C’était tellement chiant.
Nous vivons un âge d’or du film de super-héros, dans lequel n’importe quelle licence, même la plus obscure, à droit à son adaptation cinématographique ou télévisuelle, avec des réalisateurs de renoms, des équipes qualifiées, et des producteurs qui alignent les billets.
D’un côté c’est cool, puisque le ratio de productions de qualité s’envolent, et que même les fans de personnages tels qu’Ant-Man y trouvent leur compte.
D’un autre côté, le nombre élevé d’adaptation les rend parfois très compliquées de se distinguer individuellement. Et à ce titre, même si la formule des films Marvel a maintes et maintes fois prouvé sa fiabilité, aussi bien populairement que dans le tiroir-caisse, force est de constater que leurs films se ressemblent malheureusement un peu tous.
Alors, quelle solution ? Simple : retourner à l’œuvre originale et se poser les bonnes questions.
Pourquoi elle existe ? Pourquoi les gens la lise et pas une autre ? Si on arrive à répondre à ces questions, et produire une adaptation en gardant les réponses en tête, on peut espérer faire la différence.
Malheureusement, Marvel et Netflix ne veulent pas faire la différence.
Marvel et Netflix ont un cahier des charges. Le but n’est pas de faire une bonne adaptation. Le but est de prendre un personnage -n’importe lequel- et remplir le cahier des charges avec.
Étude de cas avec Iron Fist.
Pourquoi Iron Fist existe ?
Parce que lors de sa création, le kung fu était partout dans la culture populaire (Bruce Lee, Richard Dragon…), et forcément, la Maison des Idées a voulu s’y essayer. Naquirent alors Shang-Chi et Iron Fist, des super-héros qui font du kung-fu.
Pourquoi lire Iron Fist et pas une autre série ?
Parce qu’elle vous proposait un super-héros qui fait des arts martiaux et qui utilise des terminologies sonnant un peu kung-fu pour mettre en scène un super-pouvoir destructeur et des combats dantesques. Tu n’avais pas ça dans Spider-Man ou Daredevil.
Et oui, après, y avait aussi Danny Rand, mais ça on s’en fout. Des super-héros milliardaires t’en avais déjà plein (Moon Knight, Iron Man, Black Panther…).
DONC, pour que la série Netflix Iron Fist se démarque de la quête de justice de Matt Murdock, l’enquête psycho-noir de Jessica Jones ou la blacksploitation de Luke Cage, on pouvait raisonnablement penser que Scott Buck (showrunner d’Iron Fist) se pencherait sur les raisons qui ont fait d’Iron Fist une série intéressante à la base.
Et bé non.
Au lieu de ça, les trois quarts de la série sont consacrés au poids de la responsabilité (Spider-Man), la difficulté de mener deux vies (le Batman de Nolan), à BEAAAAAAUCOUP TROP de personnages secondaires (Jessica Jones), pour un résultat chiant et sans saveur.
Pas de combats de fou. Rien sur K’un-Lun. On voit à peine le pouvoir du Iron Fist. Je parle même pas du look de Finn Jones ou de l’absence du costume original (qui pourtant pète sobrement), sinon je vais chialer.
Alors oui, je comprends bien que les faiseurs aient voulu raconter Iron Fist de manière différente. Et c’est ce qu’il faut faire : de toute manière, rien qu’en changeant de format, tu DOIS faire des choix de narration différente, on ne filme pas une scène comme on dessine une case, PEUT IMPORTE ce que Zack Snyder en pense.
C’est pas ça le problème. Le (GROS) problème, c’est qu’ils ont très manifestement voulu CONSCIEMMENT se DEBARRASSER de l’aspect kung-fu d’Iron Fist, pour raconter leur histoire.
SE DEBARRASSER.
DU KUNG-FU.
DANS IRON FIST.
Alors ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dis : y a du combat.
Pas beaucoup.
Mal filmé.
Mais y en a.
Et oui, ça peut être sympa de s’intéresser à l’homme derrière le super-héros, pour le déconstruire, montrer ses faiblesses, etc.
Ce que je dit, c’est que ça a DEJA ETE FAIT. Et qui SI il faut le refaire, essayons AU MOINS de nous rattacher à suffisamment d’éléments qui faisait la différence dans l’œuvre originale pour pas que ça sente le réchauffé.
Et bé non. Iron Flix (je n’appellerai plus cette série autrement) est réchauffée, cramée, carbonisée. Et longue. Et ennuyeuse. Et nulle.
Relations alambiquées. Dialogues mal écrits. Montage lent.
A l’image du générique de la série (qui est de loin le plus mou et le plus inintéressant de toutes les séries Marflix sorties à ce jour).
On était en droit d’attendre La Fureur du Dragon. On a eu La Mélancolie Mal Branlée du Ragondin.
Je suis très triste.
A l’heure où j’écris ces lignes, j’arrive à la fin de l’épisode 12, mais je doute fortement que le dernier épisode me fasse changer d’avis.
(Edit : J’avais raison. Oh que j’avais raison.)