olala je fais une allusion dans un post à une légende populaire (droit de cuissage), je m’absente deux jours et je retrouve plein de petits Alain Decaux sur Cafzone… c’est chouette
Bon je suis désolé d’avoir provoqué un tel déviage de post, je le ferai plus.
Sinon comme vous avez déjà répondu en long en large et en travers, je vais pas faire une redite. Alors rapidement:
-je confirme que le droit de cuissage est effectivement une légende juridique historique (je l’ai cité avec humour parce ca frappe l’imaginaire des gens).
-les serfs sont pas des esclaves (et il n’y a pas que des serfs ou nobles, ya aussi des hommes libres, propriétaires, ect…). ils ont toutes une série de droit (paiement contre changement de statut, droits et devoirs envers le seigneur sont définis…)
-On ne peut pas parler du moyen-âge comme d’une période uniforme (ca couvre quand même mil ans!). Il y a plusieurs courants qui définissent des dates de début et de fin du moyen-âge très variables (basée soit sur les premières invasions barbares, sur l’intronisation du christianisme comme religion d’état sous l’empereur Constantin, sur la séparation empire romain d’orient et d’occident, sur la chute des frontières du Rhin ou de l’empire romain d’occident ou encore sur le déplacement du centre d’activité de l’europe qui se déplace de la méditérannée au nord de l’Europe suite aux pressions arabes)
-Même problème pour les dates de fin du moyen-âge (13ième ou 1453: chute de l’empire romain d’orient ou 1492 découverte de Microsoft…)
En fait cela est dû au manque d’intérêt dont cette longue période a fait l’objet pendant des centaines d’années. Les érudits italiens considéraient que les périodes significatives étaient l’antiquité(plusieurs dieux) et la renaissance(redécouverte de ces dieux et des hommes) et qu’entre les deux c’était bof bof (d’ailleurs “moyen” veut bien dire ce qui se trouve entre deux trucs)
Actuellement, on découpe effectivement la période en trois tranches mais on s’accorde à dire que du 3ième au 8ième siècle c’est plus une longue transition qu’une rupture brutale : c’est l’Antiquité tardive.
- quant aux pouvoirs du seigneur, ils ne sont pas à sous-estimer. N’oublions pas que sous les mérovingiens et les carolingiens (du moins au début de cette période puisqu’après on y voit le développement de la féodo-vassalité qui induit d’autres relations), on est dans un environnement de droit germanique et plus romain. Le pouvoir est totalement délégué au seigneur local (le Bannum). Il préside le tribunal aidé par des assesseurs (choisis parmi les hommes libres) et ce tribunal a droit de vie et de mort sans appel possible. En fait, en droit salique, ce n’est pas l’accusateur qui doit prouver la culpabilité de l’accusé mais celui-ci doit prouver son innocence (d’où des dérapages et abus de pouvoirs…légaux).
Lorsqu’on arrivait pas à trancher la question par des moyens classiques, on utilisait le duel ou l’Ordalie qui était un “jugement de Dieu” pour “trancher” une des deux parties… Ces épreuves bizarres et souvent mortelles étaient assez répandues quoiqu’on en dise (c’est d’ailleurs une des seules bases historiques véritables sur laquelle le mythe d’un moyen-age hyper violent s’est construit). Le droit germain ne prévoyant pas de privation de liberté, on ne pouvait être condamné qu’à payer ou à souffrir…condamnations archivées par un notaire (eh oui c’est là qu’ils apparaissent).
Les peines prévues variaient aussi selon l’origine sociale du condamné. Plus tard (vers 16h45…), on distinguera la Haute-justice (+/- crime) pour laquelle la présence et l’avis du comte était obligatoire et la Basse justice (+/- délit) où la décision était prise par le vice-comes (le vicomte).
Voilà j’ai encore des choses à dires mais j’ai déjà fait une tartine sans le vouloir mais bon comme y a plein de gens sérieux ici, je ne voulais pas rester sur cette mauvaise impression de ma citation du dro-it de cuissage
Ce message a été édité par Chaps le 05/11/2003