Médecine (réflexions diverses)

En terme de compétence sur les pathologies de ville tout venant, j’aimerai que l’on m’explique la différence entre un MG qui voit 5 à 6 enfants par jour avec une formation complémentaire et un pédiatre.

Hormis certains problèmes spécifiques de la croissance, certaines maladies auto immunes où il faut un avis spécialisé, on fait exactement la même chose.

Le problème français, c’est suite à l’instauration du CHU en 1958, toute la médecine est découpée en spécialités qui s’ignorent entre elles, mais s’entendent quand même pour baver sur les généralistes qui sont, eux, transversaux.
Sans compter que l’on ne raisonne pas sur les même patients et les même prévalences des maladies. (je vais y venir au carré de white si on continue par là :wink: )

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Couper les interventions pour les regrouper sur un sujet plus « médecine » pourrait intéressant, effectivement…
Juste quelques remarques personnelles pour relativiser les différents éléments que tu avances @OldDoc

Pour le numerus clausus, je trouve que tu vas vite en conclusion. Les liens que tu as mis ce sont des articles centrés sur les facs, fin 2018 (à l’annonce du projet de lois) ou début 2019 (avant que ne commencent les échanges ping-pong entre le gouvernement, l’Assemblée et le Sénat). Je caricature volontairement : mais c’est normal que les doyens réclament des brouzoufs supplémentaires à ce moment-là :slightly_smiling_face:

Au final, il y a encore beaucoup d’interrogations : l’Assemblée et le Sénat viennent de se mettre d’accord il y a quelques jours… Reste à se mettre d’accord sur les textes d’application…

Le numerus clausus, l’un des principaux arguments qui a été présenté pour justifier sa création et son maintien c’était des capacités des hôpitaux à gérer les internes (pas le manque de places sur les bancs de la fac… et un peu l’adéquation nombre médecin par rapport au besoin estimé pour la population). Or si on regarde la situation actuelle (note : je ne vois la situation que de 2 régions, je ne peux confirmer que ce soit généralisé aux autres régions) : la très très grande majorité des postes d’internat se retrouvent dans les CHU, et un peu dans les CH de grosses agglomérations lilloises, et les CH au fin fond de la campagne (j’exagère) pleurent pour obtenir plus d’internes que le nombre (voire la moitié) de doigts d’une main… Si on écoute les médecins représentant de la fac : en gros la campagne profonde n’intéresse personne (je caricature…). Pour les étudiants, il y a refus de faire des stages trop éloignés de leur résidence qui est donc proche des bancs de la fac et donc du CHU (plus ou moins le discours des représentants des étudiants de médecine).
Néanmoins, il y a une bonne marge de manœuvre pour augmenter les capacités de stages pour les étudiants de médecine. Augmenter le nombre de médecins professeurs de médecine (PU-PH) c’est faisable sous condition de brouzoufs… organiser et orienter tout ce petit monde et ces évolutions ce sera plus compliqué… je suis personnellement curieux de voir (j’ai très peur à une nouvelle usine à gaz comme on aime tant faire)…

Pour le passage de l’examen de première année à l’étude de dossier (via parcousup?). Est-ce que l’un est plus « débile » et/ou plus « égalitaire » que l’autre ? L’aspect « débile » je ne préfère pas juger :grin: (même si cette usine a gaz de parcoursup me parait bien bancal ^^ ). Pour le côté égalitaire, je ne me fais pas d’illusion sur les deux méthodes…

Arf, ca fait un gros pavé tout ca… Désolé. Je veux tout de même rebondir sur l’antibiorésistance à l’origine de la discussion suite au déremboursement de l’homéopathie :

C’est un peu normal, c’est en majorité à l’hôpital qu’on les détecte. On a aucun système de recueil en dehors des établissements de santé… On pourrait croire, dans ta phrase, que c’est surtout la « faute » aux établissements de santé et non aux praticiens généralistes.
Ca fait 15 / 10 ans (au doigt mouillé) qu’il existe des mesures (que je vais qualifier de :grin:) technocratiques à base de carottes et de bâtons pour influencer les praticiens en établissements de santé (recommandations d’antioprophylaxie, limitation de l’antibiothérapie empirique devant être motivée dans les 48 ou 72h, choix de l’antibiotique en fonction de l’antibiogramme, etc…)… Pas mal de mesures donc qui sont bien parti pour limiter l’antibiorésistance en établissement de santé.
Côté médecin généraliste, c’est compliqué de sortir de la méthode empirique (faudrait demander un antibiogramme et faire revenir le patient pour arrêter ou adapter l’antibiotique… alors que les médecins généralistes sont déjà débordés…) pas simple.
Il n’empêche, je suis toujours étonné que le test pour les angines (si viral ou bactérien) ne soit pas déjà une obligation pour justifier un antibio (tous les généralistes ne l’utilisent pas systématiquement… :pensive:)…Ca réglera pas le problème mais ce serait déjà une étape, non ?

