Licenciement pour faute: besoin de conseils

Hello la zone.

Je vous fais un petit topo de la situation: je suis actuellement employé dans une association sur le Val d’Oise. Dans mes attributions, je m’occupe entre autre d’un local où j’ai la responsabilité des clés, de l’alarme et du matériel présent. Sur ce site, je travaille en coopération avec un bénévole, une personne de confiance, nous faisons des cours de français en direction de publics immigrés.

L’ambiance dans l’association est déplorable, la faute à un fonctionnement proprement féodal où la présidente fait office de châtelain, contrôlant tout de manière insidieuse par la délation et le harcèlement (technique d’une tranche de vérité entre deux tranches d’exagération pour faire des reproches à un employé). J’y travaille depuis septembre 2012, je suis en CDI à 35h, sous la convention collective de l’animation. C’est pour moi un travail d’appoint car je me fais opérer d’une myopie fin mars dans le but de pouvoir être embauché à la SNCF (on croise les doigts).

Le souci est que j’ai beaucoup de mal à tenir la pression. Je suis un gars gentil et je n’arrive plus à supporter les horaires (6 jours sur 7 en décalé), la violence verbale des jeunes dont j’ai aussi la charge (enculé fait office de virgule chez eux) ainsi que la pression perpétuelle que me met ma patronne (je suis autonome dans mon travail quand tout va bien, responsable quand ça foire)

Maintenant les faits: 

Le samedi 16 février, je me fait avoir par un jeune qui se paye ma tête, c’est la goutte d’eau. Je me met en arrêt une semaine histoire de me calmer et ne plus les voir. Entre l’arrêt de la clope après 11 ans, la diminution de l’alcool et la pression du boulot, c’était soit ça, soit j’envoyais proprement un jeune à l’hosto. J’ai fais l’erreur de donner le vrai motif de mon arrêt maladie (stress professionnel) à mon travail, ni une ni deux j’ai 11 appels en absence et trois messages du boulot sur mon téléphone 15 minutes après, me demandant de rappeler “pour la coordination dû à mon absence et pour en savoir un peu plus sur les raisons de mon stress”. Je ne donne pas suite à leurs appels afin de ne pas me stresser encore plus. Mon arrêt courait du lundi 18 février au vendredi 22, mon planning me faisant reprendre le travail le dimanche 24. Il faut savoir que nos plannings nous sont donnés d’une semaine à l’autre, donc au vendredi 22 je ne savais pas mes horaires de la semaine suivante. 

Après plusieurs coups de fils où l’on ne me répond pas, j’apprend par sms de ma directrice (tyranneau soumise à ma patronne la présidente) mon remplacement le dimanche suite “à une modification du planning”. Le lundi, j’apprend par mon patron (mari de la présidente) ma mise en congés “pour ne pas tout changer au dernier moment, ne sachant pas si je revenais ou pas”. Ils ont le droit de me mettre en congés, c’est stipulé dans mon contrat.

Et ce vendredi je reçois une lettre recommandée avec AR me convoquant à un entretien préalable pouvant mener à un licenciement pour ce lundi 4 mars. On me reproche d’avoir sciemment remis les clés du local où je travaille au bénévole m’accompagnant, contrevenant de ce fait à mes obligations de sécurité (fermeture et alarme) et mes obligations de relations hiérarchiques. Ils ont raison, je l’ai fait il y a plusieurs mois afin de ne pas laisser les stagiaires dehors lorsque je suis pris dans les bouchons le matin (j’ai pris cette décision en hiver). 

Je viens donc vers vous pour m’éclaircir un peu les idées et partager ça avec quelqu’un. Je reconnais (devant vous déjà) que j’ai bien fait un double des clés, eux ont juste une version de la part du bénévole comme quoi  j’ai perdu les clés et qu’il avait décidé de me les remettre dès qu’il me verrait (version décidée en commun le jour de mon arrêt maladie), ils ne savent donc pas que j’ai fait un double pour lui, c’est une extrapolation de leur part.

Je suis un mec qui a du mal avec la violence et les rapports de force, mais je suis en colère contre mon employeur et contre mes conditions de travail. Je me suis rendu à l’inspection du travail pour prendre quelques premiers renseignements concernant mon emploi (avant de recevoir la lettre donc). Il semble de prime abord que mon employeur ne respecte la convention collective notamment concernant la durée de repos hebdomadaire ainsi que des manques concernant des repos compensateurs auxquels j’aurais droit. Je n’ai aussi pas entendu parler de délégués du personnel dans notre association (qui regroupe plus de 11 salariés), mais je ne peux l’affirmer avec certitude. Enfin,  mon employeur ne respecte pas le délai légal entre la réception de la lettre et l’entretien qui est de 5 jours ouvrables. J’ai reçu l’accusé hier, l’entretien est lundi, c’est trop tôt pour préparer une défense au regard de la loi. 

