Organiser ses cours (en tant que prof)

Hello,

Je commence bientôt un boulot complémentaire en tant que prof. Je n’ai que 4 heures par semaine, mes étudiants auront une vingtaine d’années et seront en groupes de 20. Et comme je suppose qu’il doit y avoir des profs qui rôdent dans les environs de la zone, je me dis que c’est un bon endroit pour demander des trucs niveau organisation et petites astuces pour devenir super prof ninja et marcher dans les pas de Gérard Klein.

Bon, j’ai déjà réalisé la structure globale de mon cours sous forme d’arbre, et là je répartis mon timing. A priori je vais me retrouver avec une petite liste qui sert de fil rouge pour voir si je suis dans les temps, et pour chaque sujet un tas de points importants à aborder. Le but est de le faire au maximum à l’impro pour essayer que ce soit dynamique, mais d’avoir toujours un support auquel me raccrocher en cas de souci.

Ce qui m’intéresse comme retour, ce serait que ceux parmis vous qui sévissent dans le domaine partagent leurs expériences de “alors on pensait que, et puis bah non”.

Je précise juste que à priori je n’aurai pas besoin de trucs pour assurer ma survie en milieu hostile, ce ne sont pas des sauvages. D’ailleurs y’en a peut-être même qui traînent dans le coin, sait-on jamais.

Il existe pas mal de petits bouquins sur comment structurer des cours ou monter une formation (je dois avoir une bibliographie qui traine dans un coin si ça t’intéresse) qui filent des idées intéressantes.

C’est quoi comme style de cours que tu vas donner? Quel type de contenu? Combien de temps pour la formation totale?

Sinon par groupe de 20 je connais pas du tout. J’ai toujours fait de petites animations pour des groupes 3 à 6 personnes donc je pense que ce que je ferais dans un cas comme le tien ce serait d’alterner sous-groupe/ grand-groupe (je ne sais pas ce qu’en pensent les formateurs expérimentés de la zone). Les p’tits groupes c’est bien ça permet de pas trop tenir le crachoir(–> de pas trop faire pioncer les gens) et ça fait déstresser un peu. En plus comme ça tout le monde se cause parmi et je trouve que ça crée une bonne ambiance quand ça marche bien.

Et puis je dirais (mais je parle surtout pour moi) vas -y suuuper large sur la gestion du temps. Si tu penses qu’un truc te prendras 15 minutes, prévois en 30 c’est trop frustrant de se trouver piégé par manque de temps.

Bonne chance en tout cas :slight_smile:

je ne suis pas prof, mais en tant qu’etudiant , si il y avait quelques choses que je detestait ( ainsi que mes collegues de promos ) c’etait bien les cours “improstyle” . On aime la structure car on en manque , on aime l’ordre car cela nous aide à comprendre ce qui est important de ce qui ne l’est pas .

Un peu du même avis que Patryn, même si je nuancerais en disant que l’impro pourquoi pas, mais à condition de donner le plan (vidéo/rétroprojo, ou au moins oralement).

Merci pour les réponses :slight_smile:

Zoyo : ce sera un cours technique (programmation) mais destiné à des étudiants dont ce n’est pas le cursus principal, c’est du 50/50 entre théorie et pratique, et c’est un total de 30 heures par groupe. Et toi, tu donnais tes formations dans quel contexte ? Sinon je prévois large sur le temps, mais je préfère me retrouver avec trop de choses à dire et trop peu de temps que l’inverse, c’est plus facile de couper des bouts que de meubler. Et puis je peux toujours ajuster d’un cours à l’autre, c’est globalement moi qui définis la matière.

Patryn & Kel_Thalas : oui, j’y ai été un peu fort en disant « impro », ce que j’ai en tête c’est d’avoir un truc bien structuré « en interne ». C’est à dire avoir un cours dont les éléments s’enchaînent dans l’ordre et en douceur, mais éviter à tout pris le piège du prof qui lit ses slides ou son bouquin et qui distrait les étudiants en les forçant à gratter et à lire pendant qu’il parle.

Maintenant la question est de voir comment tenir leur attention sur la longueur, en alternant théorie et exercices ça devrait être possible.

Alors moi je te conseille un truc super sympa: les cartes heuristiques (ou mind mapping). En tant qu’étudiant de master j’aime beaucoup ce truc beaucoup plus visuel que les plans basiques. Je sais pas si cela te conviendra mais je pense que cela mérite de s’y pencher.

