Aux sources d'Hypérion

Pour tous ceux que le cycle d’Hypérion et d’Endymion, de Dan Simmons, a enchantés, impossible de passer à côté de la référence appuyée que fait l’auteur à un jésuite visionnaire nommé Pierre Teilhard de Chardin.
Au cours de l’oeuvre de Simmons, un personnage devient même le Pape Teilhard Ier.

Je viens de terminer l’ouvrage de synthèse posthume de ce grand homme, qui aura vécu à cheval entre le XIXème et le XXème siècle. Il s’agit, à mon sens, d’un travail remarquable, longtemps fustigé par l’Eglise catholique, avant la réhabilitation opérée par Jean Paul II.

L’idée maîtresse de Teilhard de Chardin consiste à énoncer l’orientation de l’Evolution, depuis la formation d’agrégats de particules, atomes et molécules jusqu’à son aboutissement: l’Homme. Jusqu’ici, rien de très nouveau depuis Darwin.
Là où l’oeuvre prend une dimension nouvelle, c’est quand l’auteur établit la proposition de l’existence de formes de conscience ou de psyché, à tous les stades de l’évolution. Il y aurait un “dedans” des choses en plus de leur matérialité physique observable. On pourrait la tracer à rebours, depuis notre conscience humaine capable de réflexion sur elle même, jusqu’à la matière inerte. Ce type de théorie a conduit d’autres penseurs à avancer la thèse d’une conscience terrestre globale, parfois dénommée Demêter, parfois Gaïa (Cf. “Final Fantasy, les crétures de l’esprit”).
Teilhard de Chardin prédit ensuite l’émergence d’une “noosphère”, conscience globale tissant une trame consciente serrée entre tous les hommes, à mesure que la Pensée s’affirme comme force de cohésion entre les humains, à l’instar des forces physiques pour la matière.
Enfin, et l’on retrouve Simmons, l’Amour universel au sens chrétien est entendu comme une force agissante orientée vers l’avènement du “Point Oméga”, aboutissement de l’Evolution, concentration des personnalités au sein de la noosphère.

Ce qui force le respect, c’est que ce naturaliste, paléonthologue ayant vécu en Chine plus de 20 ans, enterré à New York, ait écrit cette oeuvre en 1928, pour mourir en 1955. Ses théories sont d’autant plus lumineuses qu’elles ont été élaborées avant la découverte de l’ADN, avant l’avènement des réseaux informatiques.

Teilhard de Chardin place l’avènement du point Oméga dans un futur éloigné, mais d’autres auteurs, comme Vernor Vinge ou Ray Kurzweil (dont j’ai présenté le dernier bouquin dans un précédent post), esquissent l’hypothèse d’une transformation beaucoup plus radicale à travers le concept de singularité, période proche au cours de laquelle intelligence artificielle, nanotechnologie, robotique et génétique fusionneront pour opérer un changement d’Age en un laps de temps extrêmement ramassé.

Le Phénomène humain, ou comment s’ouvrir l’esprit en 313 pages…

Très intéressant comme post, je met sur ma liste de trucs éveillants à lire au plus vite !

Si ce sujet t’intéresse et que tu n’avais pas lu mon précédent post, je te recommande encore plus chaudement la lecture du dernier bouquin de Ray Kurzweil, “The Singularity is Near”, qui a dû être traduit en Français, depuis le temps… B)

Oui merci pour ce post, ça fait plaisir de voir Chardin et Simmons cités dans un même post. Post de qualité qui plus est.
La noosphère n’est pas explicitement citée mais elle fait référence directe à un “espace” d’une nature similaire.

Les sources d’Hypérion sont nombreuses et éclatées (scientifique autant que littéraire). On pourra citer aussi John Keats, un poète romantique du XIXe dont une de ses oeuvre majeure, incomplète, est… Hypérion.

Un livre qui donne envie d’en lire d’autres, c’est un des charme de Simmons.

