Docteur Geek !

Salut,

J’ai vu au fil du temps que certains d’entre vous étaient en thèse ?

Je voulais savoir si vous aviez des conseils à donner, sur les choses à faire ou ne pas faire, lors des 3 années de thèse : Vos expériences de thésard, de post-doctorant, de recrutés en labo publique, de recrutés dans le privé ?

Et si c’est une thèse en informatique c’est encore mieux :slight_smile:

Merci

Hum… Autant commencé par là où ça fait mal: trouver un job c’est dur, très dur, et très long (hum… euh… oui, dans d’autres situations ça ça pourrait être très bien :))… Tu finis par accepter n’importe quoi à la fin car il faut bien nourir sa famille, etc.

Tu fais une thèse sur quoi? Tu en es où? Tu es où?

Je vais blablater un peu plus longtemps la prochaine fois.

Un conseil qui tourne dans mon domaine (sachant que j’ai pas commencé ma thèse): choisir un directeur de thèse dur, et un président de jury plus “sympa”. Sachant que la pulsion naturelle serait le contraire, puisque c’est avec le directeur de thèse qu’il faut passer le plus de temps.

Ca serait déjà bien de savoir dans quel domaine tu étudies, et ce que tu comptes faire après ta thèse :crying:

Personnellement je connais plusieurs personnes qui ont fait une thèse en école d’ingé, et le moins qu’on puisse dire c’est que les avis sont mitigés. En gros ce qu’il faut savoir :

  • Si tu ne veux pas faire de la recherche après, professionellement ca ne sert pas à grand-chose, voire c’est pénalisant ( les RH ne comprennent pas bien que des gens choisissent de bosser sur des sujets souvent complexes pour des clopinettes pendant 3 ans, donc ils ont tendance à être méfiants ). D’une facon plus générale l’idée « je serai plus diplomé et mieux je me porterai en entreprise » est assez fausse quand on a déjà un diplome d’ingé.

  • Beaucoup de thésards en entreprise ( je ne connais personne l’ayant fait dans le public ) sont finalement assez déçus : manque de moyens, perte de temps parce qu’on n’est pas prioritaire, voire encadrement ou sujet déficient. J’ai notamment un pote dont la thèse consistait à étudier les applications d’un matériau découvert récemment, et au pout de 18 mois de these ses supérieurs se sont rendus compte qu’il n’arrivaient pas à produire le matériau en question, ce qui expliquait que toutes ses expérimentations foirent :slight_smile:

Bref, perso je ne connais que 2 types de thésards heureux : ceux qui sont totalement passionnés par la recherche et ont la chance de tomber sur un sujet intéressant+faisable+bien encadré ( autant dire que ca court pas les rues ) et ceux qui le font pour rester « étudiants » 3 ans de plus ( = ne veulent pas entrer dans la vie active ; d’ailleurs ils participent à faire que les thésards sont mal vus dans les boites ).

Tous les autres, en particulier ceux qui faisaient ca dans un optique « j’aurai un meilleur diplome donc en entreprise ca sera mieux » ont soit laissé tombé, soit sont passés pas loin de la dépression en thèse et sont un peu aigris à la sortie d’avoir fait tout ca pour pas grand-chose vu qu’ils ont quitté le domaine de la recherche.

Donc voilà, réfléchis bien à tes motivations et à ce que tu veux faire après la thèse, parce qu’il y a quand même un risque important que ca se passe mal et/ou que ca te pénalise professionnellement, donc il faut vraiment le vouloir.

