Fake Stroustrup

Interview Stroustrup, les vrais raisons du C++

Interviewer : Cela fait quelques années maintenant que vous avez changé le
monde de la conception logicielle, qu’est-ce cela vous fait en regardant
en arrière ?

Stroustrup : En fait, je repensais à cette époque juste avant que vous
n’arriviez. Vous vous souvenez ? Tout le monde écrivait en C et le
problème était qu’ils était vachement bons. Les universités dispensaient également
un bon enseignement du C. Elles produisaient des diplômés compétents -
et j’insiste sur le mot compétent. Et c’est ce qui a posé problème.

Interviewer : Problème ?

Stroustrup : Oui, problème. Vous vous souvenez du temps où tout le monde
écrivait en COBOL ?

Interviewer : Bien sûr, j’ai moi-même écrit en COBOL.

Stroustrup : Et bien au début ces gars étaient des demi-dieu. Leurs
salaires étaient élevés et ils étaient traités comme des princes.

Interviewer : C’était l’bon temps, hein ?

Stroustrup : Hé oui. Et qu’est-ce qu’il s’est passé ? IBM en a eu marre,
et a investi des millions dans la formation de programmeurs COBOL, jusqu’à ce
qu’ils ne valent qu’une bouchée de pain pour une douzaine.

Interviewer : C’est là que j’ai quitté ce métier. Les salaires ont chuté
en moins d’un an, au point que cela payait plus d’être journaliste.

Stroustrup : Exactement. Et la même chose est arrivé aux programmeurs en
‘C’.

Interviewer : Je vois, mais où voulez-vous en venir ?

Stroustrup : Et bien, un jour j’étais à mon bureau et j’ai conçu un petit
stratagème qui pourrait retourner un peu la situation. Je pensais : ‘je me
demande ce qu’il se passerait s’il existait un langage si compliqué,
si difficile à apprendre que personne ne pourrait jamais inonder la marché
de programmeurs ?’ En fait, une partie de ces idées viennent de X10,
vous savez, XWindows. C’était un système graphique si compliqué que
cela ne tournait que sur ces choses Sun3/60. Tous les ingrédients que
je voulais étaient présents : une syntaxe ridiculement complexe,
des fonctions obscures, et une structure pseudo orientée-objet.
Même maintenant, personne n’écrit du code X-Windows.
Motif est le seul moyen de coder sans perdre sa raison.

Interviewer : Vous n’êtes pas sérieux ?

Stroustrup : Bien au contraire. En fait, il y avait un autre problème.
Unix était écrit en ‘C’, ce qui signifie que tout programmeur ‘C’ pouvait
facilement devenir programmeur système. Vous vous souvenez de ce qu’un
programmeur de mainframe avait pour habitude de gagner ?

Interviewer : Bien sûr, c’était aussi mon type de salaire.

Stroustrup : OK, donc ce nouveau langage devait se séparer d’Unix, en
masquant tous les appels qui liaient les deux si élégamment. Cela
permettrait aux gars qui ne connaissent que le DOS de gagner de nouveau
correctement leur vie.

Interviewer : Je ne peux pas croire que vous ayez dit cela.

Stroustrup : Bah, cela fait longtemps maintenant, et je suppose que la
plupart des gens se sont rendus compte par eux-même que le C++ est une
perte de temps, mais je dois dire que cela a pris plus de temps que je
ne l’aurais cru.

Interviewer : Alors, comment exactement vous vous y-êtes pris ?

Stroustrup : C’était supposé être une blague, jamais je n’aurais cru que
les gens prendrait le bouquin au sérieux.
N’importe qui avec 2 grammes de bon sens peut voir que la programmation
orientée-objet est contre-intuitive, illogique et inefficace.

Interviewer : Quoi ?!

Stroustrup : Et concernant le ‘code réutilisable’!.. Vous avez déjà
entendu d’une compagnie qui a jamais réutilisé du code ???

