[Critique]Valse avec Bashir

A peine consciemment, je met le Proche-Orient au coeur de mes dernières sorties ciné. Après Les Citronniers, très belles histoire sur le verger d’une femme palestinienne qui à la “mauvaise idée” d’avoir pour voisin le ministre de l’Intérieur israëlien, j’ai pris in-extremis un ticket pour l’avant première de Valse avec Bashir hier soir.

À la fois documentaire et film d’animation ce film israëlien, en compétition à Cannes, prend le pari assez original de relater l’enquête du réalisateur à travers un traitement visuel qui commence par dérouter. Difficile à décrire, le style visuel du film ne plaira pas à tout le monde. Il donne parfois l’impression de se trouver face à des marionettes de papier donc ne vous attendez pas à de l’animation super chiadée et à des mouvements d’une fluidité rare. Passé un premier quart d’heure on est de toute façon très vite haper par le propos.

La minute topic: Valse avec Bashir raconte l’histoire vraie d’un homme à la recherche de sa mémoire. Cet homme, c’est Ari Folman, le réalisateur; cette mémoire, c’est celle de la guerre des camps, conflit complex qui ensenglenta le Liban dans les années 80 et auquel les forces Israëliennes prirent part, soutenant les factions chrétiennes. Alors très jeune, Ari sort du conflit traumatisé. En 2006, année lors de laquelle se déroule le film, il souffre d’une amnésie partielle et a occulté toute l’expérience qu’il a eu au Liban en tant que soldat du Tsahal. Le film commence lorsqu’à la suite d’une conversation avec un ami un flash du Liban lui revient. Partant de ces images dérangeantes il va tenter de “reconstruire” sa mémoire en faisant appel à des témoins.

Deux thématiques principales: la mémoire; la responsabilité. Le film les adressede façon prodigieuse, on tiens là une perle. Perle noire parce que les différents témoignages font ressurgir des moments durs, atroces même puisqu’il est question des tristement célèbres massacre de Sabra et Shatila. Le film est dense, chaque témoin y allant de son expérience de la guerre: le “faible” qui n’avait pour ordre que de tirer sur les chiens afin de les empêcher d’alerter les villageois, le pereux qui se réfugie dans le délire, le “dur” dont le coup de folie donne son nom au film…

La mise en scène réussie compense les lacunes de l’animation et la bande-son est exceptionnelle. Pour moi c’est un des éléments forts du film, cet emballage sonore toujours en parfaite adéquation avec ce que l’on voit, du grand travail à ce niveau là (la fameuse “valse”…). Du cinéma intelligent, qui parvient à être introspectif tout en traitant d’un sujet d’actualité et à la réalisation originale… Une recommandation avant d’entrer dans la salle: n’oubliez pas de brancher vos cerveaux!

J’ai vu 2/3 reportages sur ce film, et j’avais une folle envie d’aller le voir. Tu as confirmé mon envie.

/me appelle son compagnon de cinema :
WIIIIIIIINNNNNNNNNNNNYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYYY…

Beaucoup aimé. Le graphisme est bluffant, plus que ça, l’animation est saisissante, on à l’impression, pendant les entretiens que la scène a d’abord été filmée et ensuite redessinée avec mimiques, gestuelle, hésitation dans le parlé. Si ce n’est pas le cas, big bravo. Le sujet est intéressant, dur, sale et déprimant mais c’est superbement mise en image, beau, intimiste. C’est très très bien mis en musique. Belle BO. Beau film. Sale sujet mais tellement central dans nos vies de “concernés par la merde du monde”.

La guerre c’est moche et l’identité juive est décidément tortueuse. Tout en sachant le sujet largement tabou, difficile d’éviter la réalité du génocide. Un avis qui refusera le possible débat impulsif : il faut qu’ils, juifs et peuple d’israel, le mettent derrière eux, ce drame, qu’ils arrêtent de tout faire tourner autour. C’est tout sauf libérateur et helpfull. L’oublier, jamais, j’espère que personne ne m’imagine tendre vers cette idée, mais essayer de le digérer. Parce que la banalisation, je semble l’entendre et la lire, et il faut pas.

Vu en même temps que “In Bruges”, et effectivement, très bel exercice de style. Certaines séquences sont vraiment très belles (dommage que celle des soldats dans l’eau nous soit montrée trois fois par contre). Cependant, et c’est là que je réalise ma relative ignorance en ce qui concerne le conflit Israëlo-Palestinien-Libanais, j’ai eu beaucoup de mal à comprendre qui était dans quel camp et quels étaient leurs objectifs: les phalangistes? les palestiniens dans les camps? Enfin le bon point c’est que ça m’a donné envie de me jeter sur Wikipédia pour en apprendre un peu plus. Ah et j’ai trouvé que les phases de dialogues ne rendaient pas toujours très bien avec le style d’animation choisi, mais ça n’engage que moi.

Et à la fin du film, quand l’animation cède la place aux images d’archives, il régnait dans la salle de ciné (presque pleine) un silence de mort comme rarement j’en avais entendu. J’avais l’impression que les gens se retenaient de respirer, d’éternuer, de dégluttir… plutôt marquant.

Yep on va se faire ça.
faut se fixer une date avant qu’il ne disparaisse des écrans.

Je confirme tout ce qui a été dit au-dessus. Vraiment beau, vraiment bien traité, vraiment dur. Un très bon film !

Triple claque, visuelle, sonore (j’ai trouvé la BO exceptionnelle) et émotionnelle.

A m’en rappeler le premier visionnage de The Wall quand j’étais gamin. Même si les deux films n’ont pas grand chose à voir.

A l’inverse de garuffo je ne crois pas aux lacunes dans l’animation, mais plutôt à un choix esthétique et artistique.