Le débat concernant le projet de loi DADVSI, jugé par certains comme très répressif sinon liberticide, et qui a débuté dans la soirée de mardi dernier, a réservé hier soir vers 23 h une grosse surprise aux nombreux internautes qui étaient les yeux rivés sur la retransmission en direct. Un amendement voté, ou plutôt deux amendements quasi-identiques, émis l’un par Alain Suguenot et Christine Boutin, députés de droite, l’autre par le socialiste Patrick Bloche, ouvrent grande la porte à la légalisation du P2P.
Les textes bruts:[ul]
[li] Amendement 153[/li]
I. - Le 2° de l’article L. 122-5 du code de la propriété intellectuelle est complété par une phrase ainsi rédigée : « de même, l’auteur ne peut interdire les reproductions effectuées sur tout support à partir d’un service de communication en ligne par une personne physique pour son usage privé et à des fins non directement ou indirectement commerciales, à l’exception des copies d’un logiciel autres que la copie de sauvegarde, à condition que ces reproductions fassent l’objet d’une rémunération telle que prévue à l’article L. 311-4* ; ».
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[li] Amendement 154[/li]
Le 2° de l’article L. 122-5 du code de la propriété intellectuelle est complété par une phrase ainsi rédigée : « de même, l’auteur ne peut interdire les reproductions effectuées sur tout support à partir d’un service de communication en ligne par une personne physique pour son usage privé et à des fins non directement ou indirectement commerciales, à l’exception des copies d’un logiciel autres que la copie de sauvegarde, à condition que ces reproductions fassent l’objet d’une rémunération telle que prévue à l’article L. 311-4* ; ».
[/ul]* article visible ici
Concrètement, ce(s) texte(s) autorise(nt) le téléchargement de films et de musique sur internet pour son usage privé, de la même façon que nous pouvons, aujourd’hui encore, copier un DVD ou un CD (“exception de copie privée”), certains députés s’exclamant lors du résultat du vote (30 pour/28 contre) : “Nous venons de légaliser le téléchargement par P2P”.
Les bases d’une “licence globale”, redevance s’ajoutant aux abonnements internet, proposée sinon imposée aux internautes pour rémunérer auteurs et ayant droits, sont également jetées (on parle beaucoup d’une somme de 6,90 € par mois).
Pour la petite histoire, ce vote surprise ayant jeté le trouble dans l’hémicycle, une suspension de séance de dix minutes a interrompu les débats durant en fait une petite heure (hé oui…), le temps que la petite soixantaine de députés présents réalisent la situation.
Parmi les premières réactions non politiques ou journalistiques notons celle de L’ADAMI, qui gère des droits des artistes interprètes et qui dit applaudir cette mesure.
Attention cependant, les “peertopeeristes” devront modérer leur enthousiasme et garder en tête que si le téléchargement est (temporairement ?) légalisé, c’est loin d’être le cas pour la mise à disposition des fichiers (upload) et surtout que le gouvernement a l’intention de demander une seconde délibération dans la journée pour écarter ces modifications de son texte.
Affaire à suivre, les débats devant reprendre dans la journée (cette news est évidemment susceptible d’évoluer en fonction de l’actualité).
Sources : silicon.fr, lefigaro.fr, 01net.com et surtout assemblee-nationale.fr.
[b]UPDATE (23/12/05) :[/b]
A retenir la réaction plus qu’hostile à la licence globale, hier, jeudi 22 décembre, de certains artistes parmi les plus connus et de leurs organismes tels : la SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique), la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques), l’UPFI (Union des producteurs français indépendant), le SNEP (Société nationale des éditeurs phonographiques), le SNAC (Syndicat national des auteurs et des compositeurs). Applaudissements en revanche du coté de la SPEDIDAM et des associations de consommateurs.
Les débats ont continué dans la confusion durant la soirée d’hier, jeudi, dans un hémicycle plus désert que jamais. Le gouvernement en la personne du Ministre de la Culture, a proposé de revoter les deux amendements “contraires à l’esprit du texte”, se heurtant au refus du président du groupe UMP, Bernard ACCOYER, qui lui a asséné un cinglant “L’assemblée n’est pas une chambre d’enregistrement. (…) Il n’est pas question de revenir à cette heure sur ce qui a été voté”.
Les deux articles les plus sujets à polémique ont été “réservés” par le gouvernement, ce qui signifie que leur discussion à été reportée à la fin de l’examen du texte. Les débats prenant fin vers minuit, après les interminables tirades habituelles, seuls quatre articles* au total sur les 21 que compte le texte, ont pu être examinés. Les débats reprendront en principe après la fameuse “trêve des confiseurs”, c’est à dire vers la mi-janvier.
Sources : lefigaro.fr, boursier.com, zdnet.fr.
*[ndlije : Comptez sur moi pour revenir en détail sur le contenu de ce qui a été voté cette nuit, si j’arrive a déchiffrer leur jargon et à comprendre ce que ça implique]