Bonsoir à tous.
J’ai eu la folie de m’inscrire avec une amie au concours de plaidoirie de ma fac, nous avons eu le sujet mercredi soir, nous plaidons ce soir (jeudi), ce qui ne laisse effectivement pas beaucoup de temps de préparation si on veux continuer une vie normale (mis à part l’heure de ce message et de mon coucher potentiel).
J’ai ecris un texte, je le soumet à votre critique.
Les plaidoiries doivent être amusantes, et durent un dizaine de minutes.
Donnez moi très honnétement votre avis, je ne peux qu’améliorer tout ça.
Notre thème est : Ce n’est pas en tournant le dos aux choses qu’on leur fait face.
Et nous sommes CONTRE !
Je compte vraiment jouer ce texte, plus comédien qu’avocat dans l’âme (bien que les deux soient proches par moment)
Merci à tous
et bonne nuit
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Comme notre contradicteur vient de le montrer brillamment, on pourrait facilement se laisser emporter à adhérer à une vision bien simple de la question de la facialité de l’approche des événements dans l’affrontement.
Malheureusement, esprit chagrin, et surtout contradicteur attitré que je suis, je ne peux vous laisser dans la béance d’une information aussi lapidaire !
Il faut en effet bien discerner la volonté de faire face de face, et celle de faire face de dos. Et quand je dis cerné, je sais de quoi je parle.
- Faire face de face, ou risquer d’en prendre plein la face
Qui d’entre nous n’a pas déjà étayé cet argument par l’expérience ? En particulier vous, mesdemoiselles ?
Qui n’a jamais un jour regretté très rapidement son héroïsme, sa bravoure, son dernier whisky ou encore son sens inné mais très récent de la séduction ? (quoi qu’on puisse pour beaucoup rapprocher de dernier du dernier whisky…).
Pour ceux qui ne se rappellent pas, et pour les menteurs, aussi, j’illustre. (pas la peine de rajouter inconnu, elle est trop facile)
Prenons l’ami Rémi, beau garçon mais pas très futé. Étudiant en droit. Il m’a raconté son histoire tout à l’heure.
En vacances dans une station balnéaire de la méditerranée, emporté un soir par l’ivresse de la fête et la proximité de la gent féminine tout aussi heureuse de se détendre que lui, Rémi s’offre de raccompagner la jolie Brigitte au domicile parental, en espérant une union rapide par les liens sacrés du mariage, dans un premier temps.
Mais malheur ! Sur la croisette, nos deux amoureux éméchés croisent de jeunes et dangereux bandits des villes qui osent aborder la belle Brigitte et faire de mauvaises blagues avec son prénom !
N’écoutant que son cerveau, d’un gabarit au demeurant hors du commun et que Brigitte se fera bientôt une joie de rencontrer, Rémi se rue sur quelques-uns de ces empêcheurs de pêcher en paix.
Au terme d’une lutte terrible (c’est sa version) les jeunes gredins déguerpissent. Restent sur le pavé, nos deux amoureux amochés, cette fois.
Brigitte, qui connaît ses classiques déclame « face à la mer, j’aurai du grandir, face contre terre, j’aurai pu mourir »
Puis elle s’écroule sur l’épaule de Rémi, sanglotant « J’en ai pris plein la face, et toi aussi, mon ami Rémi, mais pourquoi n’as tu pas attaqué de dos, Rémi ? »
Laissons de côté nos amoureux ils vont s’occuper tous seuls, et revenons à nos moutons.
Brigitte a raison ! Pourquoi faire face de face ? Ces jeunes sacripants n’auraient-ils pas mieux été traités par le mépris et le dédain ? N’aurait-on pas évité ainsi de laisser jaillir ce liquide naturel, légèrement sucré et chaud, toujours source d’évanouissements et de cris (je parle de mon cas), le sang ?
Qu’a gagné Rémi à faire face ? A t’il sauvé son honneur ? Peut-être, mais au prix de celui de Brigitte ? Et est ce qu’une petite rime en ‘ite’ méritait autant d’attention ?
- Faire face de dos, c’est faire face sans risquer ses fesses (au figuré)
La deuxième (et dernière, vous penserez à réveiller les dormeurs et à fermer la porte en partant, merci) partie de notre argumentation (et qui a du reste fort bien commencé, vous me l’accorderez) vous prouvant l’inutilité de faire face de face au profit de faire face de dos, va nous permettre d’éclaircir tout cela, en usant toujours très subtilement d’exemples d’une pertinence à faire pâlir les sondages présidentiels et de non moins subtils jeux de mots douteux qui, j’ose l’espérer, me permettront de vous tenir encore éveillés quelques instants.
Faire face de face, c’est risquer sa face, justement, et dieu sait que dans notre société, notre face, notre apparence est importante. (je ne m’aventure pas sur un critique de cette société, elle fera l’objet de notre prochaine plaidoirie)
Tandis que les parties les plus reculées de nos organismes ne sont visibles que dans quelques situations, par des personnes convoquées à des fins précises. On risque donc moins à les exposer au danger, puisqu’elles le sont moins, exposées.
Faire face de dos, c’est donc aller au-devant des choses, bien entendu, ne restons pas statiques, mais en gardant à l’esprit qu’une tête bien faites vaut mieux qu’une tête bien pleine (d’objets contondants et autres morceaux de ferrailles à but mortifères, à fortiori). Parlez en à Mickael Jackson, lui est expert en tête bien faite, il approuvera mes dires !
En pratique, comment appliquer cette théorie ?
Demandons à notre Éros (avec un grand é) national, à notre idole qui a su rassembler toutes les générations, à notre héros (avec un grand H, cette fois) de croisades glorieuse contre de nombreuses nations hostiles et surtout à notre grand frère rêvé, gendre idéal ou beauf parfait (au sens de beau-frère, vous m’avez compris), Zinedine, Zidane.
Cet homme qui, au long de sa carrière a toujours su faire face de face, souffrant, endurant les coups, encaissant les buts, et, enfin, tel un christ qui se serait fait footballeur pour le plus large public qu’aucune parabole n’avait jamais attiré, qui s’est révélé messie et prophète à la fois.
Simplement en tournant le dos à ce gladiateur romain, méprisant jusqu’au bout de son crampon pour cette haine nourrie de pizzas, de spaghettis et de sport collectifs. Il a su nous transmettre son message : montre ton dos, méprise la difficulté, mais le moment venu fais face !
Cher jury, cher public, chers vous….