[quote=“Belegloss, post:1, topic: 30105”]Ce film relate donc, avec le plus de précision possible, les faits qui se sont déroulés sur le vol 93 (…)
Ce film reste bien sur fictif, car personne ne sait exactement ce qu’il s’est passé puisqu’il n’y a eu aucun survivant. Le scénario se base donc sur les appels téléphoniques reçus depuis l’avion ce jour là et du témoignage des gens de tour de controle.
Il se veut plus comme un documentaire qu’un grand film hollywoodien (…)
En tout cas, je trouve que ce film est un très bel hommage aux victimes de ce jour noir, qui a le mérite de ne pas être un film spectaculaire à grand budget.[/quote]
J’ai envie de mettre des points d’interrogations à côté de tout ce que j’ai mis en italique.
Je n’ai pas aimé ce film. Ce n’est pas un film.
Polémiquons :
(Je ne spoile rien mais comme j’ai un avis assez tranché, je préfère ne pas “choquer”)
[spoiler]Quel bel hommage aux victimes des attentats du 11 septembre !
Ceux qui ne reconnaissent pas cette qualité au film de Paul Greengrass objectent qu’il est trop tôt pour traiter de ces évènements au cinéma, que la blessure est encore trop vive. De mon côté, je trouve qu’il n’ai jamais trop tôt, mais que ce film n’a rien d’un hommage.
Vol 93 est un film dangereux. Non de par le sujet qu’il traite, mais de la manière dont il est construit. Car ce qu’on voit dans ce long-métrage, la majeure partie des gens va le prendre comme vrai, comme seule et unique réalité.
D’autres protesteront. Non, ce n’est qu’un film, on le sait, on entend de la musique pendant tout le film. Mais ce sont ces mêmes personnes qui reconnaîtront ensuite que le film est véridique, puisque s’appuyant sur de nombreux témoignages de la famille des victimes.
Vol 93 est un film horrible car usant de purs artifices cinématographiques, comme la musique déjà évoquée de John Powell, qui sans être mue par de grands élans lyriques, vient souligner l’action ou le drame, la tension ou le suspens. Le parti pris d’utiliser une caméra épaule pendant tout le film est censé mettre le spectateur en situation, pour lui faire vivre l’action. Lorsque tension il doit y avoir, ce parti pris est compréhensible. Mais lorsqu’on se trouve dans un centre de contrôle aérien, où le calme règne, on se demande à quoi ça rime.
Paul Greengrass était l’auteur du réussi Bloody Sunday, une autre catastrophe humaine. Mais là où ce film était réussi, car simple, gardant une certaine distance avec l’action, épuré, Vol 93 souffre de la comparaison. Non que Vol 93 soit irrespectueux, mais mélanger fiction et réalité dans un film, en partant de bases plus que confuses, sans que le spectateur puisse en distinguer l’une ou l’autre, est-ce faire devoir de mémoire ? Ou n’y a t il pas là danger de banalisation ?
Du coup, on comprend aisément que l’action du Vol93 en elle-même ne prenne que 30 minutes du film : scénariser plus le réel aurait été trop flagrant ? Jamais un film sur Auschwitz n’a été fait dans l’optique de ce Vol 93 par rapport au 11 septembre. Peut-être parce que des survivants étaient capables de nier une version fictionnelle des faits, ce qui est impossible ici. Certains craignent la version du World Trade Center d’Oliver Stone. Des pompiers, de l’héroïsme, une star (Nicolas Cage). Mais sa démarche n’a pas la prétention de calquer la réalité. Il gagne en honnêteté. Et l’honnêteté, ce n’est certainement pas la meilleure qualité de Vol 93. [/spoiler]
J’encense un film comme Lord Of War qui utilise la fiction pour dénoncer la réalité. Mais pas un Vol 93 qui utilise la fiction pour créer une réalité (et, si, c’est bien ce que ce film fait, ce que j’ai mis en italique du post de Belegloss n’en est qu’un exemple (Désolé de te prendre à parti Belegloss B) )).