Je vous avoue que je suis un peu perdu. Comme je connais ma patronne, cet entretien a pour but de me coller une grosse pression afin que je craque et qu’elle puisse avoir un petit toutou de plus. Quand je vois dans quel état sont certains de mes collègues, ça me fait froid dans le dos. J’ai envie de me battre mais au vu des premières recherches sur le net, je suis tenu par mon portefeuille car en cas de licenciement, je ne toucherai que 536 euros de chômage, n’ayant travaillé que 5 mois durant les 12 derniers (avant mon emploi j’étais au chômage).
D’ailleurs je n’ai pas réussi à trouver si les indemnités chômage préalables étaient prises en compte dans le calcul de nouvelles, peut-être quelqu’un en sait plus que moi ici ?

Voilà, si vous pouviez me donner quelques avis afin que j’y vois un peu plus clair ça serait cool parce que je stresse un peu et je ne sais pas trop par quel bout prendre cette situation.

Alors, va te syndiquer, direct, ou tu veux, CGT, CFDT, whatever. Ils t’apporteront soutien, conseil, et presence lors des entretiens si tu as besoin. Ca parait con, mais c’est rien la cotisation a coté de ce que tu en tires si tu te fais aider ne serait ce qu’un peu. Ensuite, l’entreprise s’en fout parfois de respecter les delais legaux. Soit ca fini avec une jolie prime et un accord de non poursuite au prud’hommes, soit ils esperent que tu vas te decourager avant les 2ans de procedures (ou ils auraient toutes les chances de prendre un licenciement abusif, malgré la faute que tu penses avoir faite). Pour le reste, relis le debut de mon message.

J’ai rien d’autre à dire que AnaL, si tu sens que tu vas te faire entuber profond : Syndicat. Sont tellement cons qu’ils défendent l’indéfendable. Par ailleurs, ils sont tellement content de récupérer une cotisation qu’ils répondront immédiatement à tes questions et t’aideront.

[quote=« Donjohn, post:3, topic: 54860 »][/quote]Hahaha, j’adore ta vision des syndicats. Pas completement vrai, mais tellement vrai en meme temps, génial :stuck_out_tongue:

Clairement, vient accompagné lors de ton entretien.

Pas de conseil légal, mais le harcèlement moral est un motif de faute. Le nombre de plainte sous ce motif est en forte croissance. Mais ça reste parfois difficile à démontrer. Un avocat, un de ceux qui organisent des conseils gratuits, me semble un bon point de départ. 
Tu as des droits. 
Courage en tous cas.  

[quote=“Donjohn, post:3, topic: 54860”][/quote]
Je serai toi, j’éviterais quand meme de dire des choses aussi catégoriques. Ils sont peut etre désuets, en retards, mais ils sont pour beaucoup de monde un soutien précieux…

Et je pense que dans un cas comme le mien - et de beaucoup d’autres personnes ici qui ne savent pas non plus la fermer - on finira un jour par dire un mot de trop au boss.

Pareil que les autres, fait toi accompagner lors de ton entretien.

Ma femme avait eu une histoire similaire (dans un contexte très différent cependant), et elle avait été aidée par un ancien syndicaliste à la retraite qui faisait ça sur son temps libre. Il connaissait très bien les droits des employés et ça l’avait beaucoup aidée, déjà rien que le fait de ne pas venir seul renforce ton point de vue et ne te met pas en position de faiblesse.

Ensuite pendant cet entretien écoute juste les faits qu’ils ont à te reprocher, prends des notes mais surtout ne dit pas de choses qui pourraient te porter préjudice, n’hésite pas à botter en touche même s’ils te posent des questions ou te demandent de confirmer les faits (“je vais y réfléchir”, “je vous donnerai ma réponse plus tard” par exemple). 

Bon courage en tout cas

[quote=“Kaamoulox, post:1, topic: 54860”][/quote]
Ca ca pourrait pas etre justement un bel exemple de harcelement? Je sais pas si ca tout seul suffit…

Aussi, pour le double des clés, attentions, certaines clés sont uniques & il est parfois possible de décerner des doubles de l’original. Renseigne toi chez un serrurier avant, je pense.

