À ma connaissance @binnie, l’auteure du message initiale, n’est pas chercheuse, mais elle répond bien à cette question:
Pour revenir à mon propre ressenti face au masculin neutre, quand je lis ou entends «les programmeurs» je ne me sens ni invisible, ni exclue. Je suis un programmeur, et avec ce seul terme, je suis complètement appelée. Mon genre n’a pas besoin d’apparaître dans cette profession pour qu’elle fasse partie de moi, pour que je fasse partie d’elle, pour que nous soyons associées. Elle n’a pas de genre, en réalité. Un programmeur, dans mon esprit, c’est un individu occupé à réfléchir devant un écran, à réindenter son code, à utiliser son clavier ; c’est une personne générique, non genrée, qui pourra s’instancier à tout moment en programmeur femme, en programmeur homme, ou en programmeur autre, dès lors que sa caractérisation sera prolongée dans le but de lui donner un genre —ce qui n’est pas tenu d’arriver—.
En fait c’est la réalité des gens occupant telle ou telle fonction qui en changera la représentation. Je crois qu’il y a maintenant un peu plus de femmes médecin. C’est comme les profs d’équitation: un métier qui était typiquement masculin et même militaire, et maintenant dans une très grande majorité occupée par des femmes, et donc la représentation qu’on se fait est souvent une femme.
D’ailleurs dans sa phrase il y a un mot marrant involontairement: « La personne » qui peut déstabiliser quelques secondes un homme écrivant une phrase, ou voulant parler d’autres hommes, il doit accorder tout au féminin
De toute façon même si c’est positif pour la représentation, ça ne remet pas en cause tout ce qui été discutée au dessus à savoir, truc d’intellos, certains pays sans grammaire genrée sont les plus réactionnaires qui puissent exister, et que ça ne forge les comportements sociaux qu’à la marge, en tout cas pas chez ceux fermés d’esprit.
Après je ne suis pas contre l’utilisation de mots épicènes quand c’est nécessaire ou de la forme elles et ils, mais c’est la généralisation dogmatique qui me gène quand c’est parsemé 20 fois dans un même texte, alors qu’on a bien précisé qu’on parle de femmes et d’hommes au début du texte. Par exemple dans un livre on peut employer à chaque début de partie le rappel qu’on parle de femmes et d’hommes, mais après ça devient lourdingue de le rappeler à toutes les phrases.
Pour moi on peut parler d’une programmeuse quand on parle d’un cas particulier d’une femme programmeuse, car rien ne s’oppose à ce nom féminisée, mais on peut aussi parler des programmeurs en général, sauf pourquoi pas à l’introduction d’un colloque en utilisant la forme elles et ils. Une doctoresse ça fonctionne. Mais une médécine non.