Tu as tout à fait raison. Je ne parle pas de Keats ici, pour des raisons évidentes, mais la lecture des Cantos m’a tellement remué à l’époque que j’ai cherché à connaître un peu plus les sources de Simmons. J’ai donc acquis un excellent opus des oeuvre de Keats en Anglais et Français (Sur l’aile du Phénix), avec des pages en vis-à-vis dans les deux langues.

Le poème ultime est pour moi, “From Endymion”, celui, cité dans Endymion, qui commence par:
A thing of beauty is a joy for ever
Its loveliness increases, it shall never
Pass into nothingness…

Du coup, en allant à l’abbaye de Westminster à Londres, en juin dernier, j’ai cherché comme un fou l’épitaphe de John Keats. Et la prochaine fois que je vais à Rome, je fais un pélerinage à la Piazza di Spagna pour voir la maison où il est mort, puis chercher sa tombe, sur laquelle il avait demandé qu’à ne soit inscrite que la seule phrase:
Here lies a man whose name was writ on water.”

[Soupirs]

Tiens en parlant du cycle d’Hypérion. Simmons parle à un moment d’une expérience scientifique de mini-programmes qui s’auto-amélioraient via un algorithme génétique. A une époque j’avais trouvé le site de la recherche mais je l’ai malheureusement perdue. Est-ce quelqu’un saurait où la retrouver?

quote=« Shiriu, post:1, topic: 45797 »
Ce type de théorie a conduit d’autres penseurs à avancer la thèse d’une conscience terrestre globale, parfois dénommée Demêter, parfois Gaïa (Cf. « Final Fantasy, les crétures de l’esprit »).
(…)[/quote]

hello Shiriu (et les autres bien sur…)

en parlant de Gaïa, James Lovelock (un grand de l’écologie) utilise ce nom pour désigner la Terre comme un être vivant à part entière… ce qui rejoint donc un peu Final Fantasy le Film.

une petite citation de wikipedia de l’article dédié à Lovelock :

[quote]Ses dons pour les découvertes aux conséquences lointaines lui permirent d’inventer un détecteur d’électrons qui peut tenir dans la paume de la main et grâce auquel on peut détecter des substances chimiques de fabrication humaine en doses infinitésimales.

À la fin des années 1950, cet appareil a été utilisé pour démontrer que presque tous les êtres vivants de la planète contenaient des résidus de pesticide, depuis les pingouins de l’Antarctique jusqu’au lait maternel aux États-Unis.

Ce sont ces observations qui fournirent à Rachel Carson les données de base de Silent Spring, le livre fondateur de la prise de conscience des questions écologiques et qui a été à l’origine de la campagne internationale pour l’interdiction du DDT.

À la fin des années 1960, Lovelock a fait le voyage du Royaume-Uni à l’Antarctique, où, grâce à son détecteur, il découvrit l’omniprésence des CFCs (chlorofluorocarbones), gaz de fabrication humaine qui s’attaquent à la couche d’ozone.

C’est cependant en tant qu’auteur, avec Lynn Margulis, de l’hypothèse Gaia, que Lovelock est le plus connu. Il a toutefois à plusieurs reprises protesté contre des interprétations jugées par lui abusives de sa théorie.

La Geological Society of London lui décerne la médaille Wollaston en 2006 pour la « création d’un champ d’études entièrement nouveau en sciences de la terre », la science du système Terre.[/quote]

Autre citation de Wikipedia, ce coup-ci sur l’Hypothèse Gaïa :

Il a ainsi écrit plusieurs bouquins sur ce thème, dont le dernier The Revenge of Gaïa ; Why the Earth Is Fighting Back - and How We Can Still Save Humanity que je dois lire bientôt.

Voilà, j’espère que cette petite parenthèse vous a aidé dans votre raisonnement ou tout simplemnt plut…

Doud, écolo-geek.

Edit : Hypérion, lu la semaine dernière, il me tarde de lire La Chute…

C’était dans quel tome ? (Hypérion ou la Chute d’Hypérion)
Parce que je ne vois pas trop.

