Bruxelles, 1939. Alors que la guerre est imminente, Spirou est un jeune garçon employé comme groom par le Moustic Hôtel. L’arrivée d’une jeune soubrette, la rencontre d’un jeune journaliste déluré du nom de Fantasio et la présence à l’hôtel de dignitaires polonais et allemand vont peu à peu l’aider à prendre conscience de la complexité du contexte géopolitique, bouleverser sa vision du monde, changer son et, peut-être, celui du monde entier…
En achetant ce nouveau Spirou hier après-midi, je m’attendais à un album de qualité de par la réputation d’Émile Bravo (n’ayant jamais lu ses bandes dessinées), et également parce que le concept d’un Spirou revenant aux sources du personnage me paraissait prometteur.
J’étais bien loin de me douter de la claque que serait la lecture de cet album.
Alors que le monde entier (si si, carrément) s’accorde à dire que la meilleure période de Spirou était celle de Franquin, et que la plupart des auteurs récents de Spirou y puisent la source première de leur inspiration (Morvan et Munuera en tête, mais également Frank Le Gall et surtout Yann et Tarrin dans leurs one-shots), Bravo prend le contre-pieds en opérant un retour à la période Rob-Vel / Jijé.
On retrouve donc un Spirou bien plus jeune que ce dont on a l’habitude, et complètement hors-continuité par rapport à ses aventures les plus connues. La guerre imminente et les tensions internationales représentent la toile de fonds de ce récit surprenant dans lequel on voit s’écrire l’histoire devant les yeux d’un Spirou jeune et naif qui ne comprends pas réellement l’importance de ce qu’il est en train de vivre.
Je ne pensais pas qu’il soit possible d’apporter un regard réellement nouveau sur ces personnages tout en proposant une bande dessinée de qualité, mais c’est exactement ce qu’est ce Journal d’un ingénu. A lire absolument même pour les non-amateurs des aventures du héros en rouge, car cette lecture change radicalement la vision que l’on peut avoir de cet univers.
Je crois que je ne verrai plus jamais les écureuils du même oeil.