Once

C’était la cérémonie des oscars cette nuit au Kodak Theatre de Los Angeles. Présentée par Jon Stewart du Daily Show (ce mec est drôle de temps en temps), la 80[sup]ème[/sup] édition aura-t-été assez triste, certes juste, mais sans réel éclat, scandale ou discours saisissant. Pas de grosse surprises donc, Jon a fait quelques blagues, joué à Wii Tennis sur un l’écran le plus large que j’ai vu de ma vie après les fesses de Jennifer Lopez, on a eu droit à une rétrospectives des meilleurs films de ces 79 dernières années - ah tiens Crash en fait partie -, Marion Cotillard (oscar de la meilleure actrice) était ravissante, comme un poney au galop sur un arc-en-ciel, No Country For Old Men (4 oscars) aura été le logique grand gagnant de la soirée avec, dans une moindre mesure, The Bourne Ultimatum (3 oscars). Et puis le préhistorique Colin Farrell qui aura manqué de se ruiner l’os iliaque en présentant Glen Hansard et Markéta Irglová.

Qui ça ?

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Glen Hansard et Markéta Irglová (oscar du meilleur morceau, beaucoup de rires dans cette vidéo, la femelle qui n’a pas le droit de parler, l’homosexualité d’Oscar, etc) sont les deux acteurs principaux de Once, film musical Irlandais réalisé en 2006 par John Carney, qui n’a été projeté en France qu’à la fin de l’année suivante et qui reste pour moi l’un des meilleurs films de 2007. Pour le public du Sundance aussi apparement. Glen interprète un jeune homme dont on ne nous donnera jamais le nom (“the guy” au générique), un garçon qui chante et joue de la guitare dans les rues de Dublin pour quelques pièces - incroyable scène d’introduction. Le reste du temps il aide son père a réparer des aspirateurs. Markéta endosse le rôle de la fraîche immigrée d’Europe de l’est (“the girl” au générique), qui accumule les petits jobs pour pouvoir nourrir sa mère et sa petite fille. Elle est également une pianiste de haute voltige, fétichiste des Yamaha et autres Schimmel.

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Putain j’ai le même synthé, vieux de 8 ans au moins.
Les boutons bleus et rond c’est les percus, caisse claire et cymbales. Trop bien.
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Lui, essaye difficilement de se remettre de sa récente rupture avec une Londonienne, elle, désespère de voir arriver son mari, toujours coincé au pays. Car il est difficile dans ce genre de situation de se sortir du trou en réparant des aspirateurs ou en le passant dans de grands salons victoriens, le gars et la fille font de la musique, de la guitare et du piano. Une musique folk-pop formidable pour tout amateur du genre, qui les transporte, comme elle transporte le public. On a même droit à un air de Mendelssohn assez fantastique. Pendant tout le film, le gars et la fille se tournent autour, dans une tendresse confondante, tournent autour de la musique qu’ils font d’abord chacun de leur côté puis ensemble dans une certaine jouissance communicative.

Dès le début du film, le constat s’impose de lui-même : les sans-le-sou guitaristes des rues de Dublin sont des putains de tueurs. Je sais pas, moi à Bordeaux, le mec qui joue du violon rue Sainte-Catherine, il a un putain de magnétophone maladroitement caché sous une couverture. Là, non, c’est du vrai, du live et ça déchire. Le truc c’est que Glen Hansard dans la vraie vie il fait pas la manche, il lead The Frames depuis plusieurs années. John Carney fut même durant deux années, entre 1991 et 1993, le bassiste du groupe et s’est inspiré d’une relation à distance avec son amie pour réaliser le film. Voilà donc le pourquoi du comment.

Un film plein d’enthousiasme, aux interprétations justes et sobres, un film musical terriblement jouissif en ce qui me concerne (les scènes en studio sont magiques). Le DVD est disponible en Irlande depuis la fin de l’année dernière, en Angleterre et US depuis mi-février. En France, j’ai un doute.

PS : Glen Hansard et Markéta Irglová ont été recruté par Bob Dylan l’année dernière pour la première partie de ses concerts en Australie et Nouvelle-Zélande. Aoutch.

Rien de plus à ajouter, Eek a vraiment tout dit. Excellent film, qui vaut pour sa relation image/musique. Ou comment l’émotion naît de la rencontre des deux.

J’avais et ai toujours un avis enthousiaste sur la BO du film.