Héhé oui, je connais :slight_smile: En fait quand je disais que j’avais tout mon cours sous forme d’arbre, c’est de ça dont je parlais. Pour s’organiser c’est cool, par contre je me vois mal fournir ça comme support de cours aux étudiants, le truc complet fait un peu bordélique quand même.

attention à ses schemas , ca ne fait pas tout , ca depends de ce que l’on enseigne . C’est tres bien pour de la description globale , mais tout n’est pas dans ce cas

ouais, je me range du coté de Patryn sur le coté cours cool.
A 20 ans, t’es en bac +2, t’es censé savoir te gerer.

Et perso, les cours avec un prof qui se la joue détendu, sans support, ou ca part dans tout les sens, bin ca me soulait. C’est bien d’avoir des phases de ce style pendant un cours, pour voir si les gens comprennent bien tout ca, mais c’est clairement un plus.
J’appréciais plutôt les cours bien structurés, que je pouvais ressortir en milieu d’année, ou l’année d’apres pour me rafraichir la mémoire sur tel ou tel sujet. Alors que les courts bordelique, il en reste rien …

Bah moi j’aimais bien les cours freestyle, mais avec un poly en beton. Par exemple on avait des cours de math ou on avait un poly qui couvrait tout de maniere super structure, et un cours qui suivait pas forcement tout ce que faisait le poly mais qui couvrait la maniere de comprendre le poly et les points de logique important, enfin l’essence du truc quoi. On utilisait pas le poly pendant le cours, c’etait un support pour les TP ou les exo mais pas pour le cours. Ca c’etait le top parcequ’apres on pouvait reprendre 2 ans apres le poly ou quoi mais tout en ayant bien saisi grace au cours.

Je vais aussi donner mon avis du point de vue étudiant. Les cours “freestyle”, ça me plaisait beaucoup plus, à condition qu’à l’exam on ai pas à ressortir un truc par coeur comme les autres cours.
Un cours plus libre c’est plus intéressant et ça permet parfois de mieux comprendre le contexte ou certains principes, mais c’est beaucoup plus dur de savoir ce qui doit être appris par coeur (ou même s’il y a des choses à apprendre par coeur) ou de savoir si tel point est plus important que tel autre (quel exemple est le plus pertinent pour illustrer tel point, …).

Et 20 c’est un groupe assez petit (enfin c’est relatif, j’étais habitué à des TD de 50 à la fac), ça permet de faire plus participer les élèves. Quitte à les forcer au début, très vite ils seront plus à l’aise et le cours n’en sera que plus intéressant.

Mes 2 cents d’(ex) élève.

bon bin voila, c’est exactement ca que je voulais dire :slight_smile:

Attention parce que si tes élèves sont des élèves qui viennent de sortir de prépa, les cours freestyle généralement ça passe moins bien.

En sortant de prépa on s’est habitué travailler comme une brute, mais s’est aussi adapté à des méthodes de travail à l’ancienne où l’improvisation et l’imprévu ne font pas parti du décors. Si je peux m’exprimer ainsi : la prépa ça rend « con ».
Le contraste entre les élèves jeunes bizus et les dernières années est flagrant. Il faut bien 3 bons mois aux bizus pour perdre totalement certains réflexes. Ainsi je me souvient d’avoir un peu lutté pendant les premiers mois d’école d’ingé quand le prof demandais des exercices « d’imagination » (par ex : cherchez toutes les causes possibles et imaginables de mal fonctionnent d’un appareil). Ce n’est pas que je ne voulais pas, mais c’est que je ne pouvais pas. Un peu comme quand tu remets le nez dans une notion technique que tu totalement délaissée pendant 10 ans. Tu es tout plein de bonne volonté mais ton esprit a beaucoup de mal à réactiver les automatismes et les modes de réflexion alternatifs. Et je t’assure que je n’étais pas le seul. C’est fou à quel point la prépa peut annihiler chez quelqu’un toutes forme de réflexion omis la logique.

Je sais que je ne suis pas très clair. Mais en gros c’était pour te dire que si tes futurs élèves sont de tout jeunes ex taupins, il faut y aller mollo sur les techniques de participation active avec ton audience. Il n’ont pas encore la l’esprit suffisamment « ouvert » pour pleinement apprécier ton mode d’enseignement « révolutionnaire ».

Et à la fin de ton module fait passer une feuille QCM où tu leur demande de noter ta prestation. Un QCM d’une page où tu leur demande s’ils ont été content de ton plan, de la proportion exercices/cours, etc. C’est toujours bon à prendre un retour d’XP.
Ah et puis un QCM de satisfaction, ça contient toujours un nombre pair de réponse (par ex 4: Excellent, bien, mauvais, médiocre) pour éviter que les personnes cochent tout le temps la réponse « Moyen ».