Merci Ldoud. La référence à Gaïa chez Teilhard de Chardin est moins précise. Il mentionne explicitement la biosphère comme faisant partie intégrante des autres strates géologiques déjà identifiées, mais ne s’étend pas outre mesure sur le sujet. Il insiste plus sur la notion de noosphère, cet enroulement de l’évolution sur elle-même, à travers son aboutissement ultime: l’Homme doué de la Réflexion.

J’aime particulièrement cette idée moniste (unificatrice) selon laquelle l’Homme ne se positionnerait pas en dehors, au-delà ou en dépit de l’Evolution, mais en constituterait l’émergence consciente, le bourgeon pensant, une étape décisive vers une transcendance ultérieure.

Et dans l’une de ses pages que je trouve particulièrement belle, il identifie le concept d’Amour universel au frémissement de l’âme face à toutes ses semblables unies en la noosphère: “la parcelle disjointe qui frémit à l’approche du reste”.

Et heureux sois-tu, qui commences ce cycle Hypérion/Endymion. Il n’a pas plu à tout le monde, mais si tu as terminé, Hypérion, c’est que le style et la forme du récit ne t’ont pas rebuté. Personnellement, c’est Endymion et l’Eveil d’Endymion qui m’ont littéralement saisi.

Enjoy! B)

Hey, merci pour le topo, avec moi ca fait un de plus à qui tu as donné envie de regarder dans la direction de Teilhard de Chardin. Même si le concept de noosphere paraît un poil trop cosmique pour notre epoque, c’est noté.
D’ailleurs toutes ces references que je n’avais pas vu me font encore plus penser que Simmons est un synthétiseur de génie. Quel enfoiré ce simmons, il est cultivé et il sait ecrire B)

Simmons développe aussi l’idée de Gaïa dans une excellente nouvelle parue dans le recueil Le Styx coule à l’Envers (titre de sa toute première nouvelle publiée qui l’a fait découvert et à la fois consacré : répéré par Harlan Ellison, il publie la nouvelle dans le Twillight Zone Magazine qui organisait un concours d’auteurs non publiés et Simmons le remporte).

Cette nouvelle c’est Mes Copsa Mica (Copsa Mica, une petite ville roumaine surpollué qui a choqué l’auteur) : une suite de petits textes autour de l’écologie et de Gaïa, en tant qu’entité vivante, les humains en étant le cancer qu’“elle” cherche à se débarasser.

On est loin de l’humanisme (très proche des Lumières) de Chardin mais l’idée principale est la même, excepté que l’homme et la Terre n’ont en commun que la vie. Sauf que l’un parasite l’autre de ses ressources voire même de sa propre vie en allant même jusqu’à menacer son existence même. Et malgré le fait que Gaïa est menacée, les hommes continuent à l’exploiter, menaçant leur propre survie également. Et cela a un rythme effréné (compte tenu de l’âge de Gaïa), sans réel but, si ce n’est leur propre mort.

Le parallèle avec le cancer trouve de nombreux points de comparaison.

C’est une vision pessimiste -ou réaliste, tout dépend du point de vue- mais elle est surtout effrayante. Car s’il existe un point Omega (qui n’est qu’une analogie mathématique de l’évolution humaine, et plus particulièrement des suites : convergence, divergence et constance) il existe aussi une divergence qui peut mener au chaos.

Voilà, lisez cette nouvelle, elle remue le ciboulot B)

