Mesurer la distance des corps astronomiques : exemple pratique

Bonjour ,

j’ai été confronté à une mesure de la distance assez precise d’un corps astronomique par deux astronomes amateurs . Et je me suis dit que ca interresserait pas mal les gens de savoir comment on fait . Alors ben , Endiamo !

De quel corps on parle ?
on parle ici de Phaeton . un asteroide qui devait “froler” la terre assez pres le 16 decembre . C’etait l’occasion revée de determiner l’inutile , c’est à dire : il va nous froler à combien de km au juste ? hein ?

Bon alors voici la manip

  1. un astronome amateur est en France à Nice
  2. un autre astronome amateur est aux USA à Scottsdale en Arizona

Les deux astronomes amateurs se mettent d’accord pour photographier Phaeton le 16 decembre justement à 1h20 TU ( pour etre synchro )

et cela donne donc deux photos ici assemblé en une seule :

On en déduit sur les deux photos ( car on connait la focale des deux télescopes ) que l’écart angulaire est de 153 sec d’arc .
et par un simple opération de trigonométrie basique , il vient que Phaeton le 16 décembre à 1h20 TU était donc à 10.64 Millions de km .

Alors cette heure n’était pas prise au hasard : 1h20 TU corresponds à l’heure du rapprochement max de l’astéroïde de la terre . et la distance officielle mesurée par des pro est de 10,54 million de km .

Voilà , deux astronomes amateurs, une connexion internet , et un thermos de café : et hop ! a peine 1% d’erreur .

Easy cake non ?

Edit :

cette méthode est dite de Parallaxe diurne et fut utilisé pour la première fois par Nicolas-Louis de Lacaille et Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande pour déterminer la distance terre lune . lacaille etant dans l’hemisphere sud et lalande dans le nord . Cette méthode donne de bons résultats pour tous les corps intra système solaire .

Au passage cela à permis de prouver la validité du systeme heliocentrique de Copernic .

Pour les objets extra systeme solaire il existe aussi la methode de parallaxe annuelle . Et elle est utilisé pour mesurer la distance des étoiles jusqu’à 1000 A.L environ . La différence est que les deux photos sont faites du même point sur la terre mais séparé de 6 mois . Du coup la distance parcouru par la terre corresponds à un segment de deux unité astronomique de longueur avec le soleil au centre et augmente considérablement le décalage angulaire mesuré et donc la précision . Et c’est de là que vient la notion de Parsec ( Parallaxe-Seconde) . En effet si sur la même photo décalée de 6 mois vous mesurez un décalage angulaire de X secondes d’arcs et bien la distance de l’étoile par rapport au soleil et de 1/X Parsec ( le parsec valant 3.26 A.L ) . Au delà de 1000 A.L ça ne marche plus , le diamètre orbital de la terre autour du soleil est trop faible et les angles mesurable trop petits pour une mesure fiable . On utilise dans ce cas la méthode dite “Céphéides” ( j’en parlerais peut être dans un autre post tiens ) .

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Question bête :
1h20 TU, ok.
Seulement, ont ils poussé le vice, afin de réduire le marge d’erreur, à minimiser le décalage horaire selon leur emplacement géographique ?
Varsovie et Saint Jacques de Compostelle sont “théoriquement” sur le même fuseau horaire, mais pourtant le Soleil ne s’y lève pas à la même heure. Du coup pour deux personnes d’un même fuseau, le TU ne sera pas réellement le même.

Donc, la question, le différentiel de 100.000 km ne provient-il que de la différence de matos avec les pro ou que ce genre de petites erreurs peut arriver ?

en fait ils etaient en liaison internet , et ils ont chacun pris leur photo plus ou moins en même temps du coup ( quelque secondes pres). le 1h20 TU c’est plus pour que le matos soit pret , les calibrations faites . un des astronome était en nomade , donc il devait sortir tout le matos , mettre sa monture en station sur l’étoile polaire , trouver phaéton dans le ciel et mine de rien ça prends un peu de temps . l’horaire c’est plus pour dire : " être prêt à photographier pour 1h20 TU ) .

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Enorme :slight_smile: je kiffe les experience simple faisable a la maison qui demontrent des trucs qu’il y a pas longtemps a l’echelle de l’humanite auraient produit cet effet sur tout le monde:

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On m’avait offert cet excellent livre qui explique la cartographie du point de vue historique et mathématique, avec des principes similaires à celui de ton message @Dilwivit , au début de la cartographie, qui se sont étoffés de proche en proche.

Très bien écrit.

Pourquoi le calcul des longitudes n’a-t-il pu être maîtrisé qu’après l’invention du chronomètre de marine en 1735, alors que celui des latitudes l’était déjà 1600 ans plus tôt ? Cet ouvrage réussit le tour de force de synthétiser 25 siècles d’histoire de la cartographie en un récit passionnant et riche en anecdotes. L’auteur y dévoile les dessous de la science cartographique, des premières expériences d’Ératosthène jusqu’aux travaux les plus récents de géodésie spatiale. L’histoire des concepts et des outils mathématiques de la cartographie y est présentée comme une grande aventure humaine, celle des savants et des explorateurs, de leurs rêves aux péripéties de leurs voyages, de leur vision du monde à la mise au point de leurs instruments.

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quand même à l’époque ils avaient des patronymes qui se respectent.

J’en profite pour préciser l’époque en question (wikipédia) : autour de 1750

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