Enfin ce n’est pas parce qu’il ne sont que 20 de prévus (donc une quinzaine à venir), qu’ils ne vont pas chahuter un peu. :slight_smile:

Mes meilleurs profs que j’ai eu dans mon cursus (Prepa, Ecole d’ingé, Master Management), ça se voyait qu’ils faisaient de l’impro. Il faut avoir un bon fil rouge qui structure mais si tu maîtrise suffisement bien ton sujet, tu peux te permettre d’improviser autour de ta structure, c’est ce qui rend le cours vivant.

Une autre idée intéressante quand c’est possible, c’est de faire venir un intervenant extérieur vers la fin du cycle de cours pour qu’il expose un cas pratique issu de son expérience professionnelle autour du sujet de son cours. J’ai un cours sur la preuve formelle de code avec à la fin, un exposé fait par un des ingénieur qui a travaillé sur Ligne 14 du métro parisien. C’était vraiment très interessant.

Dans tout les cas, un prof qui lit son poly, c’est un cours qui devient facultatif de facto pour les étudiants. La plupart des étudiants s’en rendront compte, ils sécheront et liront le poly la veille de l’examen.

Je confirme tout ce qui a été dit ci-dessus, les meilleurs cours que j’ai pu avoir en école d’ingé sont ceux qui avaient la forme d’une improvisation maousse mais qui exhibaient cependant une structure sous-jacente forte… du free-style fermé-borné quoi… malheureusement, peu de profs ont vraiment été capable de le faire!

Un élément que j’ai trop rarement vu c’est une explication (intéressante) de la direction que va prendre le cours pour cette session et des rappels réguliers à ce plan pendant le cours et non juste un titre/thème et puis basta on y va. Un explication claire et assez détaillée permet de renforcer la structure et de palier à un peu trop de “freestyle”.

Sinon, rien de plus passionnant, je trouve, que de se faire accrocher par le prof en début du cours avec un “grâce à ce qu’on va voir aujourd’hui on pourra comprendre pourquoi/comment <insérer-un-truc-qui-n’a-à-première-vue-pas-grand-chose-à-voir-avec-le-cours>”. Si l’exemple est bien choisi, les étudiants vont être à l’affût pendant tout le cours pour essayer de comprendre avant l’explication finale du prof et cette mise en situation fera un sérieux point d’ancrage de la mémoire.

Je profite du thread pour poser une question annexe - car j’aimerai aussi beaucoup faire de l’enseignement ponctuel (en plus de mon taf quoi). Comment avez-vous fait pour rentrer dans le système?

Un cours bien structuré c’est important mais il faut effectivement éviter ce que faisais une prof de maths que j’avais eu: lecture du début à la fin du cours d’une voix monocorde la tête plongée dans son support de cours.

[quote=“PandaPacha, post:13, topic: 48242”]Attention parce que si tes élèves sont des élèves qui viennent de sortir de prépa, les cours freestyle généralement ça passe moins bien.

En sortant de prépa on s’est habitué travailler comme une brute, mais s’est aussi adapté à des méthodes de travail à l’ancienne où l’improvisation et l’imprévu ne font pas parti du décors. Si je peux m’exprimer ainsi : la prépa ça rend “con”.[/quote]
Et ben putain j’aimerais pas avoir ete dans ta prepa. Dans la mienne l’objectif etait clairement annoncé: on m’a appri a penser bien avant de penser comme une brute. A reflechir avant de bourriner la methode qu’on a apprise par coeur. Je sais pas si ca a ete un succes pour tout le monde et j’ai ptet eut des moins bon resultats au concours a cause de ca, hein, qu’est ce que j’en sais, mais une chose est sure ce genre de raisonement s’appliquait pas aux profs et pas a la plupart des mes camarades de promo.

J’ai d’ailleurs pas retrouve ce genre de comportement en ecole d’ailleurs, dans ma filliere j’ai pas vu du tout ce que tu decris comme une generalite. Y a toujours les quelques eleves qui ont jamais appri a reflechir de leur vie et qui ont toujours tout fait comme des gros beta scolaires a appliquer connement, meme a l’X, mais ils sont pas la majoritee. Le concours les plus quotes en general font de leur mieux pour justement eviter ce genre de comportement et demasquer ceux qui bourrinent de ceux qui ont vraiment integré les notions… Alors avant de faire des generalisation sur le fait que la prepa rend “con” faudrait peut etre eviter d’appliquer les methodes qu’on denonce…

[quote=“GloP, post:17, topic: 48242”]Et ben putain j’aimerais pas avoir ete dans ta prepa. Dans la mienne l’objectif etait clairement annoncé: on m’a appri a penser bien avant de penser comme une brute. A reflechir avant de bourriner la methode qu’on a apprise par coeur. Je sais pas si ca a ete un succes pour tout le monde et j’ai ptet eut des moins bon resultats au concours a cause de ca, hein, qu’est ce que j’en sais, mais une chose est sure ce genre de raisonement s’appliquait pas aux profs et pas a la plupart des mes camarades de promo.

