Et ils sont tout aussi sympathiques. Selon le Detroit Free Press, quelques petits malins ont remarqué que si la RIAA avait ce fameux pouvoir de “censure par assignation à comparaître” [NdA: une conséquence directe du DMCA qui permet à la RIAA d’exiger du FAI l’identité d’une personne en brandissant une citation contre son IP], il n’y a aucune raison pour qu’ils ne l’aient pas aussi !
En effet, il y a une grosse faille dans ce système, et si l’histoire est avérée, elle risque de tourner au cauchemar : S’il suffit de remplir un ou deux formulaires, comment empêcher n’importe qui de remplir une plainte pour violation de copyright à votre encontre ? Étant donné qu’il n’est plus nécessaire que la Justice fasse auparavant le tri entre le bon grain (les vraies plaintes) et l’ivraie (les plaintes abusives), est-il possible que des personnes peu recommandables puissent tourner cette situation à leur avantage ? Ben figurez-vous que oui…
Ainsi, un site gay porno a d’ores et déjà lancé des assignations à SBC Communications afin d’essayer de récupérer l’identité des visiteurs de leur site ! D’autres sites pornos et sites de jeux d’argent peuvent donc suivre à la trace leurs visiteurs et exiger une compensation financière afin de ne pas révéler leur identité, tout cela sous le prétexte d’un renforcement de leur politique vis-à-vis de leur propre copyright ! Sans aller aussi loin que ce qui s’assimile moralement à de l’extorsion de fonds, sous couvert d’une plainte liée à un vague copyright, une compagnie pourrait donc très facilement récupérer l’identité de tout un chacun et ainsi se constituer une base de données qui fera les choux gras de nos amis les marketeux…
Les législateurs américains sont bien sûr conscients de cette possibilité, ce qui explique l’avénement de la législation “John Doe” qui autorise ceux qui sont accusés de violations de copyright à voir leur anonymat préservé le temps qu’un juge s’occupe de la validité du dossier. Malheureusement, ceci ne s’applique qu’après l’intrusion dans votre vie privée, ce qui vous laisse donc la chance, voire le privilège d’avoir à combattre de telles intrusions toute votre vie. [NdA: Je me demande si les législateurs européens (qui s’appêtent à faire pire que le DMCA) ont consulté leurs homologues américains. Car sinon, va falloir organiser vite fait un RDV avec ce fameux “John Doe”… ;)]
Même si tout cela a peu de chances de se généraliser tel quel, ça illustre parfaitement quelles sont les priorités à l’heure actuelle : d’abord les intérêts des détenteurs de copyright, et puis ensuite, si on a le temps, on s’occupe un peu de la vie privée. Bref, comme le dit le Detroit Free Press : “Don’t delete Internet privacy” !!!
Source : Ars Technica