Travailler avec les Japonais

Je travaille depuis maintenant deux semaines au Qatar, où ma société réalise un projet en joint venture avec une compagnie japonaise. Pratiquement toute l’équipe de managers est donc nippone et connaissant les nombreuses différences qui existent entre nos codes culturels respectifs, je souhaite solliciter ceux d’entre vous qui ont une connaissance de la société japonaise afin d’éviter de commettre des bourdes, surtout vis-à-vis de mes chefs directs.

Par goût pour les langues, je commence à apprendre quelques expressions en japonais, grâce à un sympathique collègue, mais le plus important est pour moi de repérer ce qui peut sembler normal pour un occidental, mais choquant pour un oriental.
Par exemple, j’ai dit bonjour la première fois à un manager, parce que je discutais avec son adjoint, qui occupe la même pièce, et que je trouvais impoli de parler juste à côté de lui sans le saluer.
En lui adressant la parole, puis en lui tendant la main, j’ai senti un étonnement froid de sa part. Il a regardé ma main pendant deux bonnes secondes avant de la serrer: est-ce parce que c’est lui, en tant que supérieur hiérarchique, qui doit prendre l’initiative et que je lui ai forcé la main (justement)? Est-ce parce qu’ils ne se serrent pas la main en général? Ou encore parce qu’il se constitue une sphère d’intimité contre tous ceux qui circulent dans son bureau et avec qui il ne peut se permettre d’échanger systématiquement des paroles?

Autre exemple: dans mon précédent environnement professionnel, il était de bon ton de saluer son chef en arrivant le matin et de lui dire au revoir en repartant le soir. Comment serait perçue la reproduction d’une telle pratique avec nos partenaires du Soleil levant?

Je suis preneur de vos retours d’expérience ainsi que de vos remarques en tous genres.
Merci d’avance!

Dans mon boulot, je travaille avec des Japonais uniquement par mails interposés (et quelques très rares appels téléphoniques), en anglais, donc il y a peu de choses sur lesquels je peux te renseigner. Mais une chose évidente de mon côté : la gestion comptable.

Les Japonais ne peuvent pas se réduire à absorber des pertes ou des gains inexpliqués, même de l’ordre du centième de Yen près.
Donc voilà, si tu dois gérer un budget, prépare toi à ce que tout sois d’une précision incroyable, et fait très attention aux arrondis qui peuvent faire de ta vie un enfer (j’ai eu le cas récemment : une différence de moins d’un yen sur un montant de plus de 500 000 millions de yens ----> investigation ayant coûté probablement plus de 4000 euros à ma boîte pour expliquer avec précision l’origine de cette différence et réparer les frais…).

Sinon, parmis mes collègues qui sont relationship managers pour des clients Japonais, le coup du silence dans les réunions à foutu les boules à quelques-uns (interruption totale de conversation pendant quelques dizaines de secondes, apparement, c’est courant chez eux, et c’est censé laisser place à la réflexion, mais ça choque dans une réunion de travail pour un occidental).

Et par pure spéculation culturelle : serrer la main à son supérieur, c’est pas mal vu au vu des pratiques de politesse imposant de s’incliner pour saluer (d’autant plus quand la personne saluée est censée avoir un rang de respectabilité supérieure au tiens)?

Pour le reste, je laisserai des personnes plus avisées en parler.

(en même temps, mettre un impair au Qatar, faut être sacrement associal) :slight_smile:

Euh?.. Le sens de ta remarque m’échappe. :slight_smile:

C’est juste que c’est une blague nulle, impair/imper, humour toussa…
Sinon je n’ai travaillé (et à distance) qu’avec des Chinois et donc peu d’expérience sur les coutumes Japonaises.