Interviewer : En fait,… jamais, mais…

Stroustrup : Hé ben voilà. Je ne dis pas que quelques uns n’aient pas
essayé au début. Il y avait cette compagnie d’Oregon - je crois qu’elle
s’appelait Mentor Graphics - qui s’est vraiment fait une belle frayeur en
essayant de tout réécrire en C++ dans les années 1990 ou 1991. J’en suis
désolé pour eux, vraiment, mais je pensais que les gens en auraient tiré
des leçons.

Interviewer : Manifestement, ils ne l’ont pas fait ?

Stroustrup : Pas le moins du monde. Le problème, c’est que la plupart des
compagnies ont du étouffer leurs échecs majeurs, et que expliquer des
pertes de 30millions de $ à leurs actionnaires aurait été difficile.
Cependant, rendons leur crédit, c’est eux qui ont permis que cela marche
en fin de compte.

Interviewer : Ha oui ? Et bien vous voyez, l’orienté-objet, cela marche !

Stroustrup : Moui presque. L’exécutable était si énorme qu’il mettait 5
minutes à se charger sur des HP avec 128Mo de RAM. Il tournait si
lentement. En fait, je pensais que cela serait un obstacle rédhibitoire,
et je me suis rendu compte en moins d’une semaine que tout le monde s’en
foutait. SUN et HP n’étaient que trop content de vendre des ordinateurs
d’une puissance énorme, dotées d’immense ressources juste pour faire
tourner des programmes triviaux. Vous savez, lorsque l’on a eu notre
premier compilateur C++ chez AT&T, j’ai compilé le programme ‘Hello
World’, et je ne pouvais pas croire la taille de l’exécutable : 2.1 Mo.

Interviewer : Quoi ? Les compilateurs ont fait du chemin depuis.

Stroustrup : Vraiment ? Essayez donc avec la dernière version de g++. La
différence n’excédera pas 0.5Mo. De plus, j’ai plusieurs exemples récents
pour vous, et ce depuis tout pays. British Telecom s’est retrouvé avec un
désastre entre les mains, mais par chance, ils ont pu tout effacer et
repartir de zéro. Et ils ont eu plus de chance que Australian Telecom. aujourd’hui,
j’apprends que Siemens construit une usine à gaz, et s’inquiète de la
taille croissante du matériel afin de pouvoir y faire tourner les exécutables.
Est-ce que l’héritage multiple n’est pas merveilleux ?

Interviewer : Oui, mais C++ est à la base un langage solide.

Stroustrup : Vous en êtes vraiment convaincu, n’est-ce pas ? Avez-vous
déjà participé à un projet C++ ? Voilà ce qui se passe : d’abord, j’y ai
introduit suffisamment de piège pour être sûr que seuls les projets les
plus simples fonctionneront la première fois. Considérez la surcharge des
opérateurs. A la fin du projet, tous les modules l’ont utilisé, surtout
parce que les gars ont pensé qu’ils devaient le faire, comme pendant leur
formation. Le même opérateur qui signifie complètement autre chose d’un
module à l’autre. Essayez de rassembler tout cela lorsque vous avez une
centaine de module environ. Quant à l’encapsulation de données, mon Dieu,
parfois je ne peux m’empêcher de rigoler lorsque j’entends parler des
problèmes qu’ont des compagnies pour faire communiquer leurs modules. Je
pense que le mot ‘synergie’ a été inventé pour remuer le couteau dans la
plaie des manager de projet.

Interviewer : Je dois avouez que tout cela commence à me troubler. Vous
dites que vous avez fait tout cela juste pour augmenter le salaire des
programmeurs ? C’est choquant !

Stroustrup : Pas vraiment. Tout le monde a le choix. Je ne m’attendais pas
à ce que cela soit si incontrôlable. De toute façons, j’ai en gros réussi.
C++ est en train de passer de mode, et les programmeurs ont toujours des
salaires élevés, surtout ces pauvres diables qui doivent maintenir toute
cette merde. Vous réalisez bien sûr qu’il est impossible de maintenir un
gros programme C++ si vous ne l’aviez pas vous-même écrit ?

