Shotgun Stories

Shogun Stories! Superbe et court premier film de Jeff Nichols réalisé dans un trou pommé de l’Arkansas. Un affrontement crescendo, tragique et fratricide entre deux familles, des enfants de la terre, issues d’un même père, un pater anciennement violent et alcoolique pour les uns, plus récemment concerné et frais catholique pour les autres. Des frères, qui s’aiment et qui se haïssent parce qu’ils partagent un père à deux visages, parce qu’ils n’ont pas la même mère.

Son, Boy et Kid Hayes (l’alcoolisme d’un père face au choix du nom de ses enfants) sont un peu las. Son, l’ainé, est entrain de perdre. De l’argent aux jeux, sa femme et son fils, tout court. Boy vit dans un van crasseux grillé sous le soleil d’été, garé en bord de lac, entraîne une équipe de basket composée de trois jeunes joueurs. Kid, le plus jeune, s’endort sous une tente, dans le jardin de Son. Pendant ce temps les moissonneuses battent le coton. Et la violence gonfle.

Les trois acteurs sont assez remarquables, jouent juste sans jamais s’imposer, mention spécial pour Michael Shannon (vu dans World Trade Center, Bug et Vanilla Sky (je vois pas trop où)) calme et plein de rage contenu.

Jeff Nichols pour son premier film ose les silences, hail to Nichols, il ose des plans fixes épurés. Tisse le film autour du passé mystérieux de Son. Le film est beau. La musique, une rencontre entre Pyramid et Lucero, habite le film, un air de guitare pincé qui tourne autour, plonge sur une scène pour revenir en fin de chapitre. La sensibilité du cinéma indépendant américain se cristallise ici sous nos yeux et dans nos oreilles. C’est sec, chaud, simple, plein et hmmm beau. Je l’ai déjà dis.

L’affiche est superbe aussi.

Voilà, très bien dit. Excellent premier film, vraiment poignant et très bien interprété. J’ai adoré.

A voir !

Ce soir (mercredi) sur Canal+ pour ceux qui n’auraient pas pu le voir en salle.