[quote=“doumdoum, post:10, topic: 45797”]Hey, merci pour le topo, avec moi ca fait un de plus à qui tu as donné envie de regarder dans la direction de Teilhard de Chardin. Même si le concept de noosphere paraît un poil trop cosmique pour notre epoque, c’est noté.
D’ailleurs toutes ces references que je n’avais pas vu me font encore plus penser que Simmons est un synthétiseur de génie. Quel enfoiré ce simmons, il est cultivé et il sait ecrire B)[/quote]
La plus grande qualité que je lui reconnais est de bâtir ses romans à plusieurs niveaux de lecture:[ul]
[li]Hypérion/Endymion renvoient à Keats et son ami Joseph Severn, au Bouddhhisme, à Teilhard de Chardin et visiblement à quelques copains professeurs de physique, dont il se plaît à insérer des formules de vol dans Endymion;[/li][li]Shakespeare et Proust dans Illium (que j’ai adoré, sans avoir encore lu la suite).[/li][/ul]
La trame principale est suivie, l’action toujours présente, les personnages attachants, mais dans le même temps, Simmons parvient à établir un discours sur la qualité littéraire des oeuvres des auteurs sus-cités (Parallèle entre Shakespeare et Proust, apologie de Keats). Si ce n’est pas une marque de talent, je me retire des critères habituels et nourris esseulément une sincère admiration pour ce gars.

En revanche, je n’ai absolument pas réussi à dépasser les premières pages de l’Echiquier du mal

PS: Je suis un piètre initiateur de thread… J’étais censé parler de Pierre Teilhard de Chardin à l’origine!

[quote=“ghigis, post:8, topic: 45797”]C’était dans quel tome ? (Hypérion ou la Chute d’Hypérion)
Parce que je ne vois pas trop.[/quote]

C’est, je crois, dans la Chute d’Hypérion, là où il présente le réseau informatique qui leur permet de récupérer des informations sur tout et se téléporter.

Il explique que ces intelligences artificielles sont parties de ce projet et se sont tellement améliorée qu’elles ont développé une forme d’intelligence qui n’a cessé de grandir depuis.

Sans vouloir jouer les rabat-joies, je comprends que l’on puisse apprecier cette idee d’un point de vue artistique/mystique/religieux, voir en l’Homme l’aboutissement de l’Evolution est plus que discutable d’un point de vue scientifique. L’idee que l’Evolution a un sens (du plus simple au plus complexe, de l’inconscient au conscient) est fausse de l’avis de pas mal de biologistes (et ils ont de tres bons arguments), un bon bouquin la dessus : L’eventail de la vie de S. J. Gould.

Pareil, l’hypothese Gaia avec la terre comme un seul organisme qui regule ses besoins est pas des plus serieuses. Du moins certaines formes qui sous entendent des systemes de regulations « existant pour ce but » sont plus a voir d’un point de vue mystique qu’autre chose.

Faut pas oublier que Teilhard de Chardin était un jésuite, même si ses théories étaient très mal vues par l’église de l’époque, elles sont une sorte de réunification entre le darwinisme et le christianisme.
En très gros : l’évolution existe mais elle est une action divine plutôt qu’un phénomène aléatoire… C’est une question de foi, c’est vain de discuter là dessus.

C’est malheureusement parce qu’on ne discute pas la pertinence des croyances religieuses et/ou mystiques que celles-ci perdurent avec tous les mefaits qui vont avec (dixit Dawkins). Si quelqu’un te parle de therapie via la musique tu vas rapidement lui faire comprendre que c’est stupides, non verifiees et dangereux de telles idees par contre si quelqu’un te dit que ses croyances religieuses font qu’il pense que la priere a un effet therapeutique tu n’oseras rien dire… C’est un vrai probleme de societe (dixit dawkins toujours mais je suis d’accord, avec des nuances quand meme).

Bon par contre ce n’est surement pas le lieu pour en discuter, desole pour ce HS (et les bouquins de Simmons sont excellents).

[quote=“Macgyv, post:14, topic: 45797”]Sans vouloir jouer les rabat-joies, je comprends que l’on puisse apprecier cette idee d’un point de vue artistique/mystique/religieux, voir en l’Homme l’aboutissement de l’Evolution est plus que discutable d’un point de vue scientifique. L’idee que l’Evolution a un sens (du plus simple au plus complexe, de l’inconscient au conscient) est fausse de l’avis de pas mal de biologistes (et ils ont de tres bons arguments), un bon bouquin la dessus : L’eventail de la vie de S. J. Gould.

