Histoire d’ordinateur Belge
David a 20 ans, il poursuit actuellement des études en Belgique. Il nous raconte ici, une aventure qu’il lui est arrivée lors d’un dépannage chez un habitant de son village (maçon de métier et bricoleur assidu par hobby, marié, un fils de 8 ans, une fille de 16 ans, un chien).
10h00 : Rencontre du monstre.
Le PC est bien poussiéreux tout comme l’écran, mais il s’agit d’un Intel Pentium 4 assez récent, je suppose donc qu’il est comme les bouteilles de vin, la poussière est noble.
Le clavier est gras, crasseux, des miettes de tabac et de pain entre les touches sont facilement perçues, quelques taches rouges oranges de part et d’autres de ce dernier (diagnostic : il fume, mange au dessus du clavier et aime les spaghettis bolognaise avec un morceau de baguette)
La souris à boule renferme une couche supérieure au millimètre de crasse noire sur les rouleaux des axes X et Y, et aussi le petit rouleau sur ressort.
Joie, bonheur et Mr propre, je recommande courtoisement à cet utilisateur chevronné de procéder à un « petit » nettoyage de sa bête avant de procéder. Bien entendu, je participe au nettoyage, il n’est pas question de ne pas être actif à la renaissance d’un pc aussi dégeu.
11h20 : Nettoyage terminé.
Je me sens mieux et j’ose enfin poser les doigts sur le clavier (car en fait c’est ce qui me dérangeait le plus je crois).
11h21 : Les problèmes commencent.
-
Côté son : Le son de démarrage par défaut de Windows est vraiment proche de la qualité d’un phonographe, ça hurle et ça crache.
-
Côté graphique : Le bureau est en 16 couleurs, les icônes sont énormes et l’écran brille d’une manière assez étonnante. L’écran semble vieux.
-
Côté bordel : Le bureau est entièrement couvert d’icône et l’ont peut distinguer Anna Kournikova à poil ou presque en écran de fond malgré la résolution et le nombre de couleurs.
-
Côté disque dur : 70 gigas de conneries, quelques mégas de documents et l’O.S. Windows XP.
J’ai peur, il fait froid, cet environnement hostile me confirme qu’il s’agit d’un beauf rangé côté cul, que 70 % de son disque ne renferme que des vidéos contenant les mots suivants : « XXX », « Hentai », « Porn », « Slut », « Bitch », « Blowjob », « Hard » et j’en passe.
Le type n’émet aucune remarque et n’émane aucune honte envers l’état actuel de son ordinateur. J’en déduis donc qu’il est fier de sa chiotte.
11h40 : Premiers soins.
Afin de ne pas m’arracher la cornée, je rétablis une bonne résolution, les couleurs en 16 bits et un taux de rafraîchissement acceptable qui étaient respectivement 640*480 à 40 Hz, je me demande encore aujourd’hui comment il a réussi à faire ça.
Les paramètres d’accessibilité sont tous activés, couleurs vives grandes icônes sont au menu, la souris est en mode simple clic, pour gaucher, et le clic doit répété affiche une loupe énorme, le tout grâce à un tweak qu’il a « trouvé par hasard sur un site, c’est marrant vous ne trouvez pas ? ». Overkill.
12h10 : Voyage derrière la bécane.
Sur un sol couvert de crasse, poussière et poil de chien. Ravi, je suis ravi. Plusieurs dominos de branchement sur sa sortie audio. Quatre dominos en tout, Cinq sorties. S’il existe un dieu, qu’il vienne. Vite. Sa sortie audio est drôlement amochée, le poids sans doute. Un « ami informaticien » a installé sur toutes ses télévisions des câbles TV pour qu’il regarde les vidéos de son PC sur chacune d’entre elles. Je suis …sidéré. Petit coup de soudure sur sa carte son afin de réparer et de renforcer un brin sa malheureuse sortie audio. J’allège aussi son système et pose un bloc en dessous pour éviter que les 200 grammes de prises ne bousillent sa carte à jamais.
12h50 : Voyage dans les abysses de la FAT32.