Et enfin, par rapport à la dernière intervention, j’avoue que je n’ai plus suivi si c’est d’actualité, si c’est passé ou si ça a sauté ? : le principe d’avoir un stage d’internat obligatoire en pédiatrie pour s’orienter en tant que généraliste ? (Je crois que c’est passé, comme celui en gynécologie, mais que le stage en psychiatrie (si j’écoute les psychiatres ou l’URPS ce serait un patient sur 3 pour les généralistes…) , pour lui, on a fait l’impasse… c’est ça ? Désolé, ca bouge beaucoup en ce moment et je ne sais plus ce qui a été retenu, acté ou rejeté ou qui est tout simplement en cours de négociation…

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On peut en faire un sujet, mais autant c’était vrai l’année dernière, autant cette année, a part quelques bug et les ingérences des rectorats, on est tres loin de l’usine a gaz. On peut toujours critiquer par idéologie (instauration de la sélection partout, limitation des capacités d’accueil, fermeture des algo locaux etc.) mais d’un point de vu technique et fonctionnel, ca marche bien.

Je le vois au niveau des instituts de formation infirmiers…pour qui c’est la première année (qui passent d’un concours d’entrée au dispositif parcousup)…
Il y a sans doute l’effet “première fois” qui renforce l’impression d’usine a gaz

il faut surtout développer des algo propres a la formation (les fameux algo locaux qui pour l’instant ne sont pas publiés mais ca va pas tarder). Les aides a la décision de parcoursup ne servent pas a grand chose et si tu fais tout a la main, c’est l’enfer.

Chez nous, par exemple j’ai dev un petit réseau de neurones pour nous faire une grosse classification. On a divisé par 4 le nombre de dossiers a lire pour pouvoir y consacrer plus de temps.

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Je ne crois pas qu’il ne fasse que demander des brouzoufs, la 2eme partie de la phrase est bien plus sibylline que la première : il faut que les besoins de terrain soient en adéquation avec la formation.
Tu oublies un point fondamental là dedans ; celui qui paye, c’est la sécu. Et la sécu n’a jamais voulu plus de médecins.

Maintenant, si, les bancs des facs de médecine, surtout en première année, sont pleins à craquer.
Et si, dans certains services hospitaliers, il manque des agrégés pour avoir un enseignement correct.

Pour ce qui est de la campagne profonde qui n’intéresse personne, c’est une question compliquée qui mériterait un livre à elle seule, mais je ne peux pas te laisser dire ça. Dans mon internat, je me suis exilé dans un hôpital au fin fond du 91 pour faire de la vraie pédiatrie de terrain, de la petite néonatologie aussi. Ce stage était toujours parmi les mieux côtés. Il me fallait une heure de voiture pour y aller de Boulogne ou j’habitais à l’époque.
C’est la qualité des stages qui motive les étudiants principalement, qu’on soit bien clair.
Après, si le nombre de postes est en adéquation avec le nombre d’étudiant, tous les stages seront pourvus.

Ce que tu oublies aussi, c’est le pouvoir politique des CHU. Ces grands patrons ont besoin d’internes pour faire tourner le service et les urgences. Sans internes, pas d’entrées à 2h du matin, et moins de temps pour publier. Leur poids politique leur permet d’être servis en premier, mais les temps sont durs depuis la reconnaissance universitaire de la MG qui leur enlève de la main d’œuvre.

Ce n’est pas la réforme promise.
D’un côté, tu as un concours brutal, difficile (je sais, j’y suis passé. Je pourrai vous raconter ma vie de l’époque, @JeeP , @bipsylalapo et @Lokidor aussi d’ailleurs), mettant à la porte 90% des gens (92% à mon époque, mon premier BR en live :stuck_out_tongue: ) dont la grande majorité auraient été de bons médecins, mais qui a le mérite d’avoir les même critères de sélection implacables pour tous.
De l’autre côté, on ne veut plus de gâchis de la première année, on te parle de sélection par passerelle à BAC+3. Ok, mais sur quels critères ? Comment choisir (parce que, croit moi, choix il y aura toujours) entre 2 étudiants aux mêmes mérites ?

