C’est à l’occasion de l’E3, et suite aux multiples déclarations et aides du Gouvernement pour le secteur du jeu vidéo, que L’APOM, le SELL, et UBI ont souhaité adresser un message en commun au chef du Gouvernement français.
Je vous la laisse ici en substance.
[bien entendu, rien de politique dans ce thread. Le dernier a bien été pollué par quelques zoulous qui ne se sont pas empêchés de tout mélanger. Et pas des n00b de Cafzone en plus ]
A vous de jouer, M. le Premier Ministre !
Par Yves GUILLEMOT, Jean-Claude LARUE et Antoine VILLETTE
En une dizaine d’années à peine, le jeu vidéo est devenu un des loisirs les plus pratiqués au sein des foyers. L’époque où les manettes et autres joysticks étaient uniquement réservés aux pionniers de l’informatique individuelle est bel et bien révolue. Le jeu vidéo, ses personnages, ses univers, son esthétique et son éthique, son langage même font désormais partie du bagage culturel commun à toute une génération de trentenaires (quadras pour les pionniers) et à leurs enfants. Le jeu vidéo influence le cinéma, la musique, les arts plastiques, la littérature. Il interroge ou est interrogé par la sociologie, la psychologie, l’anthropologie. Son appétit insatiable d’innovation a contribué à la démocratisation du CD-Rom et au développement des technologies d’imagerie numérique utilisées aujourd’hui en médecine et dans d’autres secteurs de pointe. Il a introduit l’informatique à la maison. Il a formé toute une génération à l’interaction homme-machine, cette nouvelle grille de lecture du monde.
Et les créateurs français ont contribué, depuis les balbutiements, à écrire l’histoire des jeux vidéo et à dessiner les contours de ce nouveau médium. Une certaine culture de l’image, héritage d’un riche passé et aboutissement d’une très longue évolution, une excellence des formations d’ingénierie informatique et des formations artistiques, la présence et la réussite d’entreprises pionnières qui se sont hissées aujourd’hui à un niveau international, ont contribué à faire de la France un terrain fertile pour la création vidéo-ludique.
Mais, on le sait, la création en France est aujourd’hui désavantagée dans le contexte d’une compétitivité internationale accrue. Les raisons, tant conjoncturelles que structurelles, en sont connues. Le rapport commandé à M. Fabrice Fries par le Ministère des Finances et de l’Industrie, sans être exhaustif, en a dressé un juste tableau. Ce même rapport préconise de passer à l’action en « créant un électrochoc ».
Et nous ne pouvons qu’acquiescer. Il y a urgence. Si nous ne voulons pas perdre définitivement un acquis construit au cours des vingt dernières années et qui constitue, encore aujourd’hui, un avantage compétitif certain dans « une industrie stratégique au cœur des batailles culturelles présentes et futures » comme l’a déclaré le Premier Ministre, il faut passer à l’action.
Le gouvernement a affiché, depuis désormais deux ans, une volonté de connaître puis de soutenir notre secteur. Mais, malgré l’implication personnelle et régulière de Jean-Pierre RAFFARIN, les mesures de soutien réelles et à long terme tardent. Nous souhaitons que cette volonté se traduise très rapidement en décisions concrètes. Favoriser l’investissement national et international dans la création française doit être désormais une priorité. Il nous faut pouvoir, dans le même temps, rémunérer à sa juste valeur le talent des créateurs français et rester compétitifs dans un contexte de concurrence internationale extrêmement rude.
Le Rapport de M. Fries défend deux mesures qui sont à notre avis centrales : la création d’un fonds de production et le crédit d’impôt à la production. L’une est un mécanisme structurant décorrélé des logiques boursières ou de capital-investissement, prenant appui sur la rentabilité intrinsèque de cette industrie, l’autre est une mesure de soutien à l’emploi, à la création et à la croissance, rapide et efficace, existante dans d’autres industries. Ces mesures sont simples, ont fait leurs preuves dans d’autres secteurs et dans d’autres pays, et représentent un effort budgétaire insignifiant par rapport à la perte qui pourrait résulter de l’inaction : elles doivent désormais être mises en œuvre.
Au sein du Ministère des Finance, du Ministère de l’Industrie et du Ministère de la Culture, le nouveau gouvernement doit avoir la volonté de passer à l’action. Il est plus que temps d’appuyer sur « Start ».
[i]Yves GUILLEMOT est président de la société Ubisoft, Jean-Claude LARUE est délégué général du Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs et ancien membre du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, Antoine VILLETTE est président de l’Association des Producteurs d’Oeuvres Multimédia et de la société de développement Darkworks.
Source : Jiraf.org
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Ce message a été édité par bobsainclar le 27/05/2004