Tu ne dis pas si tu as déjà commencé ta thèse ou si tu cherches un labo, donc je vais supposer que c’est le deuxième cas:

Pour rebondir sur ce que dit AAARGH:

  • faire une thèse parce qu’on ne veut pas bosser tout de suite, c’est selon moi une grosse connerie. Une thèse demande de l’investissement d’autant plus facile à fournir qu’on est passionné. Tout le monde m’avait parlé de la dernière année de thèse comme une horreur où on n’attend qu’une chose, c’est que ça se finisse; ça n’a pas du tout été le cas pour moi et j’aurais pu continuer encore longtemps si je n’avais pas eu peur de m’endormir
  • la thèse pénalisante, c’est clairement le cas en France, surtout si tu as fait une école généraliste où tu passes de statut de bon partout à celui de bon dans un domaine très pointu (je parle de la perception qu’en ont les gens, hein). A l’étranger, c’est pas vrai du tout (en tout cas en Amérique du Nord, mais je crois que c’est également le cas dans d’autres pays d’Europe)
  • il me semble que France Télécom a encore un département recherche qui tient la route, même si ce n’est plus ce que ça a pu être (à prendre avec des pincettes, mes études thèse et post-thèse étant en dehors de France).

A part ça:

  • j’ai eu la chance d’avoir un directeur de thèse qui nous accordait plein de temps (il ne m’est jamais venu à l’idée de prendre rendez-vous pour le voir, j’allais juste frapper à sa porte) en plus d’avoir des connexions. Ca permet de rencontrer du monde, de se faire connaître, de se former. J’ai regretté qu’il soit le seul professeur (ou presque) dans mon domaine de l’université, ça a un peu restreint mes intérêts (j’aurais pu aller me débrouiller tout seul pour voir ailleurs, mais c’est pas forcément évident)
  • un labo à la hiérarchie simplifiée (le directeur du labo en haut, tous les étudiants juste en-dessous), c’est très appréciable. Tu ne tapes pas des demandes contradictoires venant de l’un de tes " supérieurs (une copine en thèse à Centrale vit un peu ça). On était aussi 10 étudiants dans la même salle, ça évite la sensation d’être perdu et démuni
  • un labo qui a de l’argent, c’est vraiment chouette. C’est vraiment formateur d’assister à des conférences, de voir comment les gens communiquent leurs idées, d’assister à des tutoriaux donnés par les pontes. Pour peu que tu aies des calculs à faire, on est quand même vachement mieux avec un gros cluster. C’est aussi plus sympa d’avoir la liberté de ne pas assurer de charges de cours
  • prends-toi un directeur de thèse connu. Ca t’ouvrira bien plus facilement des portes plus tard, que ce soit à cause des connexions susmentionnées ou des lettres de recommandation. Tous les postdocs qui m’ont été spontanément offerts l’ont été par des potes de mon directeur de thèse
  • je n’ai pas eu de sujet précis pendant ma thèse. Le résultat, c’est que j’ai fait une thèse par articles (je ne crois pas qu’on puisse en France, mais je ne suis pas sûr) n’ayant pas forcément de lien les uns avec les autres. C’est un regret sur le plan intellectuel, c’est aussi plus risqué parce qu’on peut se contenter de faire juste des petites idées amusantes qui vont nous permettre de publier, mais sans grande portée.

Au final, je suis en postdoc en entreprise (Microsoft Research) et je ne regrette rien. Mais je suis encore capable de me lever à 3 heures du matin pour écrire une idée que j’ai eue sur un bout de papier, et je pense que c’est primordial quand on fait de la recherche.

Je suis pas sûr que mon post aide beaucoup, mais ta question est assez large en même temps :slight_smile:

Je nuance les propos de AAArgh par la chose suivante :

aux USA , en allemagne , et en general dans le monde sauf la france , tout le monde est engineer ( en gros de +2 à +5) . Si tu veux travailler dans l’international sur des sujet technique pointus ( surtout si allemagne ) . Le PhD est une OBLIGATION !!!

le marché francais marche à l’inverse du reste du monde sur ce point precis . Or la planete rapetisse de plus en plus …

là je suis en stage à l’INRIA de Sophia Antipolis, et ils me prennent en thèse je reste avec le même encadrant que je trouve bien sympa.
La thèse porte sur la preuve formelle d’algorithmes cryptographiques.