Tout ceci est encore sorti au moment ou on pleurait sur la désertification médicale. Le gouvernement à sorti cet os à ronger, jusqu’au prochain épisode. Mouarf.

Et bien que crois tu que l’on fasse en médecine de ville ?
La plus part du temps, on a le temps de revoir le patient avec son ECBU et le germe ad hoc par exemple.
Et une fois de plus, ce ne sont pas les même prévalences, pas les même souches, pas les même gravités.

Merci pour cette proposition.
Sauf que, la médecine, les gens, cela ne rentre pas dans des cases.

Déjà, il y a des recommandations :

et
http://www.infectiologie.com/UserFiles/File/formation/ecn-pilly-2018/ecn-2018-ue6-146-nb.pdf

Pour un enfant de moins de 3 ans, ou un test de mac isaac < 2, pas de TDR. Traitement symptomatique.
Une partie des gens comprendront, les autres reviendront dans 4 jours. Cela m’est arrivé encore ce matin, une cadre commerciale qui " voulait un traitement maintenant, un vrai, parce que j’ai mon planning clientèle qui n’attend pas, je bosse moi". LoL.

Le TDR ne détecte que les streptocoques A qui représentent 10 à 15 % des angines de l’adulte, un peu plus entre 5 et 15 ans. Autrement dit, il ne cherche pas les autres germes, certes marginaux, mais présents quand même .
Un anecdote marrante : Ma femme, tri classée (et oui, elle est juste trop forte) MG/Infectiologue/gynéco (avec diplômes ad hoc) voit une patiente de 30 ans, avec une angine carabinée. Pas ulcérée, une vraie angine blanche. Mac isaac au plafond TDR négatif. Traitement sympto, mais comme elle l’a trouvait fatiguée, elle fait une recherche mononucléose qui est elle aussi négatif.
La patiente s’aggrave. Elle trouve ça curieux, elle fait faire un prélèvement de gorge et la met sous amox (hou la vilaine !). 20 000 blancs, 300 de CRP et un joli streptocoque … D au prélèvement.
Merci le TDR !

Autrement dit, il s’agit surtout d’une aide pour ne pas prescrire les antibiotiques à certains.
Ce test a plus de pertinence aux urgences où la prévalence (décidément, j’en parle souvent de ce mot là…) des angines bactériennes est plus élevée. La bonne attitude, c’est d’attendre un peu avant de faire ce test et d’éventuellement traiter, en restant critique sur la clinique.
Bref, tout une réflexion pour une maladie banale QUI NE PEUT PAS rentrer dans un protocole ou une obligation. Le rêve mouillé de tout technocrate qui n’a jamais pris de risque pour soigner quelqu’un, et qui compte en entrée/sortie sur le bilan comptable de l’hôpital. J’ai été médecin DIM aussi pendant 4 ans, encore un vaste sujet.
La médecine, c’est avant tout une science humaine, ou le médecin DOIT tenir compte de ce qu’exprime son patient.

L’internat de MG va passer à 4 ans.
Pour l’instant, la maquette de l’internant de MG depuis la dernière réforme c’est 2 stages en ville, un pédiatrie, un en gynéco, un en médecine en CHU et un libre.
La psychiatrie pour moi, c’est un patient sur 4 environ, c’est beaucoup, et surtout, transversal (noyé dans les 5 demandes parallèles pour le mal de ventre, j’arrive pas à dormir et à la fin de la consultation, mes parents m’ont mise à la rue la nuit dernière. Vécu il y a 2 heures …)

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Non je n’oublie pas :slightly_smiling_face:
Tous ces éléments et bien d’autres entrent en compte. Et c’est très intéressant ! Et c’est aussi pour cela que ce sont des sujets compliqués pour lesquels il n’y a pas de solutions miracles à mettre en place dès demain.
Bref mon intervention était juste pour temporiser tes conclusions un brin tranchées si je peux me permettre

