Le contrôle de la natalité c’est à double tranchant. Historiquement une politique nataliste c’est une condition indispensable d’indépendance : il faut des soldats pour faire la guerre. C’est une des grosses problématiques de la Russie qui se retrouve avec une population en déclin. Cf. les analyses d’Emmanuel Todd notamment sur les effets démographiques sur la situation géopolitique :
- constat : là où le niveau de vie monte, les femmes s’émancipent (elles ont accès à l’éducation et à la contraception en particulier), et la natalité chute ;
- hypothèse réciproque de Todd : là où le niveau de vie chute, il y a un recul du droit et de l’éducation des femmes, et la natalité remonte.
Il pense donc que la natalité et le niveau de vie sont inversement corrélés, avec comme facteur commun la situation des femmes. S’il a raison, une politique de contrôle des naissances est une politique par nature non seulement décroissante, mais aussi dangereuse pour les Droits de l’Homme (et surtout des femmes).
Ça ne veut pas dire que les anti-natalistes sont fous pour autant. Tout dépend de la politique qu’on veut mener si on est anti-nataliste. Si l’idée c’est d’interdire aux gens d’avoir des enfants, cf. ci-dessus, c’est assez peu convaincant. Mais si l’idée c’est d’augmenter significativement les droits des femmes, avec comme premier objectif leur émancipation, pour un deuxième effet kisscool de chute de la natalité, alors là perso je trouve que ça n’est pas une mauvaise idée.
Mais c’est globalement le changement inverse qu’on constate dans le monde en ce moment. Avec la crispation économique vient la tentation de réduire les droits de femmes et d’avoir une politique nataliste. L’intégrisme religieux suit un peu le même schéma, et les deux ne sont pas sans lien…