Je trouve au contraire que justement la construction de la série est bien amenée dans son ensemble.
On sait environ où la série va (comment on va éventuellement pouvoir s’en sortir au milieu d’un climat dans lequel chaque protagoniste est prisonnier, et pas que les victimes finalement), sentiment qui se renforce dans la saison 2. C’est clairement une série lente, qui joue sur les codes du huit-clos pour nous transmettre cette sensation d’enfermement permanent, de détresse, d’insécurité, de mains liées de tous les côtés (le rôle ambigu de Nick justement, les handmaids, mais aussi les épouses et les martha).
Elle nous file quelques éléments du passé dans chaque épisode afin de nous donner un peu à bouffer rapport à ce qui s’est passé sans non plus tout nous donner, ce qui permet d’être au moins autant dans l’ignorance de ses protagonistes qui se demandent aussi bien comment ils ont pu en arriver à ce point de dictature/secte politico-religieuse, pour revenir bien souvent à leur réalité brutale du quotidien qui renforce l’ancrage de la série dans une réalité pas forcément si lointaine que ça, c’est sans doute pour ça que c’est effectivement bien bien déprimant, mais je ne suis pas d’accord pour dire que ça ne mène nulle part.
Je trouve également que les “shock value” ne sont pas si fréquents que cela, et quand ils se manifestent, ça dessert justement quelque chose, ça traduit un sentiment de l’un des protagonistes à un instant T.
Si on ajoute la réal, autant par les flashbacks que par les plans très rapprochés, la photo (qui est très sobre/douce en comparaison des couleurs des robes rouges, afin de renforcer cette différence entre le vécu et l’idéal religieux promulgué par cette société) et l’acting des deux persos principaux (je pense à Serana / June et leur rivalité permanente), et le fait que la série n’est pas forcément d’émettre une critique envers cette société parallèle (même si on comprend bien qui sont les méchants riches dans l’histoire), mais plutôt de connaître l’évolution du perso (June) et de vivre à ses côtés pendant chaque épisode (un peu comme un journal intime, finalement), bah je trouve que ça remplit parfaitement son office.
En tant que série dystopique, je trouve que ça se met bien, je vois pas ce qu’il y a de mieux dans le paysage sériel. Je me sens mal en la regardant, ça m’interpelle, je me dis que ce n’est pas si éloigné d’une certaine réalité, ce qui est certainement ce qui est voulu par les auteurs.