L’industrie du Jeu Vidéo en France va mal, ce n’est pas une nouveauté. Plusieurs initiatives sous forme associative (comme l’association Jiraf) ou de personnalités politiques sont apparues depuis deux ans afin d’aider le secteur. L’Europe tout d’abord en juillet 2003 a dépêché la commissaire Viviane Reding pour faire un état des lieux sur l’Europe. C’est ensuite l’Etat Français qui a dépêché Fabrice Fries dans la même période pour faire cette fois un état des lieux du secteur en France. Au mois de décembre, c’est le premier ministre Jean-Pierre Rafarin qui prend des mesures en faveur de l’industrie Française du jeu vidéo (augmentation de 1,5 à 4 millions d’euros des Fonds d’aide à l’Edition Multimédia, appels à projets, et annonce de la création d’une école Européenne du jeu vidéo).
En janvier 2004, le rapport de Fabrice Fries tombe. Au menu des propositions, un crédit d’impôt, de l’ordre de 20% sur les dépenses de développement de jeu réalisés en France, des aides à la recherche et à l’innovation, des mesures vers les établissements bancaires pour faciliter les financements et une meilleure implication des entreprises de production dans le débat en cours sur les contrats de projet.
Où en est-on aujourd’hui des propositions faîtes dans ce rapport ? Et bien elles sont visiblement suivies d’effets. Les ministres de la Culture et de l’Industrie, Renaud Donnedieu de Vabres et François Loos déclarent que l’Etat réfléchit sur la mise en place d’un crédit d’impôt afin de soutenir et développer la création française de jeux vidéo, mesure qui suivrait donc les recommandations du rapport. Ce crédit s’ajouterait aux Fonds d’aide à l’Edition Multimédia les faisant passer ainsi à environ 30 millions d’euros pour la première année, ce qui est tout à fait sérieux.
Renaud Donnedieu de Vabres déclare à ce propos que “le jeu vidéo est un produit culturel qui ne doit pas devenir uniforme et nous allons utiliser à Bruxelles l’argument de l’exception culturelle pour défendre la création française.” (nota : j’espère qu’il n’est pas en train de parler de la “French Touch”, sinon on est mal barrés).
Maintenant, si on réfléchit bien, est-ce-que ces mesures sont susceptibles vraiment d’aider le secteur ? On peut grandement en douter, surtout quand on considère dans le milieu que les coûts de développement en France sont beaucoup trop élevés. Ainsi, Jean-Claude Larue (secrétaire général du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs) estime qu’Ubisoft, par exemple, “emploie déjà 1.400 personnes à Montréal pour des raisons économiques. Si rien n’est fait dans quelques années, plus aucun jeu ne sera produit en France.” Cette réflexion est confirmée par Yves Guillemot, le P-DG d’Ubisoft : “Ce qui nous pénalise en France, c’est l’euro trop cher et le coût du travail. Produire un jeu en France coûte deux fois et demi plus cher par personne qu’en Chine et 40% plus cher qu’aux Etats-Unis” ou au Canada qui prend en charge 50% du salaire de chaque recruté dans le secteur jusqu’en 2007.
Ainsi, la France a peu de chances de devenir réellement attractive face à des politiques aussi agressives ou aux conditions économiques nettement plus favorable dans d’autres pays. Un “Quantic Dream” reste une exception dans le paysage Français et c’est surtout par la prestation d’autres services (comme la motion capture) que le studio a pu rester à flot.
Source : Génération NT