Interviewer : Et pourquoi donc ?

Stroustrup : Vous êtes vraiment hors du coup, pas vrai ? Vous vous
souvenez du typedef ?

Interviewer : Oui, bien sûr.

Stroustrup : Vous souvenez-vous du temps qu’il vous fallait pour explorer
les fichiers de déclaration de fonction avant de vous rendre compte que
‘RoofRaised’ était un double ? Alors, imaginez le temps que cela prend
pour traduire tous les typedef implicites de toutes les classes d’un projet
important en C++ !

Interviewer : Alors, en quoi reconnaissez-vous avoir réussi ?

Stroustrup : Rappelez-vous de la durée moyenne d’un projet en ‘C’ :
environs 6 mois. Pas assez longtemps pour gagner correctement sa vie pour
un gars marié avec enfants. Prenez le même projet, concevez-le en C++ et
qu’est-ce que vous obtenez ? Je vais vous le dire : un à deux ans. C’est
pas super, ça ? Toute cette sécurité de l’emploi à cause d’une erreur de
jugement. Et autre chose : les universités n’ont pas enseigné le ‘C’
depuis si longtemps qu’il y a maintenant pénurie de programmeurs valables en ‘C’.
Surtout concernant ceux qui y connaisse quelque chose sur la programmation
système Unix. Combien de gars saurait quoi faire avec un ‘malloc’, alors
qu’ils utilisent ‘new’ ces dernières années, et ce sans jamais vérifier le
code de retour ? En réalité, la plupart des programmeurs C++ ignorent
complètement leur code de retour. Qu’est-ce qui est arrivé au bon vieux ’
-1’ ? Au moins, vous saviez que vous aviez une erreur, sans tout
emberlificoter dans des ‘throw’ et ‘try’.

Interviewer : Mais à l’évidence, l’héritage fait gagner du temps ?

Stroustrup : Vraiment ? Avez-vous remarqué la différence entre un planning
de projet ‘C’ et ‘C++’ ? La phase de planning d’un projet C++ est trois
fois plus longue. Et justement pour s’assurer que tout ce doit être dérivé
l’est, et ce qui ne doit pas l’être ne l’est pas. Et en plus, ils se
gourent. Qui a entendu parler de ‘fuites
mémoire’ en ‘C’ ? Maintenant, on les trouve dans les plus grandes
industries. La plupart des compagnies abandonnent et commercialisent leurs
produits en sachant qu’ils fuient comme des passoires, simplement pour
éviter le coût de débuguer toutes ces fuites.

Interviewer : Il y a des outils…

Stroustrup : La plupart d’entre eux ont été écrit en C++ !

Interviewer : Si on publie cela, vous serez probablement lynché, vous le
savez, non ?

Stroustrup : Ca m’étonnerait. Comme je vous l’ai dit, C++ est maintenant
sur son déclin, et aucune compagnie sensée ne commencerait un projet sans
un prototype. Cela devrait suffire à les convaincre de la nature
désastreuse de cette voie. Sinon, ils mériteront ce qu’il leur arrivera.
Vous savez, j’ai essayé de convaincre Dennis Ritchie de réécrire Unix en
C++.

Interviewer : Oh mon Dieu, et qu’est-ce qu’il a dit ?

Stroustrup : Ben heureusement, il a un bon sens de l’humour. Je pense que
lui et Brian se sont aperçu très tôt de ce que je faisais, mais ne l’ont
jamais fait savoir. Il m’a dit qu’il m’aiderait à écrire une version C++
de DOS, si j’étais intéressé.

Interviewer : Et vous l’étiez ?

Stroustrup : En fait, j’ai écrit DOS en C++. Je vous donnerai une démo
après. Je le fais tourner sur un Sparc20 dans la salle des ordinateurs. Ca
tourne comme une flèche sur 4 CPU, et cela ne prends que 70Mo sur le
disque.

