Contre l'écriture inclusive

Merci pour ce très bon billet, j’ai appris pas mal de choses sur ce sujet qui me hérisse, pas exemple, j’ignorais totalement que l’écirture inclusive venait avec son lot de nouveaux pronoms inclusifs. Je pensais que ça se « limitait » au point médian.

Outre un bon paquet d’arguments déjà cités plus haut et dans ton billet, j’ai un problème supplémentaire avec l’écriture inclusive.

On s’inquiète régulièrement de la perte de vitesse du français au profit de l’anglais, plus véhiculaire. Tellement véhiculaire d’ailleurs que le second s’insinue régulièrement dans le premier, au point que j’ai lu plusieurs remarques au sujet du franglais dans les posts précédents. Pour vivre et travailler à Bruxelles, je suis confronté tous les jours au problème : de nombreux collègues flamands galèrent comme pas possible à parler et comprendre le français (et vice-versa bien entendu mais c’est pas le sujet du jour :slight_smile:) : entre beaucoup d’autres écueils, ils ont un neutre, nous pas, du coup ça ne rend pas les choses très intuitives.

Résultat des courses, pour se comprendre, tout ce petit monde se rabat sur l’anglais, qui devient de facto la langue véhiculaire dans l’entreprise. Ca entraîne non-seulement une perte de vitesse du français mais aussi une perte d’information dans l’entreprise, vu que pas grand monde ne parle ni ne comprend l’anglais au niveau de sa langue maternelle et que du coup, comme dirait ma grand-mère, tout le monde cause petit nègre (merci mamie pour cette magnifique expression racisto-colonialiste :fearful:, comme quoi il y avait des trucs plus urgents à régler dans la langue fraçaise que l’écriture inclusive :stuck_out_tongue:)

Alors déjà que le français est notoirement difficile à apprendre, qu’est-ce que cela va devenir si on y ajoute une telle couche de complexité? Et encore, c’est pire à l’oral : la lecture à voix haute est encore plus casse-tête, vu qu’elle n’implique plus seulement suivre un processus de lecture à voix haute standard (en gros, transformer une série de signes en phonèmes selon des règles établies) mais d’interrompre ce processus à chaque occurrence d’écriture inclusive pour interpréter ces cas comme « là, je ne lis plus simplement ce qu’il y a marqué, mais je dois utiliser la double flexion (lire le masculin et le féminin, chacun en entier) ».

Qui plus est, tout ça va profondément à l’encontre de l’évolution naturelle des langues, qui se produit normalement selon le chemin du moindre effort et surtout du pragmatisme, et certainement pas par la voie de la complexification au nom d’une idéologie.

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@binnie
Si je peux me permettre: je suis d’accord avec l’article, mais l’article part un peu dans tout les sens :slight_smile:

Une petite remarque seulement, «programmeuse», «auteure» , «madame la directrice» c’est aussi bien, et effectivement comme tu dis l’écriture inclusive ne fait rien avancer sauf en complexité, et surtout en lisibilité, et si on a besoin de généraliser on utilise ou bien des mots neutres non masculins ou bien «les candidates et les candidats» si on veut préciser en cas de besoin.

L’écriture inclusive est clairement idéologique. On a déjà un gros problème d’orthographe pour la rentrée en 6é, là on créerait encore plus de gens inadaptés à la lecture.

En fait pas du tout. On hérite un certain nombre de convention qui sont idéologiques et qui complexifient parfois à dessein la langue.
Sur cette question et le débat:

Elles assurent grave.

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Je vais regarder ça à mon aise, ça m’intéresse énormément.

Mais peut-être une précision sur ce que j’ai dit : je parle bien de l’évolution naturelle de la langue qui, si mes souvenirs de mes cours de linguistique sont corrects (ça remonte :stuck_out_tongue:), tend régulièrement à se caler sur l’oral (et plus généralement sur l’usage), je pense par exemple à la disparition de plus en plus fréquente et de plus en plus tolérée du « ne » dans la négation - « je vais pas » au lieu de « je ne vais pas » - qui, selon les prévisions de certains devrait finir par entrer dans les manuels de grammaire. L’oral étant souvent pragmatique (en tout cas dans la vie de tous les jours) : le moins de mots possible pour transmettre un message le moins ambigu possible.