On est bien d’accord là dessus

Tu vas encore trop vite en conclusion, selon moi. Ou plutôt tu caricatures volontairement non ? :slightly_smiling_face:
Il existe des reco qu’on espère que 100% des praticiens suivent. Le TDR est une aide au diagnostic et à la prescription. Mais c’est au final le médecin qui est responsable et décideur. faudrait-il qu’il motive sa prescription? Devrait-il le prendre comme une remise en question? Dans l’exemple que tu cites géré par ton épouse, la prescription de l’amoxicilline semble motivée (TRD négatif mais patiente fatiguée et surtout aggravation de son état…d’où sa décision…qui semble avoir était pertinente).
Expérience personnelle, madame et moi-même avons eu une angine blanche, en même temps, il n’y a pas si longtemps. On a chacun notre médecin traitant. L’un a fait le test et n’a pas donné d’antibio. L’autre n’a pas fait le test et a donné un antibio. On a guérit. Peut-être que ce n’était pas le même germe. J’en sais rien. Mais la pratique n’était pas la même. Qui avait raison ? Je ne sais pas. Mais je ne peux m’empécher de penser, au bout d’un moment, que le second médecin a un peu la main lourde sur les antibio

Bin c’est pas ça un protocole justement ? Attention je charrie volontairement :sweat_smile: je n’aime pas la protocolisation à outrance (c’est selon moi un outil mort né dans le sanitaire…mais c’est aussi une autre histoire)

Du coup je vais également faire une autre anecdote. Il y a plusieurs années, quand j’étais en établissement de santé (c’était une petite structure privé donc, à l’exception de la partie SSR, il était question de praticiens libéraux, anciens chef de clinique et tout leur tralala).
On avait une chouette nouvelle pharmacienne (je la cite « ya pas plus psychorigides que nous les pharmaciens » …je ne fais que répéter :sweat_smile:) qui était très impliquée sur les BMR (= antibiorésistance). Elle a voulu mettre en place avant l’heure de ces reco (où en gros, elle avait mis en place une feuille de prescription propre aux antibiotiques, elle les « validait » elle-même… il lui fallait l’antibiogramme systématiquement, et une motivation écrite dès que ca « sortait » des clous. Deux ans après, l’informatisation des prescriptions a popé où, pas le choix, c’est vraiment une histoire de cases à cocher avec des règles paramétrées).
J’ai entendu des discours très semblables : la médecine ca ne rentre pas dans des cases. La pharmacienne a été traitée de technocrate; La directrice a été traitée de comptable incompétente. On ne peut leur imposer d’obligation. La médecine, c’est avant tout une science humaine, où on doit tenir compte des décisions du médecin.
Cela a pris du temps… il y a eu des mots. Finalement tout le monde a pris le coup. On a même mis en place une sorte de RMM d’infectiologie où les cas « complexes » était vu autour d’une table chaque mois et où le projet thérapeutique antibiotique était validé conjointement.
Derrière il n’y avait pas de question d’argent à ce moment là. Juste une pharmacienne sensible à la question, et qui avait peut être senti à juste titre que les tutelles et/ou la certification allaient imposer des choses.
Résultat : pas grand chose de caractérisable à part la baisse de consommation des antibiotiques dans leur globalité et pour certaines familles d’antibiotiques au profit d’autres…

Bref tout cela pour dire qu’un non-médecin non-soignant n’est pas forcément un « ennemi » technocrate (j’adore ce mot…il donne un rictus à tellement de médecins :sweat_smile:) à fusilier. J’ai tendance à dire qu’un médecin, sa priorité c’est le patient, et qu’il se retrouve la tête dans le guidon. Faut pas mordre trop fort le non-médecin qui pose des questions et fait des propositions. Ils ne sont pas là juste pour emmerder :wink:

Pour la psychiatrie, j’ai découvert ce domaine il n’y a que 3 ans. Et il y a plusieurs éléments qui m’attristent. Il y a de chouettes choses mises en place en certains endroits mais qui restent méconnus. Les dispositifs et les pratiques divergent beaucoup d’un département à l’autre même pour une même région. Ce qui fait qu’on a pas les mêmes chances de prise en charge suivant son lieu de domiciliation… Et pour la formation des médecins généralistes, on impose un stage en pédiatrie et gynéco (ca a du sens) mais on fait l’impasse sur la psychiatrie (1 patient sur 4 si je te cite, moi j’ai du entendre une dizaine de fois 1 patient sur 3)…

fin bref
Tout ca pour dire que ces cons ont enfin réellement pris la décision de dérembourser l’homéopathie :joy:

Tu soulèves beaucoup de choses intéressantes pour lesquelles il n’y a pas toujours de réponse rationnelle, ce qui dans l’esprit de certains gestionnaires est un vrai casse tête.

