Entre les murs, de Laurent Cantet, soit la Palme d’Or du Festival de Cannes 2008, est aussi la première Palme d’Or décernée à un film français depuis plus de vingt ans. C’était la minute “trivia”.
Le film raconte une année de la vie d’une classe de 4ème dans un collège dit difficile vue à travers les yeux de François, un jeune professeur de français qui aime aller chercher ses élèves là où ça fait mal pour les stimuler (le synopsis complet sur allociné).
Un film que toute la presse acclame, ou presque, mais qui a pourtant quelques raisons pour créer une polémique, notamment au sein du monde de l’éducation. Ainsi, ils sembleraient qu’une poignée d’enseignants interrogés auraient déclarés que la situation est telle qu’elle est décrite dans le film parce que l’enseignant ne sait tout simplement pas tenir sa classe.
Vrai ou pas, peu importe, et le film ne s’attarde pas sur la question. Pas question de pointer tel ou tel manquement, Laurent Cantet, à travers l’adaptation du livre de François Bégaudeau, dresse un portrait global où chacun a ses failles, tant du côté des élèves que du monde enseignant. Il dresse un constat, parfois dur, de ce que à quoi la vie d’une classe d’aujourd’hui peut ressembler. Telle La République de Platon, des questions sont posées et le doute est créé. Faut-il avoir peur ?
On pourrait. Le film est saisissant de vérité. A travers l’utilisation d’adolescents comme comédiens non-professionnels (tous parfaits), Laurent Cantet fait passer de réelles émotions, choque et invite à un voyage entre quatre murs. Entre fiction et documentaire, on hésite. Pas de musique ici par exemple. Mais des personnages parfois un peu forcés pour appuyer le propos. Forcés ? Et s’ils ne l’étaient pas ?
Le film invite-t-il à une prise de conscience ? Je ne sais pas. On est loin d’une prise de tête, le film passe ses deux heures de manière très agréable. Mais ce qu’il montre… Moi, ça me rends inquiet. Inquiet pour l’avenir de ces jeunes, l’avenir de l’éducation, l’avenir de tous au final. Le film est prenant par les sujets qu’il aborde, tant dans le fond que dans la forme (vraiment des échanges verbaux étonnants), sans oublier les perspectives de futur qu’il laisse imaginer. De l’orthographe, de la grammaire, des maths ou de l’histoire géo, que restera-t-il si les enfants s’en désintéressent ?
Au passage, oui, je vous le conseille.