[quote][/quote]Ta synthèse, elle est spoiler free?
Oui, elle ne dévoile rien qui ne soit annoncé dans le résumé du bouquin ou la présentation de la problématique par l’auteur. Je conseille même de la lire, afin de savoir exactement de quoi il retourne.
Quant à la « Brève histoire du temps » de Hawkings, le propos n’est pas le même. Dans cet ouvrage, Hawkings explique les théories actuellement admises sur la formation de l’univers, les « bornes » qu’il est censé avoir ou pas, la capacité qu’auraient les trous noirs à émettre un rayonnement par production de particules/anti particules quantiquement enchevêtrées… etc. Dans la même veine, quoique plus ardu, il y a « De la nature du temps et de l’espace », écrit avec son ancien étudiant de thèse, Roger Penrose.
Le propos de Kurzweil est résolument anticipatoire en ce qu’il tend à rendre compte de la nature doublement exponentielle du progrès technologique, lequel conduira, selon lui, à une « singularité » entre 2030 et 2040, date où les progrès combinés en génétique, robotique (AI) et nanotechnologie conduiront à intégrer la technologie dans l’organisme humain.
Une singularité en mathématique est un point où une la valeur d’une fonction tend vers l’infini ou n’est plus définie. En physique, il s’agit plutôt d’une région de l’espace où la structure de l’espace temps est fortement modifiée au-delà d’un horizon des événements (d’où le fameux « Event Horizon » pour ceux qui ont vu le film). Il en va ainsi des trous noirs ou des trous de ver (courbure de l’espace temps sur lui-même permettant un déplacement à temps presque nul entre deux points potentiellement très distants).
Pour ceux que cela intéresse, annoncer la fusion homme-machine (bien plus que les simples cyborgs, soit dit en passant) revient à renverser la dialectique traditionnelle entre l’outil et l’utilisateur : toute la technologie actuelle se situe en dehors de nous. Depuis l’invention de la roue jusqu’au PC, nous utilisons des machines qui nous sont extérieures. Toutefois, les progrès en matière d’interfaçage cerveau-machine ou le développement constant de technologie dupliquant des composants de l’organisme, comme les muscles témoignent de l’avancée de techniques qui estomperont la limite entre l’homme et la machine.
Pour les amateurs de science-fiction, il s’agit là d’un choix (intégrer la technologie au corps humain ou la maintenir à distance) remarquablement illustré par Dans Simmons dans les cycles Hypérion et Endymion (les Ousters s’y opposent aux humains). A terme, c’est le critère pertinent pour définir l’humanité qui sera très rapidement soumis à un examen renouvelé. Et voilà comment un ouvrage scientifique débouche sur des problématiques purement philosophiques déjà énoncées depuis Aristote (l’animal social), Nietzsche (l’humain et le surhumain) et tous ceux que ma mémoire défaillante ne permet pas de citer.
Enfin, pour ceux qui douteraient de l’actualité du débat en dehors d’un cercle d’hallucinés, je recommande la lecture de ce rapport d’un organe de l’UE sur les conséquences éthiques, juridiques et sociales du développement des implants technologiques (fichier joint).
Pfiou! Voilà. Je ne pensais pas écrire autant, mais je en pensais pas avoir de réponse à ma news non plus… Je n’ai pas tout spoilé, en plus ! En plus 500 pages intellignetes, vous en apprendrez bien plus sur l’upload de la mémoire, la reconfiguration des fonctions métaboliques par des nanobots ou la décentralisation programmée des centres de production énergétiques…
Merci de l’intérêt porté au sujet !
