Allez, ne faites pas semblant, je sais que vous attendiez avec impatience ce jour magique qu’est le premier septembre. Rentrée des classes ? Sortie de la PSP ? Que nenni, ici on parle de choses vraiment importantes, c’est aujourd’hui qu’Intel réponds aux accusations d’AMD qui à, je le rappelle pour ceux qui ont hiberné tout l’été (c’est l’hiver qu’il faut hiberner les gars) attaqué son concurrent de toujours auprès de la cours de justice du Delaware pour pratiques monopolistiques et anti-concurrentielles. Une petite piqûre de rappel s’impose peut être. Ca y’est ? On continue.
Comme on pouvait s’y attendre, la réponse d’Intel est plutôt complète puisque face aux 48 pages de vannes d’AMD, Intel en présente pas moins de 63. Peut être un peut trop d’ailleurs tant parfois on à l’impression qu’Intel essaye de se justifier d’un peu tout et n’importe quoi. Si le document d’AMD avait l’avantage d’être particulièrement romancé, voir même d’être capable de nous tirer une petite larme (allez, ne faites pas vos gros durs, il y’a un cœur qui bat sous votre t-shirt de geek), chez Intel on va dans le pragmatisme. Il y’a quand même quelques vannes un peu faciles, ça tombe bien, on adore ça comme lorsque Intel, en se moquant des problèmes de volume d’AMD cite une phrase de son ancien emblématique et truculent CEO Jerry Sanders : « real men have fabs » (les vrais hommes ont des usines). C’est vraiment bas mais encore une fois, on adore.
Bien entendu, chez Intel on mise tout sur les problèmes de capacité d’AMD en revenant sur l’arlésienne UMC : AMD avait contracté ce fondeur Taiwanais pour l’aider dans la production de ses CPU sans grand succès. On rappellera que de nos jours, la totalité des processeurs AMD sortent de la fab de Dresde située en Allemagne (fab 30). Une usine dont le très coûteux agrandissement (la fab 36) aura pris beaucoup plus de temps que nécessaire et qui handicape AMD dans le sens ou Intel les considère comme « capacity constrained », comprendre qu’ils vendent tous les processeurs qu’ils produisent. Pour info, on espère chez AMD que cette fab 36 entrera en production dans le courrant de l’année 2006.
Intel en profite pour nous pondre un petit roman sur le fait qu’ils ont inventé le microprocesseur en 1971 (ce qui est, au minimum, très contesté) et que c’est grâce à eux que l’industrie du semi-conducteur pèse la bagatelle de 226 milliards de dollars. Par an. Il n’y a pas que le BTP qui soit un métier d’avenir apparemment. Intel se gausse également d’avoir continué à investir lors de la crise de 2001-2003, un investissement qui paye, selon eux, aujourd’hui ses fruits. Je pense qu’ils ne doivent pas parler du Prescott. Le succès d’Intel viendrait, toujours selon eux, de leur capacité à apporter des produits toujours meilleurs par le bias d’innovations technologiques, de management intelligent et de prise de risques considérés. Intel se gausse enfin des PC à moins de 300 dollars que l’on trouve chez Dell. A leur place, j’aurai évité d’évoquer ce point…
Pour ce qui est de ses relations « particulières » avec ses partenaires, Intel aime à rappeler qu’ils sont capables, eux, d’offrir à la fois des produits performants, des volumes de livraisons garantis et des coûts compétitifs. Pan.
Côté innovation, Intel n’hésite pas à citer des publications qui décrivaient les Athlon et Athlon XP comme non compétitifs et en fin de course. Et pour ce qui est de l’Athlon 64, il était de toute façon en retard. Comme le Pentium 4 à 4 GHz ? Intel se sert également des parts de marché de sa plateforme Centrino pour montrer à quel point son innovation à réussi à populariser le WiFi pendant qu’AMD jouait dans les bacs à sable. Il est par contre assez ironique de voir Intel reconnaître dans son document que lorsque AMD propose de bons produits, le marché est prêt à les adopter. Ils prennent le cas de l’Opteron ou AMD dépasse depuis peu les 10% de parts dans un marché sur lequel ils étaient jusque là absents. C’est plutôt ironique pour ceux qui ont assisté à l’IDF la semaine dernière et qui ont entendu Paul Otellini dire « qu’il préférait laisser parler le marché et qu’il n’en dirait pas plus » plutôt que d’avouer qu’AMD avait un produit compétitif face à ses Xeon. Déjà qu’il n’était pas facile d’être français à l’IDF…
Quelques points complémentaires :
- Intel admet qu’AMD est son concurrent sur le marché des microprocesseurs, mais dément qu’il existe un marché spécifique autour du X86. Stupeur.
- Intel nie qu’AMD à obtenu un quelconque leadership technologique avec sa technologie 64 bits lancée en 2003 avec ses Opteron. Il faudrait savoir !
- Camelot n’aurait jamais existé. Allez comprendre.
- Intel nie en bloc avoir copié le jeu d’instruction 64 bits d’AMD, et que c’est une pure coïncidence si son propre jeu d’instruction est complètement compatible avec celui de son concurrent. Voui voui voui…
- Intel considère VIA comme un fabricant de CPU. C’est bien les seuls
- Plus important, Intel nie avoir admis les charges de la JFTC (mais si, vous avez lu la news précédente alors vous savez de quoi je parle) à propos de pratiques qui auraient poussées Sony et Toshiba a n’utiliser que des processeurs Intel. Les bleus admettent cependant qu’ils ont été punis par la JFTC, mais qu’en aucun cas ils ne reconnaissent les faits. Condamnés à tort en somme…
- Intel nie que le fait d’intégrer le contrôleur mémoire au sein du processeur apporte un quelconque bénéfice. Celle là, je la garde au chaud et on en reparle dans 2 ou 3 ans.
Finissons par ce qui est de loin le point le plus technique du débat : ICC, l’Intel C++ Compiler qui est amplement utilisé dans l’industrie du jeu vidéo et des logiciels multimédia car il est le considéré (à raison) comme le plus performant des compilateurs disponibles. AMD clame (à raison) qu’une série d’optimisations sont incluses pour les processeurs Intel uniquement. Attention, c’est important alors accrochez vous : selon Intel, leur compilateur place ces optimisations uniquement sur les processeurs sur lesquels elles sont capables de tourner. Je ne veux pas vous gâcher le suspens du formidable numéro 174 de Joystick qui sortira dans quelques semaines alors je n’en dirais pas plus, mais on risque de parler beaucoup de l’ICC dans les semaines à venir. En attendant, si vous envie de vous cultiver sur ces optimisations, je vous conseille de Googler sur « iccOut », il y’a des trucs croustillants mais c’est un très très vieux débat (et puis ça ne vous dira pas ce que vous pourrez lire dans le numéro 174 de Joy, je vous aime bien mais c’est qu’il faut que je mange, aussi).
Vivement la suite…
Et si vous n’arrivez pas à dormir :