autre problème de cet audimat sur la violence c’est l’absence d’équilibre des faits réels. Par exemple il y a un certain nombre de guerres civiles très graves et condamnables en Afrique. Mais est-ce que pour autant l’Afrique est complètement à feu et à sang ? non. Du temps où j’avais TV5 je voyais souvent des reportages sur l’afrique francophone qui n’avaient rien à voir avec la violence mais qui reflete aussi la réalité. C’est comme les reportages sur les banlieues.
Effectivement il y a un taux de chômage très élévé et beaucoup de violence, mais j’avais discuté avec un stagiaire qui habitait dans ces quartiers qui était attristé que la télé ne montrait quasiment uniquement que cette face des choses. D’ailleurs de ne montrer que des gens d’origine maghrebinnes violents, alors qu’il y en a plein qui travaillent honnêtement, est un des facteurs de la montée de certains partis extremistes.
(et un post fleuve, un
)
Ce message a été édité par phili_b le 16/01/2004