Rire du handicap c’est possible. Loin des stéréotypes d’un téléthon vieillissant, Intouchables le nouveau film d’Eric Tolledo et Olivier Nakache, est incroyablement juste.
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Cette histoire d’amitié entre un riche tétraplégique et un jeune des banlieues est simple, touchante mais surtout très drôle. Loin de l’humour français chtiiesque ou clavieresque, ici toutes les vannes font mouches. 1h42 à rire comme jamais dans une salle de ciné. C’est le tarif obligatoire pour voir cette comédie qui réussit à parler d’un sujet tabou en France sans dégout, pitié ou complaisance mal placée. Omar Sy illumine le film de son sourire, tandis que François Cluzet rattrape sa performance pitoyable des petits mouchoirs en incarnant un handicapé à la fois cynique et très humain. Deux comédiens parfaits pour ces rôles, tout simplement.
Le duo marche à merveille entre ces deux exclus de la société, déchets dont on ne veut plus mais qui opposent à cette chienne de vie une sacrée résistance. Certains y verront des clichés démago et une vision simpliste du monde du handicap. D’autres se laisseront prendre par une belle histoire emmenée par une galerie de personnages simples mais tous pertinents. Haters gonna hates comme on dit.
Si le film n’en fait pas des tonnes dans la mise en scène ou sur les cotés plus “artistique” du cinéma, c’est pour mieux se concentrer sur son propos : Il vaut mieux en rire qu’en pleurer. Une superbe leçon de vie, parfaitement transmise par ce film, sorti sans prétentions mais qui finalement en remontre à beaucoup (Guillaume Canet si tu me lis).
Certains détesterons ces bon sentiments, ces quelques clichés et cette vision idyllique voir démagogique du monde. D’autres se laisseront juste porter par une belle histoire qui fait rire et qui donne le sourire pour un bout de temps. Que demander de plus ?
P.S : afin que vous compreniez ma vision du handicap, voici ce que j’écrivais il y a un an, extrait d’une chronique sur le téléthon :
C’est peut-être cela le problème. Rendre attrayant ce que d’habitude l’on nous cache. Car dans notre société le handicap, pire qu’une fatalité, est également une honte. Combien d’entre-nous détournent le regard en croisant un handicapé ? Ou pire, le fixent d’un air dégouté ? S’il existe de plus en plus d’associations et d’évènements pour faire accepter et comprendre le handicap, cela reste encore un grand tabou de notre société. Tel Kafka et sa métamorphose, l’individu différent est mis à l’écart, banni. Mais au prix de combien de souffrances ? Car aux douleurs du handicap s’ajoutent celles causées par le regard des autres et la tristesse de sa famille. Le personnage de Kafka, transformé en insecte pendant une nuit, en vient à se laisser mourir pour soulager ses proches. Presque 100 ans plus tard, en est-on toujours là ? Notre société à-t-elle suffisamment progressé pour savoir intégrer les plus différents d’entre nous ? Je n’en suis pas certain, le téléthon est en quelque sorte la preuve cinglante de cette incapacité à évoluer. Une audience et des promesses de dons en chute libre auxquels s’ajoute une faible mobilisation pour un sujet qui au final intéresse beaucoup moins que la guéguerre des miss. Il y a neuf ans Jean d’Ormesson disait La télévision est une machine à montrer ceux qui y passent et à cacher ceux qui n’y passent pas. Comme quoi rien n’a changé.