En tant qu’artiste (d’ascenseur), mon point de vue est simple : je ne vois pas l’intérêt. Le CD est entrain de crever, le medium de prédilection pour un jeune artiste qui se lance, c’est clairement le digital (mp3 ou wav). Et s’il s’agit de se graver des cd pour faire sa promo (donc, les envoyer à des labels), autant le faire chez soi, sans qu’Amazon ne prenne sa comm.
Le seul avantage qu’on peut y voir, c’est d’être présent sur un portail de la taille d’Amazon. Sauf que, comme cela est accessible à tout un chacun, sans restriction, je vous laisse imaginer l’embouteillage que va générer ce concept d’ici quelques mois, voire quelques semaines. Du coup, bon courage pour sortir du lot. Alors, oui, les « royalties » sont un peu plus importantes que lorsqu’on passe via un label (ou c’est généralement du 50/50), mais vous oubliez un truc : Amazon fait zéro travail de promotion, et ça, c’est super important.
J’adore Ratiatum hein, mais ça me fait pisser de rire de lire « C’est donc toute l’industrie culturelle dans son ensemble - du moins dans son activité d’édition - qui est rendue complètement caduc. » Sérieux, quoi, les effets d’annonce, faut arrêter. L’édition, ça ne se réduit pas à graver des CD. B)
Quand on signe sur un label, on profite de son réseau de contacts, de sa structure de promotion et de distribution. Amazon n’offre rien de tout ça. Et croyez-moi, ça prend du temps ces conneries. Faut choyer son entourage, les tenir au courant des sorties, leur envoyer les mp3, demander du feedback, recibler ses produits, etc. Si les labels existent, même les netlabels, c’est pas juste pour faire joli ou donner de la crédibilité à vos morceaux. Il y a aussi une structure qui vous soutient derrière.
En gros, pour moi, ça va juste donner l’illusion à Robert, qui fait un peu de gratte dans son garage, que les voix du succès sont à sa portée. Et à Amazon, au passage, de se faire un peu de thunes en profitant de l’effet d’appel que va générer le concept. Ca s’adresse donc avant tout aux amateurs qui veulent le rester, pas aux artistes qui cherchent à percer. Et certainement pas aux netlabels, qui ont déjà à leur disposition d’autres outils confirmés et performants (comme CDJshop, par exemple).
Edit : J’ajouterais, pour tempérer, que c’est une réaction normale (et intelligente) de la part du secteur de la distribution, probablement la première d’ailleurs. Soyons clairs : à terme, les intermédiaires sont voués à disparaitre. Les labels et les artistes vendront directement leurs produits au consommateur, on n’y coupera pas. Face à ça, Amazon fait le pari de recentrer sa distribution pour rester dans la course. Et c’est un joli pari. Qui va probablement payer. Mais qui ne changera pas non plus la face du monde pour les « professionnels de la profession ».