Le but premier des protocoles était d’améliorer la qualité des soins médicaux, et d’en garantir une homogénéité parfaite sur tout le territoire, ce dont notre pays peut être tres fier. L’exemple de la cancérologie en est le parfait exemple (si vous voulez que je détaille, je le ferai).
Il est indéniable que ces protocoles, ces recommandations à la pratique clinique ont fait progresser le niveau global, ont sorti une partie des pratiques du mandarinat basique et ont permis l’entrée dans la vraie evidence based medecine.

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00714749/document

Cependant, on en a oublié l’architecture fondamentale :
index

Il y a la science, les demandes du patient, l’expérience du médecin et il faut faire coïncider tout ça.

Ce n’est pas intuitif : parfois les changements dans les données de la science sont difficiles à faire passer dans la pratique quotidienne ( les recommendations sur le traitement des infections urinaires ont changé 3 fois en 4 ans. J’étais médecin CLIN de la clinique SSR où je travaillais, je me suis arraché les cheveux pour faire passer certains messages à certains de mes confrères).
Et puis parfois, qu’on le veuille ou non, les gens n’en veulent pas de la science. C’est le « j"ai le droit j’ai cotisé, je veux pas du générique, je veux le CLA MO XYL ». Parfois oui, l’expérience du médecin lui fera ignorer les recommandations, souvent à tord, mais c’est de sa responsabilité.
Parfois, certains vont ignorer les recommandations mal faites sur le dépistage de certains cancers ( celui ci, notamment ) et meme si « hors la loi » au début, prouveront que ce n’est pas si évident que ça par la suite.

Et si l’on en revient à tes remarques à toi et à Ewi, ce n’est pas un défaut de formation des médecins généralistes.
Parfois, je préfère lâcher du lest sur une prescription d’antibiotiques, mais avoir accès à la confiance des gens pour enfin faire ce rappel vaccinal qui est, comme par hasard, toujours oublié.

L’être humain est irrationnel. C’est comme ça, il faut l’accepter, et la médecine prend son sens d’art au moment ou je m’adapte à qui j’ai en face de moi. Et c’est pas tous les jours un GZ biberonné à la zététique.
Donc la « main lourde » sur les antibiotiques … ben pas si facile que ça à dire, sans caricaturer.

Maintenant, revenons aux instances des cliniques. J’ai été médecin chef d’une de ces cliniques de SSR. Je m’occupais, du DIM, du CLIN, de la relation aux usager. Autant dire qu’aun moindre problème, c’est moi que la direction sifflait. J’ai participé à 2 certifications V2014 passées haut la main, dont les responsables qualités, je les connais. Et jamais, JAMAIS, quand je discutais avec l’un d’entre eux, ils n’ont pu comprendre cette dimension personnelle de la relation médecin/malade qui parfois nous fera sortir du protocole, avec toutes les bonnes raisons du monde.

Au final j’ai arrêté cet exercice que j’aimais tant, parce que je nous pouvais plus tenir les pressions comptables diverses et variées. Encore un autre sujet :wink:

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Juste pour dire que c’est tellement intéressant de découvrir l’envers du décors.
Merci à vous.

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Warning : on dérive méchamment. C’est dommage, jusqu’ici le topic était intéressant.

P.S. il n’y aura pas de deuxième warning.

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Je vais plus loin que @Faskil (qui a totalement raison) et je nuke la déviation de thread. Pour la dernière fois @Bussiere : relit tes putains de posts, achète antidote, je sais pas, mais là il manquait carrément des mots, certaines phrases n’avaient aucun sens à cause de ça. Et ça n’avait rien à foutre ici. Si la question te passionne, fait un thread, mais une recherche sur le net Net comme un grand sera aussi efficace IMHO.

Fin du warning. Have fun. :stuck_out_tongue:

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Petits disclaimers avant de commencer (aka « déclarez vos liens d’intérêts » :wink: ):

  • je suis généraliste de formation mais je ne l’ai jamais exercé. Donc je ne m’aventurerai pas sur le territoire de Aedeser, et si je le fais il se peut que je dise des conneries
  • le thread est parti de l’homéopathie. Etant fortement impliqué dans le truc, qui est devenu super violent, j’ai vu mes potes partir en jugement, certains être condamnés, l’un trainé au tribunal correctionnel… Donc des types que j’ai traités de connards il y en a un paquet, et ma confraternité s’est émoussée. Les gars en face ne nous font pas de cadeaux, je n’en fais plus non plus. « Comment s’auto-radicaliser sur internet, à propos de mon cas »… Du coup je suis assez braqué sur certains sujets.

