Raoult et l'IHU

Ce qui est en train de se passer avec D. Raoult est juste incroyable.
Déjà son papier de l’année dernière concernant la prise en charge du COVID19 était un scandale à tous les niveaux mais là, on voit que lui et/ou les membres de son équipe s’affranchissent de toutes les règles qui régissent la science et les essais.
Les conséquences sont et seront catastrophiques pour la France et le domaine de la recherche.
Mais surtout, les conséquences pour les patients de ces essais sauvages ne seront probablement jamais complètement connus. Et sont potentiellement graves.
Je suis attristé qu’il faille attendre Octobre 2021 et un article de médiapart pour les autorités (ANSM, ordre des médecins, ministère de la santé) viennent mettre leur nez et trouver (probablement littéralement) des cadavres dans les tiroirs de certains membres de l’IUHM.
Ca me donne envie de pleurer.

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Deux précisions :
Les recherches sur la personne humaine sont encadrés par des lois, des essais qui ne respectent pas ce cadre légal sont des essais illégaux, les qualifiés de sauvages comme le font tous les médias me semble être une facilité de langage.
Il y a eu une enquête du CNRS sur de nombreux essais illégaux (principalement utilisation d’une autorisation d’un Comité de Protection des Personnes pour une étude pour tout un tas d’études) menés par l’IHU Méditerranée depuis des années. Le parquet de Marseille (si je ne me trompe) a d’abord décidé de ne pas poursuivre, l’Express s’est fait écho de cela dans au-moins deux articles.

oui, c’est une honte incroyable. Beaucoup des organismes de contrôle sont deficiants et ne prennent pas leurs responsabilités.
Mais ce qui me donne vraiment envi de pleurer, c’est que Raoult est invité partout, et passe maintenant dans touche pas à mon poste.
Ce mec est un escroc, un voyou, et il est invité partout. Le monde entier lui donne raison. C’est ca qui me donne envi de pleurer : l’honnêteté ne paye pas, et la malhonnêteté si …

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En parlant de ça… je ne sais pas comment c’est en médecine mais en IA/data science/info, de plus en plus de revues demandent les dataset et les protocoles pour évaluer la pertinence des résultats. Il y a de plus en plus de contrôle de la part des éditeurs (ça mets déjà arrivé de voir un article refusé car le relecteur n’arrivait pas à refaire la manip ou parce que mes échantillons n’étaient pas significatifs).

Pour donner un ordre d’idée, y a 5 ans, les protocoles/résultats occupaient 5/10% d’un article, maintenant on est plus autour de 20/25% pour le même type de travail.

J’imagine que ça va aussi arriver dans les autres domaines… et que les études « non sérieuses » seront de plus en plus rare. Après tout c’est aussi le taff des éditeurs et ca pourrait justifier le prix qu’ils demandent :sweat_smile: (Je rêve peut-être… )

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Les revues en médecine demandent aux auteurs s’ils ont bien eu une autorisation d’un comité d’éthique et un numéro officiel de l’étude clinique (ClinicalTrials américain ou EudraCT européen) ces numéros donnent l’accès à tout un tas d’information sur l’étude en cours ou terminée dont les différentes autorisations.
Après on est sur du déclaratif, je ne connais pas d’exemple d’une revue qui aurait fait une remarque suite à une vérification et je n’ai jamais entendu d’anecdote sur un reviewer qui aurait fait ce genre de remarque non plus (expérience personnelle très limitée par nature).
Néanmoins, c’est ce qui permet d’examiner le travail de Raoult et de ses collèges et c’est ce qui va permettre de montrer que cela fait des années qu’ils s’assoient sur les lois liées aux recherches sur la personne humaine (du moins c’était les conclusions de l’enquête du CNRS d’après l’Express).

Raoult publie dans une revue qui est en fait dirigée par ses collègues de l’IHU. Le reviewing est probablement inexistant.
C’est tout un montage son affaire. Je ne serais pas étonné qu’on découvre que certaines de ses découvertes n’existent en fait pas : le gars est spécialiste de la découverte de micro organismes, pas nécessairement pathogènes. Qui va aller vérifier que P. Marseillensis existe réellement ? J’en rajoute sans doute parce que je l’ai assez mauvaise, mais le système a l’air tellement pourri jusqu’à la moelle…

Didier Raoult est aussi connu pour demander à ses thésards de refaire une expérience à l’identique jusqu’à ce que les résultats sont enfin « corrects » puis de ne pas intégrer les « mauvaises données » à la publication.

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Pour ces articles là, c’est clair.