Par évolution naturelle, je veux bien dire « Telle ou telle formule / règle / orthographe est tellement répandue qu’on finit par l’intégrer dans les règles de grammaire ou d’orthographe. »

Je distingue cette évolution naturelle d’une évolution « forcée », qui n’est pas le résultat de l’usage mais de la volonté des « autorités » en la matière, ce qui peut survenir pour une infinité de raison dépendant de ce qui passe par la tête des autorités en question, et ce à tort ou à raison, c’est subjectif. J’ai effectivement des souvenirs de cours sur le sujet (à base de pressions du clergé, de caprices de rois et autres joyeusetés), mais je n’ai plus les exemples en tête, faudra que je révise :slight_smile:.

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Pour moi, la blague de @Lukkant est finalement assez sérieuse, puisque l’écriture inclusive vient d’un constat simple: Il y a un problème avec le sexisme/la sécurité routière, trouvons une solution.
Sous entendu: n’importe quoi comme solution. Mais il faut agir.

Dans les deux cas, on prends un détail structurel (le langage/la vitesse) pour expliquer (et soi disant résoudre) un problème d’une ampleur telle que ça peut pas se résoudre d’un coup de baguette magique (le sexisme/les morts sur les routes) - et je fais une blague salace si je veux :stuck_out_tongue:

Et dans les deux cas, cette mauvaise solution vient du fait que la société devient impatiente, il faut trouver une solution TOUT DE SUITE, bonne ou mauvaise, on s’en branle, on a agi et proposé quelque chose.
Et comme on tend vers l’age « vieux con », on se plaint de cette solution dont on a pas l’habitude (parce que c’est chiant a lire), comme pour le langage SMS ou le langage coWBoyZ (acKBOo rePREntZ)
On a pas vraiment de recul sur le concept de libération des femmes donc tout bouge de partout, et il y a tellement de changement en cours dans la société française (et plus généralement mondiale) que c’est difficile de prédire ce qu’il se passera pour l’évolution de notre langue natale.

Comme le langage coWBoyZ, je doute que l’écriture inclusive soit admise a terme, mais il restera des bribes de ces délires dans l’histoire de l’évolution de la langue française, et il est probable que cela forgera le français de demain…

Ou le franglais :scream:

Mode ayatolah on : mes négations à l’écrit au moins ne se feront jamais sans “ne” puisqu’en français c’est lui qui est obligatoire et le “pas” qui est optionnel. De la même façon que mes nénuphars n’auront pas de f … Et tant pis pour l’évolution si elle se fait ainsi.

Nan mais l’amalgame :smirk:

À ce compte là on peut fusionner tout les sujets de sociétés et rendre leur problématiques identiques.

Ah mais complètement, c’est juste une constatation hein, je ne cautionne pas :slightly_smiling_face:

Je n’en doutais pas :smiley:.

Le sexisme tue, une femme meurt sous les coups de son conjoint tous les 3 jours. Donc je valide l’amalgame :stuck_out_tongue:

Et le S alors ?
Il y encore du boulot avant de devenir un vrai intégriste de la langue. :wink:

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C’est un autre débat, mais je tique toujours sur ce genre de remarque (même si elle vient avec un smiley chez toi, j’en lis régulièrement de similaires faites avec beaucoup de sérieux) : je n’ai pas l’impression (et ça n’engage absolument que moi et mes impressions, sans compétence professionnelle sur le sujet) que les hommes qui battent / frappent / maltraitent les femmes (en tant que conjoint, parce qu’ils les croisent dans la rue ou quel que soit le contexte) soit (en général) un problème de sexisme qui se résout par l’éducation au respect de la femme, à l’égalité des sexes etc.

Je pense que la majorité des gens qui se comportent de la sorte vis à vis de femmes le font par opportunisme (la conjointe est “à portée de main”, on croise une meuf seule dans une rue déserte, etc.) et prendraient (ou prennent) d’autres cibles dans d’autres circonstances. En d’autres termes, j’ai l’impression que ce sont peu ou prou les mêmes que les connards qui martyrisent les gosses plus petits qu’eux dans la cour de récré, torturent de petits animaux, harcèlent dans l’ombre etc. et qui, société égalitaire ou non, s’en prendront toujours à quelqu’un.

Après pourquoi agissent-ils de la sorte et comment résoudre le problème, malheureusement je doute qu’il y ait une réponse simple et universelle.

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Désolé je ne comprend pas ta blague / ironie / remarque / dénonciation. :thinking:

Titou Lecoq a tenu une liste de toutes les femmes tuées par leur conjoint en 2017.
Il en ressort que ce ne sont pas des accidents, que ce n’est pas une torgnole qui est partie un peu trop fort cette fois là. Ce sont à chaque fois des meurtres, le plus souvent prémédités.