J’ai d’ailleurs pas retrouve ce genre de comportement en ecole d’ailleurs, dans ma filliere j’ai pas vu du tout ce que tu decris comme une generalite. Y a toujours les quelques eleves qui ont jamais appri a reflechir de leur vie et qui ont toujours tout fait comme des gros beta scolaires a appliquer connement, meme a l’X, mais ils sont pas la majoritee. Le concours les plus quotes en general font de leur mieux pour justement eviter ce genre de comportement et demasquer ceux qui bourrinent de ceux qui ont vraiment integré les notions… Alors avant de faire des generalisation sur le fait que la prepa rend “con” faudrait peut etre eviter d’appliquer les methodes qu’on denonce…[/quote]

J’ai vecu la meme chose que Glop dans ma prepa : je me retrouve pas du tout dans la description que tu fais de la prepa qui rends con. Dans mon cas, elle m’a au contraire ouvert l’esprit, et surtout appris a m’adapter au situation.
Mon prof de math de sup a d’ailleurs commencer sont court en nous expliquant qu’on allait apprendre a apprendre et a comprendre. Et justement pas apprendre par coeur et ressortir des trucs automatiquement.

C’est pas un hasard d’ailleurs si dans mon ecole d’inge, ce sont les ex taupin qui ont rapidement rattrapé le niveau des DUT info dans toutes les matieres techniques, alors que pour les matieres theoriques, les dut info n’ont jamais compensé leur retard.

Ce que je voulais dire plus haut sur les mauvais cours freestyle, c’est lorsqu’il ne sont pas combiné avec un support beton. Sinon c’est beaucoup plus agreable.

Ah ben zut j’ai attiré GloP dans mon thread, GloP c’est comme le mildiou dans les patates, on fois qu’on se l’est chopé c’est fini :slight_smile:

Sinon merci pour tous vos feedback, je réponds en vrac.

J’essaie de faire un truc structuré où les éléments s’enchaînent logiquement. Ceci dit, j’ai zéro expérience donc je tâtonne encore, mais c’est mon objectif. J’essaie aussi de stimuler la curiosité en faisant le coup du « bon alors on essaie ça, mais ça marche pas du tout, voyons voir pourquoi et comment s’en sortir ».

Par contre, niveau support j’ai rien et je n’ai pas encore eu le temps d’en écrire un. Heureusement c’est quand même en grande partie basé sur des travaux pratiques, donc je peux fournir le minimum nécessaire, mais va falloir que je m’occupe de faire quelque chose de plus homogène qui servira de référence.

Le coup du mec issu de l’industrie qu’on invite pour donner une partie du cours je pense que c’est une bonne idée, d’ailleurs c’est moi en l’occurence :crying:

La façon dont j’en suis arrivé là est simple : j’ai un collègue qui faisait déjà la même chose, je lui ai dit que j’étais interessé, et il m’a tenu au courant lorsqu’une opportunité s’est présentée.

Et finalement, c’est quoi la prépa ? On n’utilise pas ce terme là dans ma Belgique natale, ou alors c’est que j’étais pas attentif.

@Drealmer:
La prépa (ou Classes Préparatoires aux Grande Écoles) c’est à la sortie du Bac 2 ans dans un établissement où tu te prépares aux concours sélectifs d’entrée aux Grandes Écoles (le plus souvent des écoles d’ingénieur ou de commerce). Pour la catégorie ingénieur, cela correspond en gros à des maths et de la Physique à haute dose (plus de 10h/semaine/discipline). Les Grandes Écoles représentant une filière qui est souvent mieux perçue que l’université en France. C’est très mystifié parce que c’est censé être la filière scientifique la plus sélective et la plus rude. C’est pourquoi il y a plein de rumeurs et de mythes sur la difficulté des Classes Préparatoire en France et l’ambiance qui y est censée être très âpre.
Pour résumer, en France être ingénieur issu d’un Grande École c’est : 2 ans des classe préparatoires (Bac+2) + concours d’entré + 3 ans d’étude en Grand École (Bac +5).

J’avais pas percuté que tu étais en Belgique. Oublie ce que j’ai écrit plus haut. Ce que j’ai écrit était plus ou moins valable à partir du moment on parle de Grande École et de prépa. Ce n’est absolument pas la même chose en Belgique. C’est une bataille purement franco-française.

