C’est curieux, j’ai l’impression que ça ne doit pas être totalement la fête chez Intel ces jours-ci. Il y a quelques semaines, Intel reconnaissait implicitement sa culpabilité en matière d’entraves sérieuses à la concurrence contre AMD en payant ce dernier pas moins de 1,25 milliard de dollars, la possibilité de faire faire ses CPU n’importe où et quelques autres promesses. Le pire, c’est que si en échange AMD retire toutes ses plaintes contre Intel, cela ne veut pas forcément dire que les poursuites engagées vont s’arrêter là. Prenons, par pur hasard, la Commission Européenne : il y a de fortes chances pour que l’amende record infligée à Intel reste toujours à payer. Cela dit, entre ça et prendre le risque de payer encore quelques milliards un peu partout, il faut bien avouer que c’était un marché d’autant meilleur que AMD est à moitié mort et ne pouvait pas non plus se permettre de refuser autant de sous d’un seul coup.
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Et voilà donc que hier, Ars Technica et AnandTech apprennent que Larrabee, le grand projet d’Intel en matière de GPU est en train de prendre une direction assez différente et lointaine de la commercialisation initialement envisagée.
Pour ceux qui n’auraient pas suivi, Larrabee est le retour d’Intel dans les GPU haut de gamme et réellement performants, avec à la clé une architecture matérielle et logicielle innovante. Le principe était de coller des dizaines de c�?urs de processeurs x86 ressemblant furieusement à un Pentium 1 avec quelques instructions vectorielles en plus, un gros bus mémoire et tout. Côté logiciel, le but était de produire une couche logicielle très programmable, qui pouvait se transformer en driver DirectX, OpenGL ou n’importe quoi d’autre et laisser le programmeur faire ce qu’il veut avec l’indéniable avantage de l’architecture sous-jacente, le x86, utilisé dans tous les PC depuis que le PC est PC. Ce qui permettait en théorie une certaine facilité pour porter les programmes et une souplesse absolument énorme en matière de programmation puisque Larrabee devenait littéralement un gros coprocesseur massivement parallèle. On aurait pu en faire un GPU, un truc pour faire des calculs de physique, les deux à la fois et le grand dada d’Intel était de montrer comment on pouvait faire du lancer de rayons avec un jeu genre Quake 4. Au fond, il n’était pas spécialement inconcevable de le voir débarquer au milieu d’un CPU normal, en supplément de quelques c�?urs plus généralistes. Cela aurait pu donc être une belle révolution majeure et fondamentale.
Il faut croire que les gens qui voyaient potentiellement cela comme un nouvel Itanium n’avaient peut-être pas tord.
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Or donc, Intel a clairement dit à Ars Technica et d’autres sites comme AnandTech que suite à de multiples retards dans le développement du matériel, Larrabee va devenir un processeur expérimental de démonstration. Mais attention, on parle juste de la première puce, celle qui était sensée venir quelque part entre 2009 et 2010. Le projet de créer un GPU et les bases de l’architecture sont toujours là. Selon la nature du problème, qui pourrait être soit de parvenir à coller suffisamment de c�?urs sur une même puce soit un problème dans la couche logicielle, certains se risquent à estimer une date de sortie d’un GPU commercial quelque part en 2011 ou 2012, ce qui fait que Larrabee n’est officiellement que reporté à plus tard.
Je suppose donc que Nvidia et AMD doivent énormément se réjouir, car un tel retard permettra aux deux larrons de gagner du temps, l’un pour se creuser sa niche dans le GPGPU avec ses monstrueux Tesla et les puces embarquées genre Tegra et l’autre pour enfin parvenir à ses rêves de fusion du CPU et du GPU dans une même puce. De fait, cela leur laisse à peu près un à deux ans de plus pour préparer l’arrivée d’Intel et l’attendre comme il se doit, ce qui compte tenu de leur avance actuelle pourrait bien faire une sacrée différence.
Heureusement que les Core iX d’Intel marchent bien.