Et si on parlait de la réforme la plus importante qui nous attend tous bientôt ?
Pour information, je rappelle que le système de retraite a été établi par Otto von Bismarck en 1883, et que l’âge de la retraite, à l’époque, avait été fixé à 65 ans. Oui, mais vous devez bien deviner qu’à l’époque on atteignait rarement cet âge ! Le système de répartition (synonyme d’une certaine solidarité) – par opposition à la capitalisation personnelle – a ensuite été adopté par la plupart des pays au courant du XXe siècle. Si vous voulez mon sentiment, c’était avant tout une grosse arnaque pour récupérer l’argent du plus grand nombre, et maintenant que le système s’écroule, c’est la panique ! Jusqu’en 1950, l’espérance de vie était encore limitée, et les gouvernements s’en sont mis plein les poches. En tout cas ceux qui vivaient le plus vieux, en règle générale, n’étaient pas les ouvriers ou les prolétaires de la base, évidemment. La retraite servait donc surtout aux cadres, aux bourgeois ou aux classes aisées, qui avaient pu « s’économiser » durant leur existence. Je ne leur en veux pas de vivre plus longtemps, je constate… Il y aurait également des choses à dire sur la Sécurité Sociale mais bon, le sujet est déjà assez vaste.
Le problème, maintenant, c’est qu’on a une espérance de vie qui a fait un bond en avant impressionnant, de 20 ou 25 ans facile, en 50 ans. Et puis s’il y a eu le baby boom, n’oublions pas que dans les pays développés, le taux des naissances n’est pas faramineux. Résultat, il y a de plus en plus de « vieux », et les actifs doivent supporter sans cesse ce nombre grandissant (dont nous ferons un jour partie). Partir à la retraite en ce moment, ou pour quelques années encore, est une bonne période : on ne perd pas ses avantages, et la transition, quelle quelle soit, devant se faire en douceur, on est plutôt tranquilles. Seulement nous, qui avons ici en général entre 20 et 30 ans, je peux vous dire que lorsqu’on va y arriver, à l’âge de la retraite, ça risque de nous faire tout drôle. Le « S.S vieillesse » prévelé sur nos fiches de paie, tous les mois (5,24 % du salaire) sert à supporter les retraités d’aujourd’hui ! Ca il ne faut pas l’oublier. On n’a pas un euro de côté, là.
Certaines catégories socioprofessionnelles cotisent automatiquement à certains organismes de retraite complémentaire. C’est par exemple le cas des journalistes, dont je fais partie, avec l’Anep Pigiste (5,20 % du salaire ; on remarquera que le taux est pratiquement le même que celui de la sécu vieillesse, il faut croire que ce n’est pas un hasard). On ne s’en rend pas forcément compte maintenant, mais ce sera peut-être très utile plus tard ! Bien entendu, quand on en a les moyens, il est conseillé (nécessaire ?) de capitaliser de façon personnelle. Voilà donc le dilemme auquel est aujourd’hui confronté notre gouvernement, et par extension, tous les pays de l’OCDE. Après avoir favorisé pendant des décennies les retraites anticipées (notamment pour améliorer les chiffres du chômage, éternelle chimère de pourcentages brandie sous les yeux du bon peuple), ils se voient contraints de faire machine arrière - la retraite à 60 ans faudra plus y compter -, et vont devoir supprimer des avantages spécifiques que certains pensaient définitivement acquis. En France, où on sait qu’il est facile de faire bouger les choses car tout le monde ne pense pas qu’à sa gueule, ça promet d’être particulièrement facile ! Il va falloir harmoniser les conditions des salariés du public et de ceux du privé - là aussi ça promet - et la capitalisation personnelle, à « l’américaine » pourrait-on dire, va forcément prendre de plus en plus d’importance, c’est d’une logique implacable. Oui, notre société nous pousse à être toujours un peu plus égoïste si on veut vraiment s’en sortir…
Franchement, tout ça, ça ne me rassure pas. Bref, désolé d’avoir été aussi long et bravo si vous avez tout lu. J’avoue être, à mon tour, curieux de lire vos commentaires.