Ce qui ressort des différents articles, c’est clairement qu’une partie de l’IHU ne respecte pas ni les lois françaises ni l’éthique scientifique. C’est malheureux, mais ce n’est pas le premier scientifique dans ce cas et c’est des phénomènes auxquels on peut s’attendre au vu du système mis en place pour évaluer la recherche (1).
Par-contre, cela permet, enfin pour moi, de comprendre les dérives du personnage sur le Covid-19 : ce n’est pas des dérives mais juste son comportement habituel, l’abandon du respect de la méthode scientifique a eu lieu il y a bien longtemps à priori et certainement petit à petit ce qui est plus compréhensible.

(1) Mon propos n’est pas de dire que le système est à jeter, il a des défauts mais je n’ai pas encore rencontré une proposition d’un meilleur système (l’absence d’évaluation n’est pas une solution amha).

Désolé, c’est un peu hors sujet au final. Un bouquin intéressant à lire sur la tricherie en science : La souris truquée

Il y a plein de trucs pas très polis à dire sur l’IHU et Raoult mais on dérive du topic…à continuer ailleurs :slight_smile:

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A titre perso j’espère qu’il va prendre cher. Parce que pour l’instant, le message passé aux nouvelles générations c’est un peu « eh, tu veux devenir une rock star de la science, voilà comment il faut faire. Et en plus tu risque presque rien ! »
D’autant que c’est pas très souvent qu’on trouve un scientifique « pourri » qui ne se contente pas de faisander la science dans son coin, mais qui en plus pourrit d’autres gens et une partie d’un organisme.

Parce qu’avec ce genre de chose, le risque est non négligeable, qu’un nombre non négligeables de thésards aient surtout retenu, que pour y arriver, il faut « jouer » avec les données …

Si ça peut te rassurer, aux choix d’internat de cette année, infectiologie Marseille a été pris dans les derniers.

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Comme quoi la majorité n’est pas dupe et finalement il n’est une rockstar que parce que les médias continuent de parler de lui. Allez, à l’oubli, un conseil de son ordre pour le virer, un procès pour le mettre au frais et on passe à autre chose. Et si ça n’arrive pas c’est qu’il a trop d’influence et c’est ainsi que notre monde tourne.

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Si les médias arrêtaient de parler continuellement des gens néfastes et se mettaient à parler des vrais gens interessants/brillants/positifs la Société n’irait que mieux.

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Les gens comme ça n’ont pas le temps ou l’envie de passer dans les médias. Ou ne sont pas assez clivant ou charismatiques, etc. Bref c’est pas vendeur.

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Il ne faut pas être aussi négatif sur les médias, c’est grâce à eux que ces histoires sortent : L’enquête du CNRS n’avait rien donné en terme de suite judiciaire, les deux articles de l’Express ont semble-t-il relancé un peu la machine et finalement c’est l’article de Mediapart qui déclenche le grand déballage médiatique et force ainsi les autorités compétentes à faire quelque chose. Pour moi, le problème vient plus de ces autorités et instances qui ont laissé faire.

Et côté starification du Pr Raoult, il faut aussi lorgner du côté des politiques : mise en avant par Macron (visite, participation au conseil scientifique), soutiens divers et variés. Une fois encore si les premières dérives avaient été stoppées, il n’aurait pas eu la possibilité de jouer sur sa stature de « grand scientifique ».

Les médias ont leur responsabilité mais sur ce sujet elle me semble assez faible.

« Les média » ça comprend aussi cnews et C8 :wink:
Heureusement certains font bien leur boulot de temps en temps.

Faut pas sous estimer le temps que ça prend pour un chercheur de passer dans un media.

J’ai eu le droit a une interview par un journal pour mes travaux sur la simulation et le covid. A vu de nez : 1h d’échange pour avoir les questions, 3 a 4h pour préparer les réponses, 2-3h d’entretien/discutions, 1h de relecture/correction.

Tout ça, sur mon temps de travail… et donc sans aucun retour sur investissement (contrairement a une publi/AAP/etc.).

Donc si on veut plus de gens intéressants dans les media, émission de vulgarisation, etc. Il faudrait commencer par valoriser cela comme pouvant faire partie du temps de travail d’un chercheur.

Et encore tu l’as fait à distance. Quand ma compagne est invitée pour un plateau télé, ça lui flingue la journée pour 20 minutes de passage effectif. Avec un impact qui peut même être négatif parce que certains font preuve d’une certaine jalousie (mais contrebalancé par le fait que ça lui permet de faire de la prévention après du grand public).

Je ne sais pas si vous avez vu passé le rapport de l’ANSM. J’ai pas tout lu (293 pages je crois). Il y a pas mal de choses qui posent des problèmes concernant l’IHU.
La réponse de l’IHU est complètement surréaliste.
Je trouve d’ailleurs le timing étonnant. Sortie après l’élection. C’est mon coté complitiste.
Dans une de ces dernières vidéos, D.R.dit qu’ils ont pu être « protégé de manière partiel par le président de la république ».