On ne peut pas tout demander aux généralistes. A chaque fois qu’il y a une maladie qui émerge dans les media parce que les associations de malades ont réussi à se faire entendre, ça conclut toujours par « il faut que les généralistes soient mieux formés à [ma maladie] ». Oui c’est peut-être vrai, mais en même temps les études sont déjà bien longues (9 ans pour être généraliste, bientôt 10), et surtout très denses. Le généraliste ne peut pas être spécialiste de chaque maladie. Sinon on aura des étudiants à vie qui n’arriveront jamais en exercice.
La psychiatrie c’est une spécialité. Les généralistes y sont formés à leur niveau de premier recours, on ne peut pas leur demander de tout savoir sur le sujet. Il y a les psychiatres pour ça ! Et pour la gestion au quotidien, il y a un enseignement sur la relation médecin-patient, qui est excellent et mériterait, lui, d’être imposé aux spécialistes. Ça ne permet pas de gérer la psychiatrie, par contre ça permet de gérer les à côtés qui sans être de la psychiatrie, sortent du purement somatique.

Pour la reproduction des élites : il y a six mois j’aurais dit que la question était non pertinente. Les médecins se reproduisent entre eux car pendant des années ils ne côtoient que des médecins, qu’ils sont déracinés et parqués entre eux (ça s’appelle l’internat, et le bâtiment s’appelle un internat), à un âge où les gens commencent à avoir envie de se reproduire, et que l’évolution démographique fait qu’il y a parité. Donc à l’heure actuelle il n’y a jamais eu autant de médecins en couple avec des médecins, mais c’est la société qui a voulu ça en nous faisant nous former comme ça.
Avant le médecin homme était avec sa secrétaire, le chirurgien homme avec sa panseuse. La médecin et la chirurgienne n’existaient pas. Donc la situation étaient simplement inexistante.
Là où les choses vont changer, c’est que le choix sur dossier en 3ème année, et la réforme de l’internat à venir, qui était national et va redevenir régional, vont réintroduire le risque (la possibilité ?) de piston. Je n’oublierai jamais ce patron de neuro un peu concon, qui était là parce qu’il était le fils d’un patron de neuro brillant. On risque de revenir à ça. C’est très triste.
Mais à côté de ça, il faut avoir conscience du fait que comme beaucoup de professions à études dures et sélection difficile, ceux qui ont la plus grande probabilité de réussite sont ceux qui viennent des familles les plus aisées ou intellectuelles. En clair, qui réussit en médecine ? Les fils de médecins, et les fils de profs. C’était ainsi parce que ça créait un cadre qui permettait de réussir. Certes c’est inégalitaire, mais ça l’était par un état de fait dont le responsabilité revenait aux types des générations précédentes, et pas par piston. Et les gens qui réussissaient avaient le niveau (vu qu’on jetait 80 % de gens qui l’avaient aussi mais étaient classés au-delà du numerus clausus)… Dans un système sur dossier (à pistons ?), ils ne l’auront peut-être même plus.
Et n’oublions pas que tout ça ne se passera pas via parcours sup, mais au terme de la première année, voire après.

Et je confirme ce que dit Aedeser là-dessus : ma compagne est universitaire, et le message a clairement été « on va sélectionner comme avant, aussi peu de monde, mais plus de la même façon ».
Moi ça me fait rager parce que je vois la pénurie qui s’annonce. Dans quelques années je vais me faire des couilles en or, remplir easy mon planning 8h00-22h00 samedi compris. Sauf que je ne veux pas de ça, je ne gagne pas très bien ma vie pour un médecin, mais je la vis. Et voir les doyens bloquer pour des raisons de « terrains de stage », ça me hérisse. Envoyons les étudiants en libéral, diminuons le nombre de lits à gérer, augmentons l’entrainement sur simulation… il y a des trucs à faire et on a terriblement besoin de plus de monde.
On manque d’universitaires, ce n’est pas faux. Mais les vieux des CNU (les jurys qui nomment les universitaires, pour faire court) imposent aux wannabe universitaires des prérequis académiques qu’eux-mêmes n’ont jamais atteints y compris au terme de leur carrière. C’est de la folie, et dans certaines disciplines même le ministère arrive à la conclusion que c’est inaccessible. Et pas forcément dans des petites spécialités : en ophtalmologie, qui ne publie que dans des revues qui ne sont lues que par des ophtalmo, ils ne peuvent plus nommer d’universitaires car la diffusion de leurs publications est trop restreinte et les candidats galèrent à atteindre les objectifs.
On ne forme pas d’internes parce qu’on n’a pas d’universitaires pour les encadrer parce qu’on empêche les internes de devenir universitaires. L’absurdité à son acmé.

