Tiens il m’avait échappé ce thread…
Je me permets donc de donner mon avis également, j’espère brosser un peu tous les sujets abordés ici. Je vais certainement en oublier, c’est dense et j’ai lu quelques post en diagonale assez vite (ben oui le niveau 173 pour Mia va pas se faire tout seul sinon ).
Bref.
Je crois que le sujet initial était la compétence générale des profs et l’accès à leur profession.
Déjà, je ne pense pas que baisser ou augmenter le niveau du CAPES soit une solution. Ou même un début de solution. Ca rassurera surement les gens qui ne savent pas ce qu’est le métier, mais ça ne signifiera rien pour les profs eux-mêmes et les candidats au concours.
En effet, comme quelqu’un l’a rappelé ici, le CAPES est un concours, donc si il y a 3000 places, les 3000 premiers sont reçus, point final. Les notes en elle même, et donc le niveau des candidats, en fait, on s’en fout un peu. Selon les années, tu peux être recalé parce que tu as eu 12, ou pris parce que tu as eu 6.
De plus, quel que soit le niveau du CAPES, ce seront les mêmes personnes qui vont s’y inscrire, et à priori les mêmes qui vont être reçus.
Avoir le CAPES, ça signifie juste avoir un certain niveau de compétence dans la matière que l’on veut enseigner. Ce niveau de compétence est largement suffisant pour enseigner dans n’importe quelle classe de la 6ème à la terminale.
Ce concours est juste un accecit, c’est tout.
Vient ensuite l’année d’IUFM, instaurée relativement récemment, et la validation de cette année.
C’est au cours de cette année qu’on va essayer de déceler si les participants sont aptes, ou non, à enseigner. Pour cela on est donc « en situation », comme on dit, avec à charge une seule classe, un tuteur dans l’établissement et des visites de l’inspecteur.
Si on réussit cette année, on est validé, et ensuite, tout baigne.
L’année d’IUFM est à mon avis une bonne idée, et c’est au cours de cette année qu’on apprend plein de choses, notamment qu’on nous apprend un minimum de pédagogie. Dans le même temps, on voit les bases d’un cours, comment le faire, comment noter… Le côté pratique des choses, dans la matière que l’on enseigne, évidemment.
J’estime personnellement que cette année est suffisante pour se former. On voit directement si on est fait pour la profession ou pas. Si le contact passe bien avec les élèves, et si on aime se prendre la tête avec tous les à-côtés du métier. Par rapport à « l’avant IUFM », il y a quand même un écrémage des profs. Ceux qui sont visiblement dépassés par les évènements sont virés. Il y en a assez peu, mais il y en a.
Dès lors, les « grosses têtes » qui ont eu le concours parce qu’ils sont super bons dans la matière, mais qui n’ont pas un poil de relations humaines ou qui ne savent pas faire passer leur connaissance vont vite voir qu’ils se sont planté de métier.
Il y a des validations refusées, il y aussi des profs qui arrêtent au bout de quelques mois, voyant qu’ils se sont plantés.
Personnellement, je n’avais jamais enseigné avant d’avoir mon concours, pas même donné de cours particuliers.
J’ai tout de suite vu que « être prof’ », ça signifiait plein de choses. Certaines (beaucoup) que je n’imaginais pas d’ailleurs (quand un parent qui a 20 ans de plus que vous vous demande des conseils sur la façon de faire avec leur enfant, alors que toi, t’en as pas, je vous assure que ça fait drôle).
Mais le principal au cours de cette année, c’est que j’ai vu aussi que ça me plairait. C’est le cas, je pense, de beaucoup de gens qui ont eu le concours.
J’ai donc profité de cette année pour ne strictement rien fou… pour en apprendre bien plus sur le métier, voir ce qui peut se faire, ce qu’il faut éviter… Bref j’ai pris des conseils à droite à gauche, et j’ai fait ma petite cuisine personnelle pour trouver une formule qui marche à peu près en prenant ce qui me paraissait sympa, en essayant des trucs et en faisant dégager ceux qui me paraissaient catastrophiques.
La « pédagogie », comme vous dites, rassemble plusieurs choses: une bonne grosse dose de relation humaines, de bon sens, de respect, et un tout petit peu de pratique psychologique.
J’estime que ça ne s’apprend pas dans une école, que ça ne s’apprend pas en lisant des textes.
Bien sur, comme le rappelle Donhjon, il faut se tenir au courant en lisant les BO, en essayant des trucs glanés à droite à gauche, mais je ne crois pas que la solution viennent de technocrates qui sont loin de la réalité du métier depuis un moment.
C’est pourquoi je suis très critiques vis à vis des discours des inspecteurs par exemple.