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Je ne vais me placer que du côté de l’enseignant de CP que je suis. D’un point de vue purement pédagogique, la langue française, même chez des enfants natifs et qui sont dans un bain de langage francophone depuis leur naissance, la complexité des relations grapho-phonologiques de notre langue, qui est une langue semi-opaque (pour exemple, l’espagnol est une langue transparente - une lettre égale un son et vice-versa, l’anglais est une langue opaque - une lettre égale 43 271 sons et vice-versa, enfin vous voyez l’idée), en fait une des langues les plus difficiles à enseigner.

Quand je vois le désastre que c’est déjà à enseigner dans les quartiers difficiles (REP+), le gouffre qu’il y a entre des enfants dits “classiques” (mon fils, la fille de mon amie par exemple, sachant que les résultats de mon gamin sont loin d’être exceptionnels, voire même un peu alarmants cette année en 5ème, bref je digresse) et le public avec lequel je travaille, je me dis qu’aller rajouter cette couche de complexité purement idéologique et qui ne repose sur rien de très pratique comme ça a été soulevé plusieurs fois, je dis stop.

Je ne suis pas un partisan du nivellement par le bas et je pense conserver un niveau d’exigence plutôt haut au vu des enfants que je côtoie, je suis plutôt opposé aux simplifications à outrance et qui gomment l’étymologie et l’histoire des mots mais à l’inverse quand il s’agit d’aller réformer la langue parce qu’un combat, légitime et que je soutiens dans ses nobles vocations et buts, ne trouve rien de mieux que de mélanger cause et conséquence (quand je lis que la France a une langue sexiste, ça me fait toujours marrer d’imaginer les anglo-saxons en parangons de l’égalité homme-femme du fait de leur langue non genrée pris dans la tourmente de l’affaire Weinstein) (oui je mélange un peu tout, ou pas en fait?..) et à décider de s’arc-bouter sur à peu près tout ce qu’il est possible de toucher, dès lors que ça a suffisamment de retentissement médiatique.

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Le souci avec ce sujet, c’est que plus on en parle, même pour en dire du mal, plus on lui donne une légitimité. Binnie le dit dans son article, et Frenchouille dans son intervention :
« C’est à dire, dans son cas, qu’elle ne sera pas adoptée par suffisamment de monde, ce qui l’empêchera d’atteindre son but, qui est de devenir une norme. »
« C’est l’usage qui fait la langue […] Bref je ne pense pas qu’une forme si compliquée ait un avenir. »

Tout est là : l’usage fait la norme.

L’écriture inclusive, ça fait des débats d’idées, mais pour travailler dans l’édition, je peux vous assurer que lorsqu’on corrige un manuscrit, on reste sur des questions bien éloignées, du genre « faut-il mettre un trait d’union à petit déjeuner ? » Et une question en apparence aussi simple appelle une réponse qui ne l’est pas nécessairement. Enfin, quand on sait à quel point les correcteurs sont psychorigides (et je sais de quoi je parle), je peux vous le dire : l’écriture inclusive, mais alors, même pas en rêve…

Ça s’inscrit dans un débat sociétal égalitariste. Mais ça va disparaître. En tout cas, je l’espère, sinon il va falloir que je commence à penser sérieusement à une reconversion…

Oui et le rapport avec l’écriture inclusive ? Justement c’est se mettre le doigt dans l’œil jusqu’au coude de croire que ça va résoudre les problèmes de violences que tu dénonces avec raison.

Ok très bien, mais d’une tu ne connais pas mon point de vue sur l’écriture inclusive, donc ne suppose pas qu’il y ai un argument pro ou contre derrière mon post (il n’y en a pas). De deux, je répondais à quelqu’un qui parlait de ce sujet là (les femmes battues/tuées).
On est sur geekzone, en train de commenter un billet Medium de binnie, ce n’est peut-être pas la mort si on digresse un peu.

Bah je ne vois pas pourquoi on ne peut pas comparer (et pas amalgamer) les 2 sujets et surtout leurs traitements, après tout, les deux tuent, il FAUT faire quelque chose, n’importe quoi tant qu’on agit. La question de la pertinence de l’action, on verra plus tard, ou jamais.
Bref, je suis assez d’accord avec tout le post de Lonewolf.

Moi aussi, je trouve ça très outrancier comme déclaration, ça a toutefois le mérite d’attirer l’attention sur un véritable problème qu’il me parait un poil simpliste de réduire au sexisme, quand bien même il y a probablement sa part.

Ha ha haaaaAAArrrgggh … Saleté d’étourderie. Au moins ça montre que l’intégrisme ne donne pas raison :sweat_smile:.