Empreinte carbone du numérique ( et autre considérations écologiques à l'aune du savoir dispo en 2019)

Le contrôle de la natalité c’est à double tranchant. Historiquement une politique nataliste c’est une condition indispensable d’indépendance : il faut des soldats pour faire la guerre. C’est une des grosses problématiques de la Russie qui se retrouve avec une population en déclin. Cf. les analyses d’Emmanuel Todd notamment sur les effets démographiques sur la situation géopolitique :

  • constat : là où le niveau de vie monte, les femmes s’émancipent (elles ont accès à l’éducation et à la contraception en particulier), et la natalité chute ;
  • hypothèse réciproque de Todd : là où le niveau de vie chute, il y a un recul du droit et de l’éducation des femmes, et la natalité remonte.

Il pense donc que la natalité et le niveau de vie sont inversement corrélés, avec comme facteur commun la situation des femmes. S’il a raison, une politique de contrôle des naissances est une politique par nature non seulement décroissante, mais aussi dangereuse pour les Droits de l’Homme (et surtout des femmes).

Ça ne veut pas dire que les anti-natalistes sont fous pour autant. Tout dépend de la politique qu’on veut mener si on est anti-nataliste. Si l’idée c’est d’interdire aux gens d’avoir des enfants, cf. ci-dessus, c’est assez peu convaincant. Mais si l’idée c’est d’augmenter significativement les droits des femmes, avec comme premier objectif leur émancipation, pour un deuxième effet kisscool de chute de la natalité, alors là perso je trouve que ça n’est pas une mauvaise idée.

Mais c’est globalement le changement inverse qu’on constate dans le monde en ce moment. Avec la crispation économique vient la tentation de réduire les droits de femmes et d’avoir une politique nataliste. L’intégrisme religieux suit un peu le même schéma, et les deux ne sont pas sans lien…

Ca se contredit pas ?

Sinon tout chaud sorti du four ( aujourd’hui )

http://www.epe-asso.org/zen-2050-imaginer-et-construire-une-france-neutre-en-carbone-mai-2019/

Le mécanisme est le même, mais la boucle de rétro-action ne fonctionne pas de la même manière.

Dans le cas de l’émancipation, dans une population qui est déjà un peu à l’abri, le contrôle de la natalité via la contraception permet l’augmentation du niveau de vie (moins d’enfants à charge = plus de ressources par personne). C’est une boucle de rétroaction plutôt vertueuse, grâce aux progrès de la médecine, et à l’éducation des femmes.

Dans le cas d’une politique de contrôle des naissances sans distinction, une population très rurale ayant peu accès aux progrès de la médecine et à la contraception se retrouve très pénalisée. Dans un contexte où le travail des enfants est nécessaire à la survie de la famille, ou bien quand la mortalité infantile n’a pas encore diminué, la boucle de rétro-action accentue les problèmes.

Selon les hypothèses de l’étude, la France pourrait doubler
la capacité de ses puits de carbone jusqu’à absorber
100 MtCO2eq(2) en 2050. Parallèlement, elle diminuerait
ses émissions de 80%, soit 4% à 5% par an et diviserait
par deux la consommation d’énergie finale pour parvenir
ainsi à l’équilibre.

Jancovici dans sa dernière audition à l’AN parlait d’une division par 7 de l’empreinte carbone pour arriver à la neutralité énergétique. Il soulignait à quel point c’est ambitieux. Ici ils sont plus optimistes et disent qu’il faut diviser par 5, en imaginant une meilleure captation du carbone.

Dans les deux cas je ne vois pas la population entière accepter de réduire aussi drastiquement et aussi vite ses émissions, à part les gens les plus engagés. Quand on voit que déjà pour 10km/h de moins sur les routes ça déclenche des réactions épidermiques… On est loin de seulement 20% de réticents.

En résumé, plusieurs articles ont relayé depuis 2017 les conclusions d’une étude disant que pour réduire efficacement (et individuellement) son empreinte énergétique le meilleur moyen était de ne pas faire d’enfant (Wynes et Nicholas 2017).

Mais ces suggestions, et l’étude en elle-même posent plusieurs problèmes :

  • Ils partent du principe que pour respecter l’objectif des 2°C de réchauffement (COP21) des mesures doivent être prises. C’est déjà mal barré étant donné que pour les 2°C c’est trop tard. Si demain on arrêtait toutes les émissions carbonnes, les 2°C serait atteint dans les 50 prochaines années. C’est con de commencer une étude sur un truc erroné.