Interviewer : Et-ce que cela tourne comme sur un PC ?

Stroustrup : Là vous blaguez. Avez-vous déjà vu Windows95 ? Je le
considère comme un de mes plus gros succès. Ca a même failli tout arrêter avant que
je ne sois prêt.

Interviewer : Vous savez, cette idée de Unix++ m’avait vraiment fait
réfléchir. Il y a des gars quelque part qui sont en train d’essayer de le
faire. [en fait, le µ-kernel L4 en est un bon exemple…]

Stroustrup : Non, pas après cette interview !

Interviewer : Je suis désolé, mais je ne nous vois pas capable de publier
quoique ce soit de cela.

Stroustrup : Mais c’est l’histoire du siècle ! Je veux juste être
considéré
par mes collègues programmeurs pour ce que je leur ai apporté. Savez-vous
combien peut toucher un programmeur C++ ces jours-ci ?

Interviewer : D’après ce que j’ai entendu, un vrai pro peut valoir 70 à 80
$ de l’heure.

Stroustrup : Vous voyez ? Et je parie qu’il les mérite. Tenir compte de
tous les pièges à con que j’ai introduit dans le C++ n’est pas un job
facile. Et comme je vous l’ai dit, tous les programmeurs C++ sont comme
lié par un serment mystique pour employer toutes les fonctionnalités du
langage dans tous les projets. En fait, cela finit même par m’ennuyer
parfois, même si cela sert mon but original. J’en finis presque par aimer ce
langage.

Interviewer : Vous voulez dire que ne l’aimiez pas avant ?

Stroustrup : Je le détestais. Il n’est même pas élégant, vous ne trouvez
pas ? Mais quand les royalties du bouquins ont commencé à arriver… vous
voyez l’idée.

Interviewer : Attendez une minute… et les références ? Vous devez
reconnaître que cela représente une amélioration sur le pointeurs ‘C’.

Stroustrup : Hmmm, je me suis toujours posé des questions à ce sujet. Au
début, je pensais que s’en était une. Et puis un jour, j’ai discuté avec
un gars qui avait programmé depuis ses débuts en C++. Il me disait qu’il ne
pouvait jamais se souvenir si ses variables étaient référencées ou
déréférencées, alors il utilisait toujours les pointeurs. Il disait que le
petit ‘*’ astérix l’aidait à se souvenir.

Interviewer : Et bien, à ce stade je dis généralement ‘Merci beaucoup’,
mais cela ne semble pas très approprié.

Stroustrup : Promettez-moi que vous allez publier cela. Ma conscience
prend le dessus ces derniers temps.

Interviewer : Je vous le ferai savoir, mais je pense deviner ce que mes
éditeurs vont dire.

Stroustrup : Qui le croirait de toutes façon ? Toutefois, pourriez-vous
m’envoyer une copie de cette bande ?

Interviewer : Je peux faire ça.

1 « J'aime »

trop fort ! l’humour comme je l’aime, fin et tout et tout…

n’ empeche qu’a un moment ca file un frisson desagreable. c’est vachement bien vu !!

Et moi, ca me donne une bonne excuse pour dire que je ne connais pas le C++ :);;

LoneWolf
Junk post #4

Hahaha excellent, tellement bidon mais tellement vrai quelque part.

La vrai reponse:

I wanted to write efficient systems programs in the styles encouraged by Simula67. To do that, I added facilities for better type checking, data abstraction, and object-oriented programming to C. The particular projects that prompted this work had to do with distributing operating system facilities across a network. The more general aim was to design a language in which I could write programs that were both efficient and elegant. Many languages force you to choose between those two alternatives.
The specific tasks that caused me to start designing and implementing C++ (initially called “C with Classes”) had to do with the design of a distributed operating system.

[Edité le 22/1/2003 par GloP]

C’est des conneries mais ça fait réliéchir :slight_smile: