L'Éconocast 08 : la décroissance

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On en entend de plus en plus parler, sans bien comprendre ce que c’est : face aux défis climatiques et énergétiques, certains prônent la “décroissance“. Délire baba-cool ou concept économique sérieux ? On fait le tour de la question.

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Très bon épisode à nouveau :slight_smile:
Je ne sais pas trop où vous comptez collecter les questions pour l’épisode FAQ, mais j’aimerais bien avoir un éclairage sur le financement des retraites (vaste sujet, je n’en doute pas), surtout comprendre pourquoi on entend deux sons de cloches totalement différents et sur quoi les deux idéologies opposées se reposent.

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La conclusion m’a fait m’imaginer l’humanité comme un humain en train de faire sa crise d’adolescence…

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Ce qui impose l’idée d’une décroissance à plus ou moins long terme, puis notre mort en tant qu’espèce.

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Normalement il y a une longue période de maturité, d’abord. La « prospérité » ?

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Pour continuer dans l’image: est-ce qu’on est pas plutot sur la période crise de la quarantaine/réac-boomer…avec du coup un déclin bien plus proche :slight_smile:

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hahahaha je suis content de voir que la comparaison vous ait parlé ! Oui j’étais comme JeeP plutôt sur l’idée d’une crise d’adolescence mais c’est vrai qu’on est tellement en surrégime depuis trop longtemps qu’on en est plutôt à une mid-life crisis sous amphèt :smiling_face_with_tear:

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J’ai finalement écouté cet épisode il y a 2-3 jours.

j’avais deux trucs à dire mais finalement je vais me contenter de ma question (j’étais parti sur un mur de texte désorganisé concernant la décroissance, l’augmentation exponentielle de la productivité à travers les âges, l’arrivée imminente de la société « post-scarcity » potentielle (post-pénurie ça se dit en français ?), puis un virage légèrement politique sur l’absurdité de l’augmentation du temps de travail alors que l’on devrait aller vers une diminution généralisée, et un point UBI. j’ai gardé ça en brouillon quelque part, un jour je mettrai au propre).

C’est plus une suggestion de sujet qu’une question: À force de suivre des devs de jeux indés sur twitter, je me suis bizarrement retrouvé à lire pas mal de choses à propos de georgisme et de la LVT (Land Value Tax, je ne sais pas quel est le terme FR ?), par la faute de Lars Doucet qui vient de sortir un livre sur le sujet (Land is a big deal) que je n’ai pas encore lu bien que je compte bien le faire prochainement.
À en lire ses adeptes cela solutionnerait un grand nombre de problèmes, à commencer par l’explosion des prix de l’immobilier et des loyers; donc je me demande quels sont les pièges, quel est le potentiel de cette solution, comment évalue-t-on le prix du terrain pour en ajuster la taxe, est-ce que ces principes basés essentiellement sur la situation aux us s’appliquent de la même manière en Europe, etc ?

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Tu as quelques éléments de réponse sur la page Wikipedia correspondante:

Il est difficile d’évaluer la valeur d’un terrain, la valeur fixée sera forcément sujette à controverse2.

Si l’immobilier est une part importante du capital des classes moyennes, ce n’est pas le cas des plus riches, qui détiennent des actions et des obligations. La situation au XXIe siècle est fort différente de celle connue par Henry George, et l’impôt sur la terre ne permettrait pas de résoudre ce problème. Une étude statistique menée en 2015 a évalué toute la terre des États-Unis à 23 T$, contre 45 pour le total des capitaux américains2.

la réévaluation de la valeur des terres est un sujet politique difficile. Dans certains cas, elle n’a lieu qu’au changement de propriétaire, ce qui a pour effet pervers de pousser les gens à rester sur place2.

La mise en place de l’impôt sur la terre conduit à une forte diminution de la valeur de l’immobilier existant, ce qui conduit à des oppositions politiques2.

Des critiques de l’impôt sur la terre font remarquer qu’un tel impôt peut pousser à la vente des propriétaires modestes d’un terrain ayant pris de la valeur sans que les promoteurs répondent à la pénurie de logements pour autant2.

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Je rajoute une petite précision que j’ai piqué dans un excellent mémoire fait à l’UNIL cette année et qui devrait bientôt être publié :

La naissance du mouvement de la décroissance française contemporaine date du début des années 2000 (Muraca, 2013, p. 150). Il est commun de faire remonter son origine au lendemain d’un colloque intitulé Défaire le développement, refaire le monde qui a eu lieu à l’Unesco, à Paris, en 2002 (Demaria, Schneider, Sekulova & Martinez-Alier, 2013, p. 194 ; Muraca, 2013, p. 150 ; Latouche, 2022, p. 6).

et

Qu’est-ce que la décroissance? Latouche (2022) souligne que la décroissance contemporaine descend d’une « double filiation […] : la critique de la technique et du développement, et la prise de conscience de la crise écologique » (pp. 12-13). Elle tire ses racines des critiques de l’ Homo economicus (p. 13)1 et des penseurs ayant alerté sur le caractère destructeur de la croissance économique (p. 14). Pour Flipo (2007), la décroissance contemporaine se situe « à la confluence de quatre sources qui se croisent sans être forcément concourantes ni mêmes convergentes » (p. 148) : (1) la source culturaliste menée par Serge Latouche qui vise à une décolonisation de l’imaginaire croissantiste ; (2) la source démocratique avec comme figure de proue Vincent Cheynet qui défend que la décroissance est un moyen de retrouver de la démocratie et de recréer des liens dans la société; (3) la source écologique qui ramène les questions environnementales au-devant de la scène en soulignant que seule une politique de décroissance permet de sauvegarder les écosystèmes et respecter le vivant (aucun auteur cité) ; et (4) la source bio-économique, héritière des travaux de Nicholas Georgescu- Roegen, qui intègre dans sa réflexion la question de la limite des ressources non- renouvelables comme le fait Yves Cochet (Cochet, 2005) avec le pétrole.

Crédits : Quention Sierro 2022.

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En tous cas merci pour la découverte, je n’avais aucune idée du fait que c’était un champ académique en tant que tel.
Après, de là à dire que c’est sérieux, on parle d’économie quand même.

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Très intéressant ces remarques, merci aux curieux ! Pas le temps de m’y plonger à fond mais si un jour j’y retourne, je serai curieux de trouver des études quantitatives sur l’effet des contrôles stricts des loyers dans les pays scandinaves, genre Danemark, pour voir si ce genre d’expérience « en pratique » nous dit par rapport à la théorie …