[quote=“Kaamoulox, post:1, topic: 54860”][/quote]
Je ne comprends pas ta question sur les indemnités préalables / les nouvelles.
Tu as bossé 5 mois, cela t’ouvre des droits, et tu dis avoir été au chômage avant, mais encore…

[quote=« Berzehk, post:7, topic: 54860 »][/quote]
Ah mais je nie surtout pas l’intérêt des syndicats, mais ce sont des extrémistes.
Comme tout extrémiste, ce sont des cons, mais ils sont utiles voir indispensable car en face, ya aussi d’autre cons qui sont tout aussi extrémistes. Au milieu t’as les salariés et partons qui veulent être réglos. L’idée c’est d’utiliser les extrêmes quand ça t’arrange et je crois qu’en France on est champion pour ça :slight_smile:

Et… Si ces imbéciles, n’ont pas respecté les délais… hahahaha sont trop cons, appelle les prud’hommes, tu vas les défoncer. Vu dans mon entreprises précédente : ils se sont planté sur un courrier : délai foiré. Résultat : impossible de virer le gars qui menaçait des prud’Homme et de l’inspection du travail, ils ont du attendre plusieurs mois pour le faire à nouveau. Le salarié était tout content, ils devaient le garder… et il foutait rien puisque son équipe complète avait été licencié. Ça s’est résolu simplement :  le collègue est resté chez lui 3mois payé plein pot à rien faire avant d’être licencié à nouveau :smiley:

J’ai été, il y a très longtemps, accusé et menacé de licenciement pour faute lourde, avec dommages et interets, etc… J’ai répondu avec A/R que s’ils continuaient, je demanderais aux Prud’homme de régler l’affaire. Le lendemain de la réception du courrier, j’étais convoqué pour me dire qu’ils me laissaient partir sans soucis. J’avais un avantage : je voulais me barrer, j’avais pas de pb de portefeuille.

Mais tout ça pour dire que s’écraser est la dernière des solutions. Donc va vite rechercher de l’aide !

Pas grand chose à ajouter à ce qui a été au dessus: pour un entretient, TOUJOURS venir accompagné. Et s’ils commencent à se la jouer “ahah, DONC vous avez bien quelque chose à vous reprocher” => “Non, mais je pense qu’un témoin de notre entretien peut être utile …” (et s’ils partent sur la confiance, tu éclates de rire :))

Un truc en plus toutefois: je pense pas que “faire le mort” pour lundi soit une bonne idée. Tu peux quand même téléphoner à ton “chef” pour lui dire “bonjour, j’ai bien reçu votre lettre de convocation, par contre, je ne l’ai reçue que vendredi dernier, et faire l’entretien lundi ne respecte pas le délai minimal légal, bisous, A+” (et bien sur, tu laches rien, quoiqu’ils disent).

Après, dans l’intervalle tu creuses toutes ces histoire de repos pas respecté etc etc … Comme ça le jour J, le dialogue va être plus fun que prévu.

J’ai envie de te dire : est-ce que ça vaut le coup de travailler encore où tu es ? Entre le travail et la santé, il va falloir peut-être faire un choix. 

Quoi qu’il arrive, ne te laisse pas faire. Quand je lis ton témoignage, je n’ai pas l’impression que tu aies réellement quelque chose à te reprocher. Tu as peut-être fais une erreur, mais sous le coup du stress, ç’est humain. Ca me semble exagéré de virer quelqu’un pour ça. N’oublie pas ça. :wink:

[quote=“Tomma, post:13, topic: 54860”][/quote]
Je pense que son but est effectivement avant de finir tout ça sans avoir une grosse tâche dans son dossier professionnel.
Mais d’après les éléments, il y a pas de raison pour qu’il puisse pas se faire un petit bonus en passant pour compenser toutes les saletés qu’il a subit.

Ouais, et connaissant un peu Kaamoulox, il le mérite le petit bonus. Tous des enculés, te laisse pas faire.

je vois surtout que ton boulot ne te convient pas et que tu as été amené à faire des fautes qui te sont potentiellement reprochables . je sais que les temps sont durs , mais considere le fait de l’arrangement amiable , car manifestement personne n’est blanc dans ton histoire et s’accrocher pour rester n’est pas la solution .

Bon courage .