Si on lisait les BO constamment et qu’on les suivait à la lettre, il faudrait changer de méthode tous les jours. De plus il faudrait que tout le monde fasse la même chose, au même moment, de la même façon.
Or c’est complètement idiot, pour deux raisons:
- d’abord parce que la façon de faire dépend, à 50%, de la personnalité de l’enseignant.
- ensuite parce que ça dépend, à 50%, du public que tu as en face de toi…
Les théories, c’est génial, mais ce ne sont que des théories. Et quand on voit où nous ont menées certaines expériences comme celles pratiquées dans le primaire depuis quelques années (la nouvelle méthode d’apprentissage de la lecture qui aboutit à des catastrophes en 6eme. Je précise que c’est loin d’être la faute des institutrices), on se dit que suivre les recommandations de nos chers supérieurs, c’est un peu aléatoire. Au mieux…
Je serais plus pour une réelle continuité dans l’encadrement des profs, par exemple en suprimant ces inspections trop poncutelles, imbéciles et qui ne mènent à rien, et en les remplaçant par des suivis pédagogiques, destressant, sur toute l’année et fait par des vrais profs, en rotation (par exemple, un prof laisse son poste pendant 1 an pour en encadrer d’autres. Puis le reprend ensuite: et on tourne).
Ca permettrait de déceler rapidement ceux qui s’en foutent et qui ne sont là que pour profiter du système, de déceler aussi rapidement les profs en difficulté, et de soutenir sur la continuité les efforts de chacun.
Evidemment, ça exigerait des moyens… Et c’est pas avec la droite que ça va venir, si vous voulez mon avis (et même si vous ne le voulez pas d’ailleurs)…
Mais bon…
Concernant mon travail donc, je suis dans un collège tranquille, j’ai fait un peu de lycée aussi et, pour le moment, je pense avoir réussi ce que j’ai entrepris. Je me suis trouvé un « style », qui s’est forgé grâce aux classes que j’ai eu. J’aime ce que je fais même si, j’en suis presque persuadé, selon les textes je suis un nul.
Tant pis.
Hélas, tout le monde n’a pas la chance, à mon âge, d’enseigner directement dans des conditions géniales.
C’est vrai que les collèges ou lycées les plus durs ont un fort taux de rotation des profs, et c’est regrettable. Certains l’ont dit ici, je le dis aussi: la paye n’est pas ce qui nous attache à notre métier, n’aller pas croire qu’on roule sur l’or (je gagne 1600 euros net par mois). Alors quand, en plus, les conditions d’exercices sont insuportables, il faudrait être masochistes pour rester toute sa vie dans de tels établissements.
Il faudrait avoir dans ces lycés des profs motivés, et des bons. Mais rien n’est vraiment fait pour attirer les gens dans ces zones.
De plus, je pense qu’il faudrait engager des personnels encadrant, plus nombreux dans ces établissements difficiles afin de soulager les profs d’un travail qu’ils n’ont, théoriquement, pas à faire.
Mais là encore, sans vouloir entrer dans un débat politique, je ne pense pas que les décisions du gouvernement actuels aillent dans le bon sens (noter que je parle par euphémisme pour ne pas faire travailler les modérateurs).
Vouloir d’un côté plus de sécurité, et d’un autre supprimer la plupart des postes d’encadrement dans les établissements, est un paradoxe que je ne m’explique pas.
Et l’armée ne changera rien à l’affaire, ce serait même la pire erreur à faire à mon avis. L’école doit rester un endroit « protégé » et en dehors des façons de faire extérieures.
Dernier point: je trouve qu’actuellement, on met tout et n’importe quoi sur le dos de l’Education Nationale, et ça aussi c’est une déviance dont il faut se méfier. L’autre jour j’étais à un stage de rencontre PDG - Prof, et le directeur d’un centre Commercial nous mettait en cause carrément lorsqu’il voyait des jeunes voler chez lui…
De même, la plupart des entrepreneurs présents voulaient faire de l’école un centre d’apprentissage pour que dès la sortie, les jeunes puissent travailler chez eux.
Ils avaient une vision « utilitaire » de l’école, et ça aussi ça me gêne. Malheureusement, je pense qu’on en prend le chemin.
Malgré tout, je voudrais quand même terminer sur une note d’optimisme: l’EN (Education Nationale, on aime bien les acronymes ) évolue, mine de rien. Du chemin a été fait depuis les 10 - 20 dernières années. Parfois ça tangue, parfois c’est raté, mais ça change.
Et si ça change, je ne crois pas, honnetement que ça vienne des politiques, des inspecteurs ou des décideurs. Si ça change, je pense quand même que c’est du en très grande partie aux profs…
FMP
PS pour Koubiak: à la plupart de tes posts, je répondrais: plait-il ?