[quote=“Shiriu, post:1, topic: 36792”]Je travaille depuis maintenant deux semaines au Qatar, où ma société réalise un projet en joint venture avec une compagnie japonaise. Pratiquement toute l’équipe de managers est donc nippone et connaissant les nombreuses différences qui existent entre nos codes culturels respectifs, je souhaite solliciter ceux d’entre vous qui ont une connaissance de la société japonaise afin d’éviter de commettre des bourdes, surtout vis-à-vis de mes chefs directs.

Par goût pour les langues, je commence à apprendre quelques expressions en japonais, grâce à un sympathique collègue, mais le plus important est pour moi de repérer ce qui peut sembler normal pour un occidental, mais choquant pour un oriental.
Par exemple, j’ai dit bonjour la première fois à un manager, parce que je discutais avec son adjoint, qui occupe la même pièce, et que je trouvais impoli de parler juste à côté de lui sans le saluer.
En lui adressant la parole, puis en lui tendant la main, j’ai senti un étonnement froid de sa part. Il a regardé ma main pendant deux bonnes secondes avant de la serrer: est-ce parce que c’est lui, en tant que supérieur hiérarchique, qui doit prendre l’initiative et que je lui ai forcé la main (justement)? Est-ce parce qu’ils ne se serrent pas la main en général? Ou encore parce qu’il se constitue une sphère d’intimité contre tous ceux qui circulent dans son bureau et avec qui il ne peut se permettre d’échanger systématiquement des paroles?

Autre exemple: dans mon précédent environnement professionnel, il était de bon ton de saluer son chef en arrivant le matin et de lui dire au revoir en repartant le soir. Comment serait perçue la reproduction d’une telle pratique avec nos partenaires du Soleil levant?

Je suis preneur de vos retours d’expérience ainsi que de vos remarques en tous genres.
Merci d’avance![/quote]

Hmmmm , je crois qu’on a bossé sur le meme projet . CTJV avec Chyoda ? sinon ouais y’a deux ou trois trucs à faire qui sont un mix de culture nippone et de culture d’entreprise .

  1. Effectivement, les japonais sont plus enclins à la courbette, qui se doit d’être extrémement prononcée devant un supérieur.
  2. Si Tu es inférieur hiérarchiquement et que ce n’est pas Ton patron, Tu n’as pas à exister pour lui. Après tout, son adjoint est là pour traiter avec Toi. Comme Tu T’en doutes, c’est une question d’usage et d’habitude plus qu’un quelconque sentiment de supériorité qui motive ce comportement.

Je n’ai hélas pas d’expérience directe de travail avec des japonais, mais après 1 an d’étude à Tokyo et 1 mémoire sur les femmes et le travail au Japon, ça me semble plutôt cohérent comme analyse.

Après je dis ça, peut-être qu’il avait juste la tête ailleurs ce jour là :slight_smile:

Je vie en Asie depuis quelques temps (semaines en fait) et je n’ai pas d’expérience personnelle avec le Japon.

Alors j’ai bien eu des cours de « management inter culturel » avec un intervenant spécialiste du Japon, mais j’avoue que j’ai que des notions « livresques » de la mentalité japonaise. Néanmoins, celle ci me fascine…

Ce que je viens d’écrire ne t’apporte strictement rien… En fait, tout ce que je voulais, c’est te conseiller le livre (ou film) « Stupeur et tremblements » qui, même s’il exagère probablement pas mal les choses, expose à mon avis très bien la différence de point de vue fondamentale entre les occidentaux et les … Japonais chez qui tout passe par une vision hiérarchique. « Je » suis un élément d’une chaîne… « me » placer au dessus et même au dessous du niveau qui m’a été attribué n’est pas correct et perturbe l’ensemble. On est alors loin de l’individualisme occidental qui résonne selon : « Je vais aussi haut que mon cerveau/force/courage le permet et c’est bien vu ».

Saluer ton supérieur en gardant une distance (qui te laisse à ta place) est honorable (you bow). Vouloir lui serrer la main alors qu’il (le supérieur) n’a pas initié le geste est à mon avis « intrusif »… en gros, le supérieur n’a pas d’autre choix que de te serrer la main, donc tu le contraints, donc ça le surprend.