Et j’ai pas l’impression que faire une thèse ça soit un moyen de ne pas rentrer dans la vie active, car ça ressemble pas mal à un taf, sauf qu’on apprend plein de truc

Et je termine un stage de 6 mois, pas en crypto mais avec de la preuve te je trouve ça bien sympa comme ambiance, et pour le moment l’idée de bosser comme ça à vie me botte pas mal :slight_smile:

Et merci pour ta réponse genji

Je plussoie Genji et Patryn.

Perso après si je veux bosser dans des départements R&D de grosses boites (j’ai discuté avec des gens de Novartis ou Roche par exemple), ben t’as besoin d’un PhD, c’est tout.
Et aux US, le PhD est un truc super répandu, qui est vu par les entreprises comme un niveau supérieur d’éducation par rapport à un Bachelor ou un Master, donc c’est très apprécié.

Et bon note personnelle: la recherche en France c’est vraiment pas la fête, perso je conseille vraiment de faire ailleurs en Europe (ou aux US si vraiment envie, mais même moi j’ai de la peine à le considérer).

[edit: PhD == doctorat, pour les non-anglophones]

Pas du tout, c’est une abbréviation pour Piled Higher and Deeper. :slight_smile:

Azhag > justement, j’ai entendu des avis contraires sur “la recherche aux états unis”.
d’après certain(e)s, tu sers justement d’esclave à labo qui le fait tourner plus que l’utilise pour chercher …
(cf une prof de physique de lille dont j’ai oublié le nom)

Quand je vois les emmerdes qu’a eu Rolyat pour trouver un boulot après sa thèse… euh, ca refroidit… :slight_smile:

Après, je sais pas comment ca peut se passer pour vous, mais mon directeur de mémoire de dernière année ( Master ) a mis dix ans pour faire sa thèse d’économie… :crying:
Ca fait quand meme beaucoup pour avoir un niveau plus élevé…

donc bon, my two cents…

[quote=« fser, post:10, topic: 37997 »]Azhag > justement, j’ai entendu des avis contraires sur « la recherche aux états unis ».
d’après certain(e)s, tu sers justement d’esclave à labo qui le fait tourner plus que l’utilise pour chercher …
(cf une prof de physique de lille dont j’ai oublié le nom)[/quote]
Ca dépend de ton lab et de ton prof, mais c’est en effet le cas parfois (par exemple où je suis now). C’est pour ça que j’hésite à faire mon PhD ici. Les doctorants que j’ai rencontré à l’EPFL en Suisse par exemple, sont beacuoup plus libres et font vraiment LEUR recherche.
Le truc c’est que quand t’as des profs qui supervisent 10 doctorants et quelques post-doc, c’est juste pas possible à mon avis.

La hiérarchie ici est magnifiquement capturée par ce Phdcomic:

D’ailleurs pour vous faire une idée (bien que ça soit amplifié, mais pas tant que ça malheureusement) de la vie de PhD aux US, lisez PhdComics. En plus c’est drôle. C’est applicable dans une moindre mesure en Europe.

[quote=« Ldoud, post:11, topic: 37997 »]Quand je vois les emmerdes qu’a eu Rolyat pour trouver un boulot après sa thèse… euh, ca refroidit… :slight_smile:

Après, je sais pas comment ca peut se passer pour vous, mais mon directeur de mémoire de dernière année ( Master ) a mis dix ans pour faire sa thèse d’économie… :crying:
Ca fait quand meme beaucoup pour avoir un niveau plus élevé…

donc bon, my two cents…[/quote]
Bon là on parle pas des PhD en sciences sociales/ouautres, parce que je vais faire mon aigri intégriste.

Aux US: PhD mélangé avec le Master: 6 ans. J’dois encore discuter avec des gens et profs pour savoir si on peut faire que le PhD si on a déjà un Master.
En Europe: PhD engineering: 3 ans, 4 si vraiment y a intérêt.

