Je suis le seul geek du coin à m’être laissé tenté par ce film de gangsters au ton romantique, à l’image froide et haute définition et au son crépitant comme une rafale de Thompson ?
Les bandes annonces laissaient présager quelque chose de sympa, les critiques n’ont pas l’air de détester et moi non plus d’ailleurs.
J’ai clairement eu l’impression d’assister à la fin d’un des derniers grands bandits romantiques, dépassé par l’industrialisation des moyens mis en œuvre contre lui, aussi bien de ses collègues bandits que de la part des forces de l’ordre. La scène vers le second tiers du film où il rencontre un patron de la mafia qui lui explique qu’avec son centre d’appel téléphonique clandestin il se fait autant de fric chaque jour qu’un seul braquage de Dillinger est assez révélatrice. Il en est de même pour les moyens scientifiques employés par l’alter-ego FBI de Dillinger pour le retrouver. Des moyens assez peu éthiques, impliquant de la torture en bonne et due forme, contrastant crument avec le refus presque chevaleresque de Dillinger de dépouiller les clients de la banque en plus de la banque elle-même.
Face à cela, on a affaire à une certaine élégance du bandit, une assurance démesurée, un certain mépris des conséquences et pas mal de moments étonnants, comme quand il quitte la prison dans la voiture du shérif devant un régiment de soldats ou se montre à visage découvert et le plus naturellement du monde devant les flics même chargés de le traquer. Comme dans tout bon film de ce genre, le héros meurt à la fin. Et l’un des tueurs du FBI révèle quelque surprise pour la dernière scène.
On a quand même droit à quelques belles scènes d’action quand les agents du FBI se mettent de la partie et commencent à défourailler à tout va, d’autant plus que certains bandits méritent bien le titre de psychopathes, le tout étant équilibré par la présence de tueurs froids chez le FBI. On en reviendrait presque à un affrontement entre deux bandes et la conclusion ne peut que me faire aller dans ce sens-là : même pas l’emploi des sommations d’usage… En attendant, j’ai bien aimé ces fusillades, il y avait pile-poil la dose de confusion inhérente à ce genre de situation tout en restant assez clair pour que l’on suivre sans trop de problème qui tire où et qui se mange une bastos dans le ventre. Je crois qu’il y en a qui aimeraient en voir plus souvent.
Parmi les points un peu regrettables, je n’ai pas trop eu le sentiment d’être en pleine Grande Dépression à moins que le seul élément pour cela soit la froideur de l’image tout au long du film. C’est dommage, parce que j’ai quand même l’impression que cela aurait bien expliqué la trahison qui conduit à la fin de cette histoire… Dommage aussi que l’on ai finalement guère qu’un seul braquage complet et quelques aperçus d’un second, on croirait presque que Dillinger passe son temps avec sa copine, ses copains, en vacances ou à faire autre chose.
Les acteurs m’ont pas eu l’air trop mal, Marion Cottillard réussit assez bien son rôle de pauvre fille qui n’en revient pas qu’un grand bandit comme Dillinger soit tombé amoureux d’elle. Christian Bale incarne finalement une espèce de chasseur assez froid et méthodique mais qui est certainement le plus sympathique des agents du FBI qui poursuivent Johnny Depp. Heu, désolé, j’ai pas vu assez de films avec lui pour comparer ce qu’il vaut et tout dans celui-là. �?a le change pas mal des Pirates des Caraïbes, le rôle est éminemment plus sérieux mais je pense qu’il lui manque quand même un petit quelque chose pour en faire un Dillinger inoubliable.
Encore un film qu’il me faudra en DVD à la fin de l’année…
Vous en avez pensé quoi vous autres ?