Alors alors, d’après une étude du BIT, en 2002, les champions du monde de la productivité individuelle sont les… Américains ! Avec un bon gros 56k€ chacun contre un petit 50k€ pour les Européens. “Bouuuuuh les nuls !” me direz-vous. Ben en fait, ce n’est pas si évident car les Américains ont travaillé 1815 heures l’an dernier, soit 270 heures de plus que les Français ! Oui, quand même. Bref, ramené à l’heure de boulot effective, le Franchouillard s’en tire avec 32,35€/h tandis que mon copain 'ricain tombe à un petit 29,58€ ! Gniark gniark gniark…
Après cette petite distribution de diplômes aux uns et aux autres, passons maintenant au niveau qualitatif. Et là, c’est tout de suite moins drôle. La durée du temps de travail des Américains est 17% plus élevée que celle des Français car leur semaine de travail est bien plus longue et qu’ils ont moins de jours de congé. Résultat, ça stresse un max. Ainsi 45% des personnes interrogées par le National Institute for Occupational Safety and Health indiquent rencontrer un stress élevé dans leur travail (quasiment 1 sondé sur 2 !), 15% ayant même confessé avoir pensé à tabasser un collègue très énervant !
Cette embardée de stress trouve aussi sa cause dans les 3 millions de chômeurs supplémentaires en 30 mois, ce qui a surchargé les actifs. Avec cette montée de stress est apparu un nouveau phénomène, qualifié par certaines DRH de “présentéisme” : les employés sont si stressés qu’ils vont au boulot coûte que coûte, même malades, à coup de shoot de médocs, ce qui ne les aide pas vraiment à aller mieux.
Évidemment, ceci n’est pas une exclusivité des USA et on le retrouve aussi (paradoxalement pour certains, logiquement pour d’autres) chez nous, avec nos si belles 35h : elles augmentent mécaniquement la charge de travail des actifs de 11% et donc le stress qui va avec. On a beau mettre plein de RTT aux employés, au final, on leur demande de tenir les mêmes objectifs qu’avec les 39h.
Autrement dit, lier le stress à la durée du temps de travail est un gros leurre. Il faut plutôt le mettre en rapport avec le niveau de production, qui n’a pas baissé, ches les Américains, comme chez les Européens. Car c’est lui qui induit un niveau de stress final. Les workaholics de part et d’autre de l’Atlantique n’en sont donc pas encore au niveau des karôshis, mais ce n’est qu’une question de temps avant qu’on y arrive.
Entre les 2 extrêmes, français d’un côté, américano-japonais de l’autre, peut-être existe-t-il une voie permettant d’y remédier (i.e. moins stressante) ?
P.S.: Si les trolls américains (pro et anti) et politicards (sur les 35h) pouvaient rester sagement dehors, merci.
Ce message a été édité par xentyr le 16/09/2003