Cet après midi, je dors sur mon canapé, Enzo sur les genoux, quand une sonette retentit.
Je sursaute, tente veinement de regarder l’heure sur le magnétoscope. Il est trop loin et je n’ai pas mes lunettes. Je vois tout flou, lutte 2 bonnes minutes pour tenter de déchiffrer les inscriptions luminescentes en plissant les yeux. Au bout d’un moment j’abandonne, songeant que ma montre est beaucoup plus près de moi, et qu’il suffit que je lève le bras pour la regarder.
Argh 15h. Ca fait donc 2 heures que je pionce… Dire que je devais bosser…
La tête en vrac, je vais à l’interphone, bougonne un “mouais…” convaincu qui aurait fait fuir n’importe quel représentant en savonnettes (bulgares) tout en me passant la main dans mes cheveux… Un instant je réalise qu’on ne me répond pas, mais j’entends des chuchotement derrière ma porte.
Pigé: ce n’est pas l’interphone que j’ai entendu, mais la sonette de l’appartement, directement. Je savais même pas que j’en avais une… Comment les mécréants qui osent me déranger à cette heure là ont-ils fait pour passer la porte d’entrée de l’immeuble ?
Enzo devine que je vais ouvrir, et donc se frotte au bas de la porte pour tenter de sortir dès que le battant sera suffisament écarté.
Je le pousse du pied, et j’ouvre…
Devant moi, rien, juste la porte de l’appartement en face.
C’est quoi ce délire ?
Je tente un rapide état des lieux sur ma santé mentale, en conclut que de ce côté là, tout va à peu près bien. Du moins, pas pire que d’ordinaire. Mais j’ai bien entendu une sonette, et ça ne pouvait pas venir de mon rêve : dans une salle de classe envahie par des monstres gluants et des élèves chieurs (dont mon frère), il n’y a pas de sonettes…
- Des bonbons s’il vous plait monsieur…
Hein ? D’où venait ce bruit ?
Je baisse les yeux. Deux momes déguisés en je ne sais pas trop quoi sont devant moi et me tendent une espèce de filet… Ils sont mignons, j’ai juste envie de leur foutre deux beignes…
Je regarde le filet qu’ils me tendent, sans trop comprendre.
Des bonbons ? C’est quoi ça déjà ?
Ah oui, j’y suis… Des trucs à manger. Je regarde ma montre: 31 10. Ah oui, Halloween… Pour ça qu’ils sont déguisés… Ils ne font pas peur du tout, heureusement, par contre je suis sur que vu mon état de délabrement, pris au saut du lit, eux ont vraiment eut peur de moi. Au moins, pour ces 2 gosses, Halloween signifiera vraiment quelque chose, ils auront des trucs à raconter…
J’ai limite envie de m’assoir sur une chaise, de prendre l’air pénétré et professoral qui me caractérise quand j’ai envie d’être chiant, et de leur expliquer longuement pourquoi ils sont là, pourquoi leur libre arbitre est totalement à la merci de grosses firmes américaines, et pourquoi le marketing distord tout. Accessoirement, aussi, pourquoi ce genre de coutume m’énerve surtout quand je dors tranquillement chez moi.
Mais ça retarderait d’autant mon retour sur le canapé. J’opte donc pour une solution plus radicale. - Désolé, rien à vous donner. Au revoir.
Je claque la porte au nez des deux mioches. Pas envie d’épiloguer… Je les entends murmurer un “c’est pas grave” avant qu’ils se vengent sur mes voisins.
Encore heureux que “c’est pas grave”. Manquerait plus que je passe en jugement pour non donnage de bonbons…
Enzo, déçu de ne pas être sorti, retourne sur le canapé. Je le rejoins, juste après avoir choppé ma robe de chambre.
Ca caille, aujourd’hui…
FMP