Mon avis à moi sur le PhD:
J’aime la recherche, et je veux plus tard bosser en entreprise, et encore plus tard aussi enseigner. Soit je faisais le PhD après avoir travaillé un moment, soit directement à la fin de mon Master. J’ai décidé de faire le PhD directement, je commencerai donc l’année prochaine je pense (j’ai pas encore choisi où le faire et avec qui). A mon avis les seules personnes qui doivent tenter un PhD c’est les personnes passionnées par leur sujet, qui supporte le travail de recherche et le fait de pas avoir de thune pendant 3 ans de plus. Pour moi c’est plus un truc personnel, faut pas le prendre comme un moyen de gagner facilement plus d’argent (surtout en Europe), mais d’ouvrir potentiellement plus de portes (c’est quand même la porte d’entrée au monde magnifique et impitoyable de la « recherche »).

C’est super mal vu non 10 ans ?

10 t’es un boulet

desolé de parler cru hein ! sauf circonstances exceptionnelle comme maladie ou autres . Dans ce cas c’est de la pugnacité . sinon faut savoir s’arreter .

[quote=“Patryn, post:14, topic: 37997”]10 t’es un boulet

desolé de parler cru hein ! sauf circonstances exceptionnelle comme maladie ou autres . Dans ce cas c’est de la pugnacité . sinon faut savoir s’arreter .[/quote]
En général quand tu mets 10 ans, c’est que tu fais autre chose en même temps…enfin j’espère.

Ca dépend aussi de ce que tu fais. Ma thèse d’info, c’était 4 ans et 200 pages. La thèse d’histoire de la soeur de ma copine, c’était 7 ou 8 ans et 1000 pages. Le nombre de pages ne veut pas tout dire, mais comparer les durées de thèse de matières qui n’ont rien à voir n’a pas grand intérêt.

ça dépend des cas, tu peux allonger la durée du doctorat si tu es assistant(e) en même temps. C’est le cas pour mon ex par exemple, avec le (gros) défaut que le boulot d’assistant(e) prends parfois beaucoup trop le pas sur ta recherche.

Les thèses en sciences humaines durent plus longtemps en général non ?

En général oui car il s’agit de sujet plus abstraits.

Oula, y’a eu beaucoup de trucs qui ont été écrit ici depuis…

Juste une précision, les doctorats en France, qui mettent plus de 10 ans (enfin plutôt au passé), ce sont les Doctorats d’Etats qui n’existent plus (enfin normalement).

Le doctorat d’université, spécialisé en Informatique (le miens par exemple), se passe normalement en 3 ans. C’est un doctorat faisant partie des sciences pour l’ingénieur.

J’ai fait un doctorat pour faire de la recherche et pour pouvoir enseigner à l’université. Et comme le dit Ldoud, j’ai galéré en gros un an après mon post-doc pour trouver un job.

J’aime mon job et y’a pas mal de trucs à revoir à mon avis en France surtout. Ma thèse est française, mais elle a été faite en Allemagne et supervisée en Allemagne pour 90% de celle-ci. Après on peut toujours se demander pourquoi après avoir postulé à 29 postes en France je n’ai pas eu d’entretiens… Alors on se remet en question, on broit du noir, on se dit qu’on ne vaut rien, que la thèse ne vaut rien etc.

(là, ça fait 3615 mavie, mais bon)… Ce que je reproche à la France surtout, c’est les candidatures ouvertes 1 mois durant l’année. Les universités doivent publier les postes potentiellement disponibles même si elles ont déjà les candidats sous le bras. Ca c’est le gros reproche, ainsi que le manque total de transparence.

Après on peut toujours émettre des suppositions, mais sans aucune preuve, ça ne reste que des suppositions.

Dans la suite on pourra parler de la course au nombre de publis (et on pourra même définir “publications”), étalon un peu bancal à mon avis.