L’industrie du livre a fait une erreur encore plus grande que l’industrie du disque ou du film.
Un album de musique ou un film ou une série télévisée ne se partagent pas “si” facilement. Pour la génération de mes parents ça reste un truc de hackers qu’on voit dans Les Experts ou au JT sous la forme d’un mec cagoulé penché sur un clavier… Pour dix ou vingt ans la mafia du livre a encore cette génération là comme vache-à-lait, tandis que la génération de mon petit frère se fait très vite à une consommation légale (Netflix, Spotify/Deezer etc.).
Par contre j’ai vu des gens de 60 ans se passer une clé USB en disant “tiens, regarde pour la liseuse que les enfants t’ont offerte à Noël, là dedans il y a plusieurs milliers de livres”. Et il n’y a pas que les oeuvre élevées au domaine publique dans ces milliers de livres, il y a de tout, de 50 shades à l’intégrale d’Umberto Eco ou d’Amélie Nothomb… Et ils sont très rapides à comprendre que c’est exactement ce qu’ils pouvaient faire à l’époque avec une K7 audio ou une VHS, et le mot “piratage” ne leur vient même pas à l’esprit.
On parle des gens qui n’ont pas été soi-disant éduqués à la gratuité et au partage en masse… De ceux qui ont théoriquement le meilleur pouvoir d’achat (si on compare par générations, pas par milieu social). Alors un livre numérique à 12EUR, qu’il faut en plus aller chercher sur Internet sur les sites les plus mal foutus de la Terre…
Car oui, en plus du prix il y a aussi l’accessibilité au produit qui est une catastrophe. Sur le site de la FNAC, plus gros libraire français en ligne à ma connaissance (Amazon ? j’ai un doute je vérifierai), il était jusqu’à assez récemment impossible depuis la section “livres” (sous-entendu en papier) d’accéder au même produit en version numérique et inversement. J’ai posé la question à des collègues qui y travaillent : ce sont des bases de données différentes et un projet pour recouper les infos et les agréger pour les présenter correctement lors de la navigation est jugé très complexe… Sans compter que si vous achetez un livre sur le site de la FNAC, vous obtenez un fichier nommé selon un hash immonde (vécu il y a deux ans), alors que n’importe quel epub récupéré en tipiak est correctement composé du titre et de l’auteur, avec le n° de tome etc.
Rajoutez à ça toute une série d’autres défauts selon le contexte : DRM, séries incomplètes, pas ou peu de livres en VO…
Mais à part ça, se préter des livres entre particulier est une fraude selon l’industrie du livre…
https://www.actualitte.com/article/monde-edition/la-start-up-booxup-visee-par-une-enquete-de-la-brigade-de-repression-des-fraudes/60403
Je vous jure il y a des gens qui méritent de finir au goudron et aux plumes.