On ne retient souvent de Houellebecq que son côté déprimant et provocateur. Certes, il l’est, mais il n’y a pas que ça. Surtout dans son dernier roman, La Possibilité d’une Ile.
Il reste toujours sur son thème de prédilection : la déchéance de l’homme, l’homme au singulier avec la décrépitude de l’âge, mais aussi l’Homme au pluriel et sa société de plus en plus merdique.
Mais comme dans les particules élémentaires, il va au-delà de ça. S’il méprise le genre humain actuel, c’est simplement qu’il rêve d’une humanité meilleure. Je n’irai pas jusqu’à le qualifier d’humaniste, loin de là, par contre c’est à coup sûr un utopiste désabusé.
S’il soulève systématiquement l’indignation et la rage de ses détracteurs, c’est qu’il frappe là où ça fait mal, et fort, parfois très fort. On est obligé de se sentir confronté à ses propres démons, et c’est insoutenable, mais pourtant bien réel. Il nous plonge le nez dans notre merde, tel un chiot sans défense. Forcément, c’est dur à avaler.
Néanmoins, je ne retiens pas uniquement ce côté-ci de ses romans. Il y a une réelle poésie dans son style, une musicalité des mots qui se révèle si on sait chercher derrière l’apparente platitude de la narration du protagoniste, puisqu’il emploie systématiquement ce mode narratif. Et, dans Possibilité d’une ile, comme dans les particules élémentaires, il y a une belle grande fin, joyeuse et mélancolique, triste et émouvante. Contradictoire ? Oui, comme l’Homme.
Houellebecq n’est pas qu’un phénomène d’édition, il n’est pas qu’un type un peu miteux, raciste et mysogine. C’est aussi un grand écrivain, tel Céline qui aura écrit de grandes choses. Infâmes, violentes, déprimantes, mais grandes.
Edit : typos