  • L’étude met l’accent sur les comportement des individus. L’individu c’est comme LE peuple, ça n’existe pas. C’est une invention du post-modernisme. D’un point de vue psycho/socioyologique, faudrait voir à arrêter l’auto-flagellation et la culpabilisation.
    Les 100 plus grosses entreprises sont responsables de 71% (Griffin 2017) des émissions de CO2. Avant de se culpabiliser concernant le recyclage ou la natalité faut peut-être commencer par là. C’est même votre ancien ministre qui le dit.

  • Dans l’étude la comparaison se limite aux pays “développés”. Un bébé occidentale a une empreinte carbone je pense 20x supérieur à un bébé au Mozambique, un poil ethnocentré donc.

D’un point de vue écologique/durabiliste ça peut être considéré comme une solution.
Si plus personne (j’exagère exprès hein) ne fait d’enfant c’est nickel parce qu’on aura pas à overshoot encore plus les capacités de la terre.

Enfin tout ça pour dire que le fond du problème c’est pas la natalité. Si des gens ne veulent pas faire d’enfant, ok très bien. Mais pas besoin de le justifier/intérioriser en invoquant des raisons écologique.

1er vrai problème :

  • Le paradigme socio-économique dans lequel on est. On veut de la croissance sur la base de ressources finies (voir Meda 2013) (il faut être économiste pour croire que ça pose aucun problème)… On veut faire du développement durable mais sans impacter l’économie. C’est marqué noir sur blanc dans la charte de l’ONU sur le dev. durable (j’irai la chercher si quelqu’un veut y jeter un coup d’oeil).

2ème problème

  • On voit la nature comme un moyen pour arriver à une fin. On - l’être humain - s’est totalement déconnecté de la nature à tel point qu’on pense ne plus en faire partie et c’est pour ça qu’on continue à le détruire (Shepard 1969).

PS : désolé j’ai recommencé mon post après avoir lu l’étude en question.
PS2 : je corrigerai les fautes plus tard.

Associe toi à @Bussiere :stuck_out_tongue:

(Désolé, je passais par là, continuez votre conversation passionnante - et ceci est dit sans ironie aucune, il y a bien matière à reflexion sur le sujet)

Tiens est ce qu’on a une idée de l’empreinte carbone d’un émail stocker chez Google?

On évite de trop poster sur les forums? On se demande si, par exemple, un post dans un topic juste pour avoir raison est nécessaire?
Enfin, des trucs simples quoi…
(3g de CO2 ont à priori été émis pour poster ce message.)

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Le sujet est intéressant.

Pour ma part, j’essaie de solliciter le moins possible Internet (fermer les onglets inutiles par ex) ou de ne pas laisser mon PC tourner inutilement (en le mettant en veille si je m’absente peu de temps). Et je ne le laisse jamais tourner la nuit (ou alors c’est vraiment exceptionnel). Ce sont des petits gestes certes, mais c’est mieux que rien.

Je me demande si il existe des applications qui mesurent l’empreinte carbone “émise” de son pc (et qui donnent des conseils pour la baisser). Je pense que ça aiderait les gens à être plus vigilants.

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C’est vrai que des efforts doivent être fait par tout à chacun, mais (je n’ai pas encore vu vos vidéos et liens, je lirais ça, ça m’a l’air intéressant), il y a quand même beaucoup de choses à faire je pense du côté des industries et du transport, que ce soit niveau camion ou bateau.

Après y’a aussi quand même un changement de comportement de surconsommation. Quand on voit la course effrénée au changement de mobile, ou de fringue qu’on essaye de nous faire acheter avec des collections qui changent tous les 2 mois…

Éteindre son pc ou sa box la nuit, c’est bien, mais j’ai des doutes sur l’efficacité comparé à ce qu’on peut faire à certains niveaux. Ca me fait un peu penser au parallèle économique avec l’austérité et les effort qu’on demande de faire comparé à l’évasion fiscale et les optimisations dans tous les sens au lieu de chacun jouer le jeu

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Le fameux low tech solar website :

Un article intéressant sur une transition web qui génère moins de CO2 :
http://gauthierroussilhe.com/en/posts/convert-low-tech

Un thread avec une discussion similaire et pas mal de liens :

Perso j’adorerais pouvoir bosser sur des solution similaires à celle de low tech mag, c’est à dire continuer à produire des sites mais en prenant en compte au max l’écologie. Mais bon, les clients préfèrent installer wordpress, avoir une BDD et faire tourner PHP pour afficher trois pages et un formulaire de contact… :man_shrugging:

Pas certain que le bilan écologique entre le gain d’un nouveau véhicule et son coût énergétique de fabrication soit positif. Autant je suis d’accord pour durcir les législations pour les nouveaux véhicules, autant pour les anciens, c’est un peu un moyen de relancer le marché de l’automobile sous prétexte d’écologie.