Pareil, l’hypothese Gaia avec la terre comme un seul organisme qui regule ses besoins est pas des plus serieuses. Du moins certaines formes qui sous entendent des systemes de regulations “existant pour ce but” sont plus a voir d’un point de vue mystique qu’autre chose.[/quote]
Je ne me place pas sur le seul terrain scientifique, car de même qu’au XVIème, tenir des propos allant à l’encontre du Dogme attirait des ennuis ou en écrire conduisait au mieux à les voir mis à l’Index des ouvrages interdits, aujourd’hui, le critère de scientificité oblitère toute autre approche. La Science est perçue comme seule vérité acceptable par le plus grand nombre, en oubliant tout de ses postulats de base:[ul]
[li]observation d’un phénomène: ce qui suppose qu’il soit observable et tout en sachant que depuis les écrits d’Einstein, toute observation varie en fonction de celui qui la mène et depuis Kant, que le lien sujet-objet renseigne tout autant sur le sujet que sur l’objet;[/li][li]caractère reproductible de l’expérience ou de l’observation;[/li][li]application d’un raisonnement hypothético déductif[/li][/ul]
Tu ne joue donc pas les rabat-joie. Ce qui est tenu pour vrai aujourd’hui répond à l’état de nos connaissances scientifiques sur un sujet et sur l’accord entre spécialistes de la communauté scientifique. Il ne préjuge pas de façon définitive de l’évolution de la recherche.

Quant à mon approche des travaux de Teilhard de Chardin, comme tu l’as bien compris, elle est d’ordre plus spirituelle que matérielle, à la sensible réserve près que je ne cherche pas à opposer Science et Spiritualité. Une même démarche de connaissance anime ces mondes, mais les objets d’études en demeurent simplement disjoints. Jusqu’à une plus grande compréhension du monde.

Et puis bon: la “validation” de la théorie de Darwin n’a pas deux siècles, celle de la relativité générale à peine 90 ans, le modèle du Big Bang et l’ADN 50 ans et 60 ans, la théorie du chaos encore moins… Que savons nous de notre savoir d’ici 20 ans et du regard porté alors sur l’état actuel de notre connaissance ?

Ne tombons pas d’un état d’aveuglement dogmatique à une autre forme de myopie…

[quote=“Macgyv, post:16, topic: 45797”]C’est malheureusement parce qu’on ne discute pas la pertinence des croyances religieuses et/ou mystiques que celles-ci perdurent avec tous les mefaits qui vont avec (dixit Dawkins). Si quelqu’un te parle de therapie via la musique tu vas rapidement lui faire comprendre que c’est stupides, non verifiees et dangereux de telles idees par contre si quelqu’un te dit que ses croyances religieuses font qu’il pense que la priere a un effet therapeutique tu n’oseras rien dire… C’est un vrai probleme de societe (dixit dawkins toujours mais je suis d’accord, avec des nuances quand meme).

Bon par contre ce n’est surement pas le lieu pour en discuter, desole pour ce HS (et les bouquins de Simmons sont excellents).[/quote]
À mon avis la science n’est pas faite pour prouver ou réfuter des croyances religieuses ou superstitions et il faut être très prudent quand on se lance sur ce terrain. L’inverse est tout aussi vrai d’ailleurs : chercher à comprendre le monde par l’intermédiaire d’une religion risque de mener à des conclusions biaisées. En bref les croyances et les théories scientifiques ne font pas bon ménage. Attention je ne dis pas qu’il ne faut jamais les mélanger, mais simplement qu’il faut être deux fois plus objectif que d’habitude : à la fois par rapport aux faits scientifiques et par rapport à sa foi, ce qui est loin d’être facile.

