Récité épique d’une journée crash test.
Je quitte le bureau en fourbe à 16h30… Pour filer chez moi sauter dans mon cuir…
Sauf que précipitation oblige, je peine pour enfiler un cuir car je suis en nage ET QUE CA COLLE.
Il n’y a qu’une poche dans ma combinaison une pièce, je décide donc de ne prendre que mes papiers et un multi usage leatherman sous la selle de la moto (dans le coffre quoi).
Il est 16h50, je file sur Carole.
Et là, c’est le drame. Sur le périphérique, un camion de pompiers remonte sirènes hurlantes entre la seconde et la troisième file.
Comme les voitures se serrent pour le laisser passer, impossible de remonter, et il n’avance pas.
Après dix minutes derrière je trouve une ouverture sur les files de droite, remonte et passe devant… Pour voir plus loin un tmax 500 et le conducteur (conscient) à qui on posait une minerve.
Plombage d’ambiance, première séquence.
J’essaye de me vider la tete de cette image et remonte dans mon cuir inconfortable (parce que neuf) le périphérique, puis l’A1.
Tiens, l’A1 est en travaux. Joie. ET en bouchons. JOIE. Et ce cuir semble être taillé pour quelqu’un qui n’a pas les bras et les jambes faites comme moi, ile me gêne au bassin.
Donc c’est finalement à 17h30, j’arrive au circuit, je saute dans la cabine pour m’inscrire, M_le_maudit arrive, tout va mieux.
Sauf que non, on poireaute quinze minutes en prégrille parce qu’il y a eu une chute (sans bobos).
Ypeee. Ambiance, deuxième séquence.
Donc on part, et ce fumier part devant sur la prégrille. De 5/6 motos.
Je fais mon premier tour cool (parce qu’on attaque pas comme un gogol quand les pneus sont pas chauds, dixit Adrien Morillas instructeur-jedi du stage de pilotage), mais la combinaison cuir m’entrave. A mon stage de pilotage le pantalon que l’on m’avait prêté m’avait entravé la première demie journée avant qu’il ne se fasse ou que je ne me mette à bouger différement.
Donc deux tours, les pneus chauffent tranquille, les premiers en 1000 et pneus course (qui chauffent beaucoup plus vite sous les chevaux et à cause de leur carcasse souple) me déboitent déjà.
Je commence à accélérer, mais je n’arrive pas à garder de la vitesse en courbe, ou à prendre de l’angle.
Je ne pense qu’à mes freinages (j’adoooore freiner tard) et à ce cuir qui m’empêche de déhancher bien ouvert sur cette moto de lutin.
Je freine de plus en plus fort, à en perdre les repose pieds (pieds qui glissent). Les surpuissantes 1000 de 160 chevaux me punissent dans la ligne droite mais freinent presque 25 mètres plus tôt, j’en suis à viser un peu avant la dernière quille pour prendre les freins à Hotel. Et à freiner encore durant la mise sur l’angle (c’est mal, ca tire sur les pneus)
Je m’amuse avec un 600 hornet, qui me bouchonne dans l’entrée de la parabolique et aux freinages et qui me dose dans les lignes doites. On rigole deux tours, et hop, je le passe a Hotel, je l’oublie à Golf (nom de l’avant dernier et dernier virages) et puis s’en vont. Je suis toujours entravé par mon cuir, mais je commence à me détendre un peu, à garder plus de vitesse, à frotter un peu à droite dans les grands virages où j’ai le temps de bien me replacer sur la moto.
Je commence a faire beaucoup de buée dans le casque au freinage, les bras un peu durs, encore un tour et je m’arrête. C’est comme en ski, quand tu commences à faire des erreurs et à fatiguer, c’est que la chute est proche.
Donc je finis mon dernier tour, les freins commencent à être un peu chauds et j’élargis un peu à Hotel. Tellement qu’un ruffian en GSXR 1000 me double au freinage (ma moto est plus légère d’une bonne cinquantaine de kilos). De quoi ?
Et le monsieur, fort de ses gros chevaux, me largue. Qu’importe, je vais essayer de sauver la face à Golf. Raté, le frein est un peu mou, la roue arrière dribble et j’élargis comme une daube. Ca tombe bien, je voulais sortir du circuit, j’ai peut être pas pris la bonne ligne. Je suis en sueur.
Donc je lève la main gauche et je sors voie des stands, au ralenti… et je m’arrête.
Et je freine pour m’arrêter. Le levier de frein avant s’enfonce jusqu’au guidon sans la moindre résistance, comme si c’était un faux. Je m’arrête au frein arrière.
Plombage d’ambiance, troisième séquence.
Zéro frein avant. Le frein avant c’est juste 98% de ton freinage sur circuit.
Ah
Deux trois fans de tuning viennent me dire que c’est à cause de la durite d’origine (qui a bien tenu, tout comme le disque et les plaquettes).
Des gouttes commencent à tomber sur le circuit. Merde.
Je décide de laisser le grain passer et les freins refroidir.
Je me lèche un doigt et passe de la salive sur l’étriuer, c’est bien chaud.
Mais que vois-je ?
Une perle de liquide clair suinte de dessous le capuchon en caoutchouc de la vis de purge de l’étrier.
SACREBLEU.
Je prends le chiffon sous la selle, retire le capuchon et essuie le liquide de frein corossif. Le levier est toujours sans résistance après dix minutes. Je tente de resserrer la vis de purge avec la pince du leatherman, mais elle est bien serrée, la coquine. Cela perle par le trou de la vis, donc pas de souci quant au filetage…
Pas étonnant que les freins se soient évanouis.
Je pense à la dilatation de l’étrier surchauffé qui aurait modifié la géométrie de la portée de la vis de purge…
Je pense aussi que je suis passé pas loin de la correctionnelle (comme charly #96 qui a tiré tout droit à alpha dans la course supermono).
Je vois El_myth qui est arrivé pour prendre des photos, et je me sens super penaud… Je lui ai demandé de venir et en fait la guerre est finie, je l’ai perdue contre les brembo et la pluie finit le boulot. On sort de la piste, on va payer, et j’ai les boules. Mes freins remarchent presque normalement. Les amis de M_le_maudit qui prenaient des photos n’en ont pas eu une de moi (ils voulaient me prendre au tour où je suis sorti)
Je repars par la route, direction l’A1, sous une sale pluie ensoleillée. Je n’ai pas pris mes lunettes de soleil, la route ultrabrille. Je me fais toute l’A1 en braille. Porte maillot, Place de l’Etoile en travaux, pavés gras et roue arrière qui patine, j’arrive en combinaison de piste en bas de chez moi. Digicode, interphone. Rien. Interphone. Les enfants de la concierge ont fui en voyant arriver un terminator en cuir barriolé. Et la femme de ma vie n’est pas à l’appartement, je n’ai pas les clés. Fermé dehors. Heureusement la gardienne a un double des clés, elle est semi morte de rire de me voir déguisé en bioman.
Je rentre à la maison, mon t-shirt est trempé, mais de bonheur… Et j’ai mal partout, jusqu’à la plante des pieds.
Je suis content d’avoir roulé, même si j’ai pas bien roulé, l’état de mes pneus (à peine marqués) en atteste, j’ai roulé comme avec mon vieux 1200 au lieu de garder de la vitesse en courbe. Et il faut que je fasse ce cuir, créboudiou.
On la refait, mais avec des RTT ?
PS : El_Myth, je suis DESOLE. Tellement désolé. Je ne sais que faire pour me faire pardonner.
PS² : la photo du pneu, c’est celle du “cochon” hein…