Pour la pénurie rurale, en avant pour une unpopular opinion. La médecine rurale ça n’existe pas en France. Au Canada, en Australie, oui il y a une médecine rurale. En France, on a une médecine pour les ruraux, mais La Ville est à 50 km maximum. La prise en charge est la même à Tarascon-sur-Ariège ou à Lyon.
La pénurie rurale elle est relative. Les gens avaient un médecin dans chaque patelin, « le docteur » était sur la place du marché où on allait tous les vendredis. Et il venait à 4h du matin pour un rhume. Mais ça c’est fini et c’est tant mieux. Si vous pouvez conduire, que vous deviez faire 2 kilomètres ou 15, globalement ça ne vous change pas grand chose. Et si vous ne savez pas conduire, ça ne vous change pas grand chose non plus. Mais les gens ne supportent pas que le toubib soit à 15 km, ça leur provoque une angoisse.
En parallèle de ça on voit des micro-établissements, souvent des maternités, maintenus sous la pression des administrés par des élus qui ont le bras long. Ces structures sont dangereuses, parce qu’elles manquent de praticiens, font appel à l’intérim ou recrutent des médecins étrangers dont la compétence va de « aurait dû être agrégé » à « pourrait éventuellement réussir du tri sélectif à la maison ». A mon sens il faut les fermer, mais ça entraine un sentiment de désertification. Les gens ne réalisent pas que l’alternative c’est soit être bien mieux soignés un peu plus loin, soit être beaucoup moins bien soignés un peu plus près.

Mon opinion concernant la pénurie, c’est qu’il faut réguler tous les accès aux médecins de premier recours. Vous avez un problème ? Vous appelez le XX, un régulateur vous dit si on envoie un SAMU, si vous allez aux urgences, si vous allez chez votre MG, ou si vous allez à la pharmacie. On n’a pas besoin d’aller faire chier son MG quand on est un adulte en bonne santé et qu’on a une gastro qui a commencé hier.

Et un dernier truc, pour éviter que les médecins se concentrent sur les grandes villes. Il faut arrêter de les déraciner.
C’est un cas perso, il vaut ce qu’il vaut. Je suis né à Foix, j’ai fait mes études à Toulouse. Si l’internat ne m’avait pas expédié à Poitiers, je serais soit resté à Toulouse, soit retourné exercer à Foix. Là on m’a envoyé à Poitiers, j’exerce à Poitiers. Je ne connais pas la région, je n’ai aucune attache, je reste sur ce que je connais. Certains de mes camarades sont partis à La Rochelle ; vous comprenez aisément pourquoi, mais ça modifie peu la problématique : c’était attractif là-bas, c’est un ancrage.
Donc qu’on arrête de nous ventiler, et on retournera, au moins pour certains, et probablement en plus grandes quantités qu’aujourd’hui, dans nos campagnes. Mais pas dans les trous perdus, parce que c’est incompatible avec le mode de vie moderne et avec le niveau de qualité des soins que la population attend.

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C’est pas le MG qui chie pour le coup :). Ok je sors. Je lit tout quand même…

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Est ce qu’on peut laisser une femme qui va accoucher faire 2h de voiture sans risque ? Où est-ce qu’on développe les naissances à la maison ? ( vrai question)

Et quand on a voulu supprimer les CNU, ça a provoqué une levée de bouclier de la mort. Et pourtant ce que tu dis est valable dans toutes les sections. Ceux qui m’ont qualifié en 26 et 27 avait des dossiers tellement vides (pour être gentil) que ça en était ridicule.

Ça c’est un autre problème.
Je n’ai pas envie d’aller voir mon médecin quand j’ai une gastro: je sais bien que ça va s’arrêter en une douzaine d’heures et qu’au bout de deux jours max je serai à nouveau en pleine forme, et qu’aller le voir ne changera absolument rien à mon état.
Par contre, mon employeur va me réclamer un certificat d’arrêt de travail (dont personnellement je me fous, puisque pour 2 jours je perds de toute façon mon salaire), et me faire chier comme pas possible si je ne peux pas lui présenter.

En vrai, souvent dans un cas comme ça je prétexte que le médecin n’avait pas de place disponible (ce qui est loin de toujours être un mensonge) et ça se termine en un ou deux jours de congé sans solde.

