Bon ben vu que ça fait deux ans que j’ai commencé une thèse en informatique, dans un labo de robotique, où je travaille sur du SLAM et des algos de vision, je vais vous faire un peu part des mes impressions.
Personnellement, je ne voulais pas du tout faire une thèse à la fin de mon master, mais le prof m’a motivé, et c’est surtout le fait d’avoir une très grande part de travail techinque (dans mon labo on bosse pratiquement exclusivement sur des vrais robots qu’on construit souvent nous-même, on n’est pas tant des pros des simulations) qui m’a motivé. Et de ce point de vue-là, je suis assez content, je pense que j’ai pu apprendre beaucoup de choses que je n’aurais jamais pu apprendre si j’étais directement parti dans l’industrie. En plus ça m’a permis de bien connaitre le monde de la robotique, et surtout les gens qui travaillent dans ce monde en Suisse romande: ainsi une boite de ma région est d’ores et déjà intéressée à ce que je vienne travailler chez eux à la fin de ma thèse. Je ne pense pas que je les aurais connus et inversément sans ma thèse.
Sinon j’ai aussi la chance d’avoir un doctorat financé par un partenaire industriel (une grosse boite suisse de R&D en microtechnique), et je collabore de temps à autres à certains de leurs projets, donc ça me fait aussi une certaine expérience plus pratique, et avec un pied dans le R&D industriel.
Ensuite, en Suisse, le status de docteur est assez bien vu des entreprises, surtout en Suisse alémanique où l’influence des allemands est hyper importante, et comme je viens d’une région bilingue, c’est quand même un plus pour moi pour ensuite entrer plus facilement et avoir plus de responsabilités dans un département R&D par exemple. Mais c’est vrai qu’en Suisse romande, où la France a plus d’influence, le titre de docteur a moins d’importance, mais apparament c’est en train de changer. Les gens se rendent quand même compte qu’en faisant une thèse, on gère quand même un projet sur plusieurs années, on est forcé de collaborer/échanger avec beaucoup de gens dans un labo, qui ressemble quand même assez souvent à une petite PME. Ceci permet de développer des qualités qui sont quand même très appréciables pour une future carrière dans l’industrie, souvent beaucoup plus que les compétences acquises dans notre domaine de recherche très très pointu (et c’est d’ailleurs très rare qu’on retrouve du boulot dans ce domaine ensuite).
J’ai vraiment de la chance aussi d’avoir un directeur de thèse qui est très correct avec ses doctorants, ne nous demande pas de faire le travail qu’il rechigne de faire et est très compréhensif dans certains cas. Mais bon, il est par contre exigeant sur la qualité du travail, et ça c’est bien et je le recommande.
Maintenant, les points négatifs, je déteste le côté académique, et j’ai vraiment beaucoup de peine à vendre mon travail dans des publications, et mon directeur de thèse ne me met pas trop la pression là-dessus (faudra que je lui demande pour que ça avance un plus vite), ça fait deux ans de thèse, je commence à avoir des résultats intéressant, mais je n’ai que deux publications où je ne suis que le deuxième auteur. Ensuite, ça fait toujours très mal au sac de voir les collègues de master, et surtout leur salaire alors qu’on a de la peine à nouer les deux bouts avec nos salaires d’exploités.
En gros, si je devais conseiller quelqu’un pour choisir une thèse:
- vraiment choisir un sujet qui nous passionne, sinon c’est dur de se motiver à bosser pour des clopinettes
- les gens avec qui vous allez travailler sont très importants, donc il faut que la relation avec le directeur de thèse soit bonne
- le côté académique n’est pas à négliger, ça sera une grande partie du boulot quand même, il ne faut pas que ça rebute trop (même si je pense que ça ne plait finalement à personne, c’est bien clair)
- enfin bien se rendre compte que les compétence qu’on acquiert dans son domaine technique pointu ne vont souvent nous servir à rien ensuite dans une carrière industrielle