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Côté greenDev, c’est un truc que l’Europe nous demande de plus en plus dans les appels d’offres de projets de recherches…

Pour un véhicule il y a deux choses, en supposant le reste (entretien, usure de la route…) égal par ailleurs :

  1. les émissions fixes de CO2 liées à la fabrication ;
  2. les émissions variables liées à l’utilisation (directement égales à la qté de carburant)

Supposons à utilisation égale qu’une voiture énergivore ce soit 6L de pétrole aux 100km vs. 5L pour un véhicule plus économe. Ca fait donc une différence de 1L/100km. Avec 2,5kg de CO2 par L de pétrole brûlé (2,3kg/L pour du SP et 2,6kg/L pour du diesel : je moyenne à la louche).

Donc 2.5kg CO2 / 100km d’économisés avec un véhicule économe d’1L par rapport à un véhicule énergivore. En face je trouve un ordre de grandeur de ~2,5t de CO2 pour la construction d’un véhicule neuf.

Donc, 2500 / 2,5 * 100 = 100 000 km pour être à l’équilibre.

A la grosse louche, si tu utilises ton véhicule plus de 100 000km avant qu’il parte à la casse, tu as réduit ton empreinte CO2. Si ton véhicule économise 2L et pas un seul, tu es à l’équilibre à 50 000km. Etc.

La partie intéressante de la proposition de forcer les constructeur à réussir à descendre à des véhicules qui font du 2L/100km que fait The Shift Project (et que Jancovici compare aux vieilles 4L : truc super léger avec un tout petit moteur), c’est que ce serait hautement incitatif vus les prix des carburants, et avec énormément d’effet.

Ma femme a une C1 (moi je repousse éternellement le fait de passer le permis et je suis en transports en commun) :

3,7 L/100km mixte
4,3 urbain
3,4 route

Tu passe d’un SUV à ça, si ton usage est de simplement emmener un enfant à l’école et aller au taf avec… C’est juste le jour et la nuit ! Quitte à louer une grosse bagnole pour partir en vacances.

Pour ma part, c’est ce que j’essaie de faire. Acheter seulement quand j’en ai vraiment besoin, autant que possible des objets qui dure dans le temps. Et pour l’alimentation des aliments qui ne viennent pas de l’autre côté de la planète.

Ce que je trouve difficile c’est de pouvoir chiffrer ces actions, pour que ce soit le plus efficace possible. Quelle empreinte a un avocat qui vient d’Amérique du sud par rapport à un email stocké ou envoyé, par rapport à la veille d’un téléviseur ?

Quelques remarques en vrac:
D’abord, l’energie “du numerique” inclus en vrac l’energue lié à la production des produits et l’energie lié au traitement informatique. Alors que ce sont deux concepts très differents.

Ensuite, concernant specifiquement les data center, qui sont la principale dépense liée à “l’envoi d’un mail”, on peut relativiser en estimant d’une part que l’intégralité de leur conso represente finalement peu de chose au regard du reste de notre consommation.

Mais surtout, point qui est peu mis en avant, cette consommation est lié à un refroidissement. Elle est donc plus forte en été et dans les periodes chaudes. Or c’est précisément dans ces periodes que nous sommes en surproduction d’électricité car nos besoins sont plus faibles. De plus, une partie de l’energie dépensée dans les data center peut être récupérée dans des systèmes de chauffage etdonc réutilisé.

Un mail de 1Mo équivaut à 30Wh d’energie consommé…

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Il y a un exemple à Nantes de ça :

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A Vivatech je suis tombé sur cette startup:

Un article en Mars explique en quoi c’est différent des autres solutions qui existent depuis des années:

Vouais. Je parle peut être pour moi ici mais j’ai quand même l’impression qu’on s’auto convainc que nos « efforts » écologiques individuels sont importants, mais qu’a terme, c’est trop tard: we are doomed

Et je suis assez d’accord avec astronogeek (je me souviens plus de la video ou il parle de ca) ou il dit lui aussi que c’est trop tard. Ca ne nous dispense pas de faire des efforts mais ils ne feront que repousser l’inévitable.