Il me dit que je peux effacer les vidéos que je trouve de qualité médiocre. Il doit s’absenter. Ma main gauche retient instinctivement ma main droite de cliquer sur « Formater ». Cet obsédé aime les vidéos beuglantes, si ça se trouve, sa femme a déjà pris place sur son clavier. Je ne regrette pas d’avoir insisté pour qu’il nettoie son clavier pendant que je prenais les oussières.
Je ne lui ai pas serré la main en entrant, je ne le ferai jamais de toute façon. J’avais faim vers midi, je ne sais à présent plus si je mangerai ce soir. Je ne me sens pas bien.
13h30 : Poursuite de l’examen.
Découverte d’Internet : D’emblée, ça ne fonctionne pas. Quatre barres de recherche. Uget, Google Bar, Netseek et Buddy truc machin. Je suis à présent extatique.
Petit tour dans les paramètres d’Internet Explorer : 9 connexions dial-up pour son modem ADSL, c’est compréhensible que cela ne fonctionne pas. J’énumère avec les mots qui me reviennent à l’esprit :
-
Sex Call
-
Sexy On-line
-
Cyber Rendez-vous
-
Hentai Galaxy
-
Lot of Cartoons Pics
-
Super Casino Online
-
Etc… etc…
14h00 : Le type est de retour.
Base de registre nettoyée de toute trace de ces saletés, il aime apparemment cliquer sur OK à chaque fenêtre qui s’ouvre concernant une installation.
De 14h00 à 16h00 :
Désinstallations, classements de types de fichiers, scan de virii, la totale.
16h10 : La catastrophe.
Après quelques brèves explications afin d’éviter ce genre de désagréments futurs, un problème assez rare survient. Son lecteur Kenwood explose dans un bruit sourd mais vif, un CD de Microsoft Office 2000 en sa possession. Il hurle, je retiens un fou rire entre mes dents, me mordant la joue par la même occasion.
Je saigne.
16h40 : Le suicide.
Le CD est mort mais le lecteur n’a rien, je suis surpris et soulagé, ce n’était qu’une copie bon marché de son CD et je ne devrai pas aller chercher un nouveau lecteur avec lui, de peur de monter dans sa caisse pour aller en ville. Je prends soin d’utiliser son graveur plutôt que son lecteur, on ne sais jamais.
17h00 : Retour de force.
Je remarque après plusieurs vérifications de routine que un de ces programmes le plus souvent utilisé est une démo de mouvement de son joystick à retour de force (Hélicoptère, explosion forte, circuit de formule 1 plein de virages etc…) de marque qui ne me revient plus, ça doit être bon marché, le design est faible et le manche est plutôt simpliste, non ergonomique. Il me dit que sa fille utilise son PC, personne d’autre et qu’il n’a jamais utilisé ce programme, que sa fille fouine son PC assez souvent et qu’il sait qu’elle regarde la plupart de ses vidéos.
Dans le doute, je m’abstiendrai de toucher le joystick de peur de savoir ce qu’elle en fait. Je ne suis pas tombé sur la famille des collines mais sur une bande de pervers. Joie, volupté.
17h20 : Mon travail est terminé.
J’ai bien gagné ma journée mais je ne l’oublierai jamais. J’ai pris une douche en rentrant, je n’ai pas mangé de la journée et pourtant je n’ai pas faim. Il ne m’a plus jamais appelé et il ne sait pas où j’habite, fort heureusement.
J’ai revu sa fille, j’ai discuté avec elle et lui ai conseillé le Microsoft SideWinder qui est bien plus puissant que son modèle actuel. Elle est devenue rouge vif puis m’a giflé. J’ai donc bien suspecté une utilisation peu orthodoxe de son matériel. Elle m’a fait promettre de me taire à ce sujet. Le client est roi. Je ne sais pas pourquoi mais depuis, quand je la rencontre par hasard, elle détourne le regard.
Ce que j’ai retiré de cette expérience c’est que la nature humaine mise au grand jour est choquante.
Je crois et j’espère que ce genre de situation n’arrivera qu’une seule fois dans ma vie et ne se reproduira plus jamais.
David,
Sur la voie de l’informatique pratique et des utilisateurs lubriques.
Source http:calacon.free.fr