Pour en revenir au sujet, je mettais juste le doigt sur le fait que Teilhard de Chardin cherchait à mélanger justement la foi chrétienne avec la théorie de l’évolution. Du coup on a une nouvelle théorie qui est non prouvée et peut être même non prouvable (c’est français ce mot ? B)), donc mieux vaut éviter de la prendre au pied de la lettre. Par contre c’est un bon sujet de réflexion et c’est déjà pas mal B)

Ses écrits me donnent de la nourriture pour l’esprit, des problématiques pour la réflexion et c’est bien tout ce que je demande. Un amas de connaissances nouvelles à apprendre par coeur ne m’enrichira jamais autant que la satisfaction d’avoir découvert une idée nouvelle, pénétré un système de pensée novateur.

@Shiriu

De maniere generale je ne suis pas d’accord, si la Science etla Spiritualite cherche a approfondiur les connaissances humaines on peut et on doit confronter leurs expliquations du monde. Connaitre quelque chose (objet/systeme/phenomene) c’est a la fois etre capable de la decrire mais aussi etre capable de predire un certain nombre de trucs sur cette chose. Et la, la Science fait un meilleur job que les religions et assimiles.

De maniere plus precise des que Theilhard de Chardin ecrit que l’Homme est l’aboutissement de l’Evolution il rentre directement dans le domaine scientifique, donc on a tout les droits de lui « rentrer dans le lard » sur ce meme plan scientifique.

Or (je fais vite, pour de bien meilleurs develloppements des arguments suivants lisez L’eventail de la vie de S. J. Gould) :
L’idee que l’Homme est l’aboutissement de l’Evolution presuppose que l’Evolution a un sens, au premier coup d’oeil ceci peut sembler evident : la vie est d’abord apparue sous une/des forme(s) simple et ensuite des formes bien plus complexes sont apparues. Cependant vu que les premieres formes de vie etaient les plus basiques possible, une evolution de ces formes ne pouvaient aller que vers la complexification. Cependant une fois que des formes complexes existent deux possibilites existent :

  • l’evolution va dans le sens de la complexite et seules des formes de plus en plus complexes vont apparaitres.
  • l’evolution n’a aucun sens et certaines des formes complexes devraient evoluer vers une simplification : c’est effectivement le cas, de nombreux parasites ont perdus tout un tas de proprietes/organes que leurs cousins non-parasites possedent de meme que leurs ancetres communs.
    CQFD, l’evolution n’a pas de sens. L’Homme n’est pas l’aboutissement d’une evolution dirigee ou planifiee, il est juste le resultat d’une branche de l’evolution des organismes vivants sur Terre.

Comme tu l’ecris plus loin la Science ne creet pas de dogmes, a l’inverse des religions et assimiles qui ne sont que dogmes. Les theories scientifiques sont discutees, critiquees et ne sont considerees justes uniquement si elles permettent d’expliquer le monde tel qu’on l’observe et si elles permettent de faire des predictions verifiables. Une fois que ce n’est plus le cas elles sont abandonnees et remplacees.
Neanmoins, si certaines theories/hypothese ne tiennent pas plus d’un quuart d’heure au sein des labos d’autres sont suffisamment abouties et elegantes pour que l’on puisse declarer qu’il y a de bonnes chances que le monde fonctionne effectivement en accord avec elles. Typiquement a l’echelle humaine on peut certainement admettre sans prendre de risques que la gravite est une force capitale et qu’elle fait tomber les objets vers le sol quand on est sur Terre.
La Science ne declare pas non plus detenir la verite, elle tente d’expliquer le monde et ue fois de plus je ne connais aucun cas ou une expliquation spirituelle fait un meilleur job que la Science.

[quote]en oubliant tout de ses postulats de base:[ul]
[li]observation d’un phénomène: ce qui suppose qu’il soit observable et tout en sachant que depuis les écrits d’Einstein, toute observation varie en fonction de celui qui la mène et depuis Kant, que le lien sujet-objet renseigne tout autant sur le sujet que sur l’objet;[/quote][/li][/ul]Il ya de moins en moins de choses que l’on ne peut observer directement ou indirectement. De plus la science travaille parfois sur des objets non observables. Les differents travaux d’Einstein predisaient l’existence de tout un tas de particules qui n’etaient pas observables (certaines ne l’ont toujours pas ete) cela n’a pas empeche les physiciens de bosser a partir des theroies d’einstein.
Certaines observations ne varient pas en fonction de la personne qui les font, c’est meme une des bases de la reproducibilite de la Science. Quand a la citation de kant elle perd beaucoup de sa valeur si l’on parle de l’observation d’objets ou d’organismes vivants non conscients.

C’est une des principales qualites de la Science, je ne vois pas qulle critique on peut faire a ce critere.

idem

Et ? Les 100 dernieres annees ont ete les plus riches, secinetifiquement parlant, que l’humanite a connu. A part sur la therorie du Big Bang (une seule parmi d’autres d’ailleurs) qi s’attachnata decrire un evenement unique pose des problemes evidents pour etre testees les autres theories que tu cites sont plutot robustes. Je vais plus m’attacher aux biologiques vu que c’est mon domaine.

La « validation » de la theorie de Darwin : je suis desole mais tes guillemets m’herissent le poil, l’idee que les etres vivants evoluent grace a la selection naturelle est surement une des idees les plus belles, elegantes et puissantes qui existent. Si on discute encore (et surement pendant longtemps) des processus exacts qui permettent cette evolution son existence meme ainsi que celle de la selection naturelle sont acceptees simplement car elles sont evidentes une fois comprises. A la fois simple et complexe elles permettent d’expliquer et de predire le monde vivant d’une maniere jamais egalee :

  • Les etres vivants evoluent : toute l’histoire de la domestication le prouve, de meme que l’on a fait evoluer des bacteries en laboratoire (perte ou gains de fonctions).
  • Ils le font via une selection de variants parmi les populations, les variations apparaissent car la replication des etres vivants fait des erreurs : idem on le verifie tous les jours en laboratoire ou sur le terrain.

Il me faudrait des centaines de pages pour donner tous les arguments en faveur de l’evolution des teres vivants par la selection naturelle, je ne peux que te conseiller de lire S. J. Gould pour te convaincre. Il est vraiment dommage que cette theorie ne sot pas mieux enseignee a l’ecole/college/lycee car il faut du temps pour la comprendre reellement mais une fois ceci fait son evidence est claire.

L’ADN n’a peut-etre ete mis en evidence recemment c’est neanmoins un objet visible (a l’oeil nu si tu en as suffisamment), le fait qu’il represente un des principaux vecteurs de l’information genetique a ete demontre de maniere elegante et definitive.

La science n’est pas myopie, elle se remet en question au jour le jour, si certaines theories ne sont plus discutees (de maniere serieuse et par des gens objectifs) c’est qu’elles sont tellement robustes qu’elles ne peuvent qu’etre justes (l’evolution en fait partie).

Franchement, lis Gould, Dawkins, et d’autres biologistes (dont une nana dont le nom m’echappe qui a ecrit mere nature) et tu verras que la science ce n’est pas un amas de connaissance a apprendre par coeur. C’est meme pratiquement l’inverse, c’est un questionnement sans fin et la construction d’expliquations du monde qui recelle une beaute et une elegance incroyable.

@Tiennos
J’ai longtemps pense la meme chose, comme la majorite des occidentaux vu que c’est la methode de defense des religions et assimiles qui a infiltree nos societes. La lecture de The God’s Delusion (Dawkins, je precise je suis pas d’accord a 100% avec tout le bouquin) m’a ouvert les yeux sur ce sujet. Il est dangereux de ne pas raisonner sur les superstitions et croyances uniquement car ceux qui les professent declarent qu’ils « travailent/disutent » a un autre niveau. Ils ne se genent pas pour remettre en cause les idees scientifiques, ne nous genons pas pour demontrer qu’ils ne professent qu’un amas de sottises.
Le gars qui t’explique qu’il est contre la vaccination car c’est contre les idees vehiculees par sa religion est un danger pour la societe, de meme que celui qui declare que les femmes doivent etre excisees, que celui qui pense que la priere guerit et pas la medecine.