Et il y a plusieurs raisons a ça:

  • Confort. Renoncer au confort, c’est pas facile. Quand vous passez d’une vieille 4L moisie a une megane flambant neuve, c’est très agréable. Et tu oublies assez vite la 4L. En revanche, quand tu dois repasser à la 4L, tu pleures des larmes de sang. Pour faire un exemple informatique, pensez au SSD. On sent la différence quand on passe d’un disque classique a un ssd, c’est plus réactif, c’est agréable. Mais une fois avoir gouté au ssd, revenir un ordinateur équipé d’un disque dur, c’est juste l’ENFER.
  • Économie. Je suis pas spécialiste mais plusieurs personnes l’ont dit, notre économie est basée sur la croissance. Qui implique mécaniquement l’utilisation de plus de ressources. On peut imaginer une évolution de l’industrie pour améliorer le rendement (une même unité de ressource produit plus de choses) mais s’il n’y a pas un retour sur investissement rapide (les modification de processus de fabrication, ca coute du pognon), ca ne sera jamais fait. De plus, on peut imaginer une incitation pour utiliser de l’énergie « plus propre » - j’aurais tendance a dire moins pire - mais ça reste reculer pour mieux sauter. Il faudra combattre les conglomérats « anciennes énergies », sachant qu’ils sont relativement puissants et qu’il feront tout pour conserver leur pré carré.
  • Individualisme. Un des gros problème reste, pour moi, le fait que chacun fasse « son écologie » dans son coin. En liaison avec ses moyens et son degré d’acceptation de l’éventuelle contrainte, et en soi, c’est pas du tout choquant - mais relativement inefficace. Car 1000 initiatives individuelles auront toujours moins de poids qu’une initiative collective réalisé par 1000 personnes.
  • Temps. A l’échelle de la vie de la terre ou du système solaire, l’humanité n’est rien. Je suis convaincu que, quoi qu’on fasse, la terre continuera a vivre d’une manière ou d’une autre. L’humanité risque de disparaitre mais en soi, c’est pas très grave.

Tu expliques un peu plus loin que la ville ne sera pas sure car sans ressources, et c’est une possibilité. Ca tient pour moi a un rapport de force et s’il y a suffisamment d’attaquants, tu peux effectivement avoir cette crainte. Mais en ville, tu as aussi la possibilité de fédérer les habitants pour créer une certaine protection, lié encore une fois a un rapport de force entre les deux camps. Est ce que les habitants accepteront de s’associer? D’être d’accord sur les actions a mener? Pas sur. Mais possible.
En revanche, dans le cas d’une habitation isolée, tu seras pillé des que tu seras découvert.:confused:

Autant je suis assez pessimiste sur l’écologie en général, autant je suis un peu plus optimiste que toi sur la capacité des humains a se serrer les coudes en cas de problème collectif. Mais il faut que TOUT LE MONDE (ou une grande partie des habitants de la zone) fasse face au même problème.
Et en soi, l’écologie n’est pas un problème visible. Ça reste un concept, en tout cas en France. En admettant que tu aies de l’argent, tu peux manger, te loger, te déplacer, etc, sans trop de soucis. L’écologie n’a donc rien de vraiment concret (a part quelques exemples isolés, genre les plages dégueulasses de plastique).
Et je donne toujours le même exemple: Tant que tu n’as pas perdu de données informatique, tu ne vois pas l’importance de faire une sauvegarde. Tant que tu n’es pas impacté directement par l’écologie, tu ne vois pas l’intérêt de protéger la planète…:roll_eyes:

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A état constant oui.
Ou bien avec beaucoup d’efforts mais sans progrès technologiques, oui aussi.

Mais c’est sans tenir compte de deux facteurs : la transition démographique, qui fait qu’on va probablement finir par atteindre un plateau de population ; et le progrès technique. Il y a des progrès majeurs envisageables à moyen terme comme la fusion nucléaire, la capture ou le minage d’astéroïdes (un seul bon astéroïde = la conso d’eau / de métaux / de terres rares pour l’humanité pour des centaines d’années…) etc. Et des progrès mineurs à plus court terme. On peut espérer que la somme des effets soit suffisante pour contenir le problème, ou mieux, le dépasser.

On n’a jamais été confronté à un problème aussi crucial, mais on a déjà vécu des périodes de l’histoire de l’humanité avec des crises qu’on a su dépasser par ingéniosité. En revanche, ce qui est certain, c’est que plus on va se permettre de foncer tête baissée comme maintenant, plus le choc va être violent, que les marges de manœuvre vont être réduites, et que le temps pour s’en remettre sera long.