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Ouai c’est un peu le problème.
Avec mon médecin on peut a priori maintenant avoir des consultations par internet.
Mais plutôt pour renouveler une ordonnance ou je sais pas trop quoi parce que je vois pas trop ce que peut faire un médecin à distance sans t’ausculter. Du coup a part avoir oublié/perdu une ordonannce d’un traitement à plusieurs mois je ne vois objectivement pas ce que je pourrais lui demander. Mais peut être que qu’@OldDoc ou @bipsylalapo pourraient répondre.

Mais ça m’étonnerais qu’il te file par internet un certificat médical sans auscultation.

Pour les naissances à la maison, non, le risque lié à l’accouchement survient parfois d’un instant à l’autre. La grossesse n’est pas une maladie mais le risque de complications existe et les conséquences sévères, donc perso je considère que ça doit se faire en milieu aussi sécurisé que possible. Donc pas dans une maternité « de campagne », justement, et encore moins à la maison.

Mais l’accouchement ne survient en général pas dans la minute. Entre les contractions et l’accouchement il se passe habituellement plusieurs heures. Et dans ce cas il est tout à fait envisageable de se rendre à une maternité par ses propres moyens, ou en ambulance si besoin. Sachant que 2 heures de route, c’est inhabituel : il faut 1 heure environ pour traverser tout un département (sans ambulance). Je serais curieux de voir une carte des lieux qui sont à 2 heures d’un centre hospitalier départemental. Et le risque voiture/grossesse c’est justement de déclencher l’accouchement. Mais quand il est initié, il n’y a plus rien à déclencher !
Après il y a des cas plus limites, par exemple une femme qui a des contractions mais n’est pas en train d’accoucher. Effectivement elle va se taper un trajet aller-retour pour rien… Ou une grossesse qui se complique brutalement. Mais si certaines complications nécessitent d’agir dans les 15 minutes, faut-il placer une maternité à 15 minutes de chaque femme enceinte ? Où place-t-on le seuil ?

Pour appuyer le fait que les accouchements doivent avoir lieu à l’hopital
Nous sommes passés d’une mortalité d’environ 85 femmes pour 1000 naissances à la sortie de la guerre (raccord avec la mortalité de 1% au XVIIIème siècle) à environ 9 femmes pour 100 000 naissances en 2004.

Ce qui appuie le fait qu’il faille avoir des équipes entrainées, c’est que la moitié de ces décès (9/100 000 donc) sont encore évitables …

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1h30 à 2h pour traverser la Haute-Saône (et encore, ça c’est en Juillet). Du coup je me demandais si ça venait de vrais chiffres ou si c’était du pifomètre?
Y’a clairement des routes que j’ai prises à moto que je ne voudrais pas faire la nuit pour aller à la maternité avec le stress (du côté de Privas par exemple)

On est d’accord que par endroits, il y a un vrai problème.

La majorité des décès des femmes pendant la grossesse s’explique par une pathologie préexistante, ou un précarité accrue.
Depuis 1998, les maternités sont organisées en 3 niveaux selon les cas qu’elles peuvent gérer, surtout en néonatalogie.

Le problème de ces normes de sécurité, est qu’elles induisent une qualification particulière du personnel soignant et la présence nécessaire d’un plateau technique suffisant.
Tout ceci a un coût, et depuis le passage à la tarification à l’activité (T2A) certaines maternités n’ont pas pu suivre.
Le rapport de la cour des comptes de 2015 fait un joli tableau du champ de ruines.
A noter que le temps médian maternité/domicile national donné dans le rapport est de 17 minutes, avec des extrêmes allant jusqu’à 1h. Les chiffres donnés par Jeep se tiennent sur ce point là.

Plus de soignant, plus d’argent. Comment faire pour maintenir des petites maternités locales qui seront exposées à des pathologies qu’elles ne peuvent pas gérer (tout simplement car elle n’ont pas une réanimation pour adulte !) avec des femmes parfois en plus grande précarité ? L’exemple de l’Auvergne (dont la moitié de ma famille est originaire et y vit encore) est frappant, avec une mortalité maternelle à 12 femmes /100 000 naissances contre 9/100 000 en moyenne nationale.

Les trous paumés ont été abandonnés par tous les services publics. Vouloir faire de la qualité a un coût, en médecine comme ailleurs (je ne vais pas apprendre ça à des zoniens dans le milieu du dév, vous êtes aussi confrontés à ça tous les jours).

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