@Tout le monde :
Bon je me rends compte que je me suis encore plus mal exprimé que je ne l’avais pensé. Donc je vais étayer un poil et me baser sur des exemples, quitte à me contre dire par rapport à ce que j’ai écrit plus haut.

Je suis d’accord avec toi Glop, le mieux c’est d’apprendre à réfléchir par soi-même. Mais toujours est-il qu’en prépa il y a quand même certains aspects de l’assimilation qui demandent un travail de brute. Comme par exemple apprendre les mécanismes d’une démonstration de maths et faire une bonne dizaine d’exercices liés à une notion pour avoir fait le tour des principales embuches.
Ces aptitudes de travail de brute ne sont pas très utiles dans le métier d’un ingénieur dont la mission est le plus souvent « Résouds moi ce problème pratique ».

Parmi les tous premiers cours que les élèves de 1ère année ont dans mon Ecole d’ingé généraliste, on trouve un module (≈ 20h) de découverte de la Qualité (au sens large) et un module “Entreprise” (un grand module fourre-tout dont le but principal c’est de familiariser un peu les élèves avec les notions de l’entreprise). Vu les domaines (“sciences molles”) et comme ce sont des modules d’initiation, il n’y a vraiment d’autre façon que de faire ces cours en freestyle avec à côté un poly plus structuré. Ces cours sont dispensés en petit groupes (≈ 30 élèves) et construits autour de petits exercices en mini-groupes et de discutions avec les élèves, bref beaucoup de “participatif”.

Le participatif avec des élèves qui se connaissent à peine, dont les rares expériences de travail en groupe se limitent en gros à « Dis est-ce que tu peux me montrer comment t’as fait tel exo? » et à un travail en binôme en TP (je caricature à l’extrême), ne donne pas le même résultat qu’avec des élèves en dernière année. Les intervenants qui dispensent ces modules ont aussi des cours avec les élèves de 2ème ou 3ème année. Et pour en avoir discuté un peu avec eux, il en est ressorti que les élèves de 1ère année étaient un peu moins “vifs”.
Bien sûr le fait que les nouveaux élèves ne connaissent pas encore bien a une part importante dans ce résultat mais il n’y pas que ça. Les élèves sont moins habitués à résoudre des problèmes concrets du genre : « La machine de d’emballage est cassé et le camion pour livrer les produits au client arrive dans 2 heures. Que faire ? ». Là il n’y a plus de solution unique au problème avec une marche à suivre bien définie et connue, mais des solutions possibles et envisageables. Et mine de rien ça change pas mal de choses. Parce que ça désarçonne un peu de ne plus retrouver son mode de pensée classique.

Dans mon cursus, j’ai connus des cours extrêmement intéressants et d’autres franchement rébarbatifs. Et ce n’était pas lié au fait qu’ils étaient magistraux ou participatifs. Quand je repense à mes cours de physique et de maths en prépa, je trouve que j’ai eu d’excellents cours magistraux où le participatif était réduit à la question du prof : « C’est bon on passe à autre chose, ou il faut que je réexplique ? ». Et pourtant je me demande si j’apprécierais autant les mêmes cours s’ils m’étaient enseignés aujourd’hui. Touts simplement parce mes méthodes de travail et d’assimilation des connaissances ont beaucoup évoluées. Je supporte maintenant moins bien les amphis de 2h et plus, alors qu’il y a quelques années c’était le contraire. Tout simplement parce que mon « câblage » a changé entre temps. Et que pour changer de câblage il faut un peu de temps.

Donc le but de mon message était plus de mettre en garde Drealmer par rapport à ce point là, c’est tout.

J’espère avoir été un peu plus clair cette fois ci.

PS :
Je remarque que mon commentaire est un peu singulier. Je parle de mon passé d’étudiant ingénieur généraliste, alors que vous racontez vos expériences d’élèves ingénieur et/ou spécialisé en informatique. Bien qu’on porte tous les 2 le titre d’ingénieur on vit des expériences d’étude et de travail qui n’ont presque rien à voir. On vous apprend normalement à être directement productif (les ingés spécialisés) à la sortie de l’École/Université, alors qu’on nous (ingés généralistes) transforme plutôt en “mécanos patte à modeler” prêts à remplir n’importe quelle tâche du moment qu’elle est qualifié de “technique” par les gars du département marketing/commercial. (donc ça vise large, très large)

Message ayant subi de multiples éditions :
(Message d’en-tête pour Drealmer + orthographe + mise en page + PS + corrections diverses)