Pas mieux qu’au dessus, donc je te dirais juste “bon courage, surtout reste calme et posé, et donne nous de tes nouvelles”

/hug

[quote=“Patryn, post:16, topic: 54860”][/quote]

Ouais, c’est du coup assez flagrant, meme dans ton propos, “tu as été amené” “potentiellement”. La, on parle pas d’arrangement a l’amiable, mais d’une suite d’evenement menant a une situation. Alors, on omet le probleme des clés. On reprend tranquillement son bouquin de droit et on commence au debut.
Delai legal pas respecté, boum. Harcelement, boum. Deja, la, si tu n’as pas été chercher de l’aide serieuse ailleurs qu’ici, notre demarche perso en tant que DP, c’est que la merde qui va te tomber dessus, tu la merites. Va voir des gens pour te conseiller, et un syndicat (j’ai beaucoup de chose a leur reprocher hein, mais ils sont la, ils ont un role et pourront t’aider), c’est juste le B.A. ba. Il te demanderont surement de t’inscrire, et de payer une cotisation. 10€ par mois en gros. Apres, de la, tu vois. Oui, t’as peut etre fait des trucs reprochables. T’en es meme pas a considerer ca. Tu te fais assister, avec une presence lors de l’entretien. OBLIGATOIRE. Ensuite, tu verras. Evidemment, tu n’admet rien. Sinon, c’est la dessus que ca va focaliser le debat. Tu notes, tu notes et tu reflechis, apres, tu reponds. Et apres, tu verras ce qu’on te reproche, si ca pose VRAIMENT probleme (Serieux, laisser un double a des benevoles dans une asso, si ya pas eu braquage, ou degradations, c’est a mon avis probablement pas un motif de licenciement pour faute, a la rigueur, un avertissement et une mise a pied). Et sinon, pour les delegués du personnel, si il y en a et que c’est pas affiché sur un panneau dedié, re boum.

Tu devrais garder les traces d’appels de tes employeurs vers ton téléphone personnel en dehors des heures de travail, surtout si elles sont en grand nombre. Ce n’est pas normal de se faire appeler chez soi un si grand nombre de fois. Ce n’est pas la voie normale pour communiquer avec un employé.

Edit:

De même je te conseille de garder de côté tous les SMS, emails, messages vocaux, courriers. Et une fois syndiqué, tu montres tout à ton conseil/avocat.

Merci pour tous vos messages, ça fait plaisir :slight_smile:

Une chose revient souvent, c’est de me faire assister par une personne. Je sais bien que ça me met sur un pied d’égalité avec la patronne mais dans le temps qui m’est imparti je ne trouverai pas  un collègue qui accepte (les gens pètent de trouille et je sais que la patronne s’en prendrait à cette personne après) surtout que nous sommes le week end et que beaucoup bossent à l’internat.

J’hésite encore sur la version à donner lors de l’entretien, dire que j’ai perdu mes clefs ou dire que j’ai fais un double volontairement. En en parlant avec ma mère, elle m’a souligné le fait que perdre des clés sans en référer à sa hiérarchie est justement considéré comme une faute (n’importe qui peut tomber dessus et ouvrir le local)

Pour ceux qui me demandent si ça vaut encore le coup de travailler chez eux, c’est oui et non. Non car je pète un câble et qu’ils ne sont pas réguliers, oui parce qu’avec 5 mois de travail et 8000 euros bruts cumulés, ça me donne 5 mois de chômage à 536 euros. A moins que mes droits acquis de mon précédent travail et non utilisés (7 mois) se cumulent et rentrent en compte dans le calcul. Mais comme on est vendredi, j’ai pas pu avoir Pôle Emploi pour savoir.

Ana-L, j’ai justement pris des premiers renseignements à l’inspection du travail hier et j’ai rendez-vous le 14 pour un entretien avec une inspectrice.

Je sais bien que cette histoire de clés ne justifie pas un licenciement, mais comme je connais la patronne cet entretien est un prétexte pour m’avoir dans son bureau et me pilonner histoire de me faire craquer. Elle aime avoir le contrôle et des gens soumis autour d’elle, un de mes collègue est doctorant, 40 ans et il s’est fait broyer par son harcèlement continuel. Moi j’aurais pas les épaules pour supporter ça très longtemps.

Le dilemme est là: si j’écoute mes sentiments, je me bats, je lui pointe ses manquements et je la colle aux prudhommes si elle bronche trop. Mais ma raison me rappelle que j’ai 2500 euros à sortir à la fin du mois pour mon opération, que j’ai encore trois mois de délais avant de repasser les tests d’embauche (sans garanties d’être embauché, mon petit côté parano)et que si je n’ai que 536 euros de chômage c’est matériellement impossible pour moi de m’en sortir.