C’est subtile, je te l’accorde, voir même tordu… mais bon, c’est l’analyse que je fais de ton cas. En tout modestie, honorable Shiriu San. :slight_smile:

Brr, ça me fait penser au livre “Stupeur et Tremblement” d’Amélie Nothomb (ou elle raconte son expérience dans une entreprise japonaise -> ça fait froid dans le dos). En tout cas moi je n’aimerais pas y travailler.

Exact.
Je te PM plus tard pour plus de feedback.

Comment éviter les impairs?

Compte de 2 en 2 en partant de 0.

(oui bon…)

Juste une parenthèse: se serrer la paluche à tout bout de champs c’est très français en fin de compte, même chez nos voisins allemands c’est beaucoup moins répandu et chez les scandinaves tu passes carrément pour un gland, tu dis simplement “bonjour” aux gens que tu viens de rencontrer sans contact physique et tu donnes l’accolade à tes amis (homme ou femme), le truc le plus approchant c’est se prendre la main pour s’attirer à l’autre, du genre “Gladiator” (donc dans la position du bras de fer en fait) et encore c’est une mode. Donc la poignée de main n’est pas forcement un impair typiquement japonais mais plutôt une habitude française moins universelle qu’on le croit ^^

Sinon, !summon Lonewolf

+1 TDamned, c’est très français.

Et sinon, effectivement, par rapport aux relations pro avec des Japonais, au départ, il vaut mieux en rester à l’anglais et à part si c’est ton n+1 (avec lequel j’espère que tu trouveras un terrain d’entente pour se saluer tous les jours), il vaut mieux ne rien initier du tout, ça passera mieux que de faire un impair (et passe…ahem :)).

Comme beaucoup d’autres l’ont déjà dit, le contact physique avec un Japonais que tu ne connais pas intimement, c’est pas bon du tout. Dans un pays où malgré la restriction d’espace vital il est de bon ton de laisser chacun “respirer” même dans les lieux publics ou les files d’attente, serrer une paluche ça t’enlève plus de points que ce que ça ne peux t’en rapporter.

Donc pour dire bonjour on s’incline, et oui ton degré d’inclinaison devra varier selon la position hiérarchique de la personne que tu as en face de toi. Si cette personne est au dessus de toi (dans ta société ou dans la sienne), tu t’inclines plus qu’elle ne le fait. L’inverse est bien évidemment vrai.

Les japonais ne connaissent qu’une seule façon de se présenter convenablement dans le milieu professionnel. C’est l’indispensable carte de visite. Elle est tendue vers ton interlocuteur ( des deux mains) juste après le salut et tournée dans son sens pour qu’il puisse la lire immédiatement. C’est un outil qui a encore plus de valeur quand il vient d’un étranger car il permettra à la personne de comprendre ton nom sans se tromper. Ce qui évitera au salaryman bien des tracasseries. Idéalement elle comporte une transcription en katakana de ton nom.

Dans les contacts entre une entreprise japonaise et une entreprise étrangère, il doit régner un effet miroir. Si 3 japonais viennent, il faudra compter le même nombre de personne de l’autre entreprise et aux même postes, que chacun puissent discuter avec son équivalent. Et donc ni gêner un “supérieur”, ni avoir un “inférieur” comme interlocuteur.

Les gros silence en discussion ne doivent jamais être interrompus. Ils ont une origine linguistique toute simple: en japonais le verbe est à la fin de la phrase (règle universelle mais c’est rarement aussi simple). Couper son interlocuteur ça revient à ne pas comprendre ce qu’il avait à dire. Quand on rajoute à cela les propositions déterminantes et plein d’autres joyeusetés (comme la fonction suspensive connective du verbe) qui peuvent étirer la phrase jusqu’à des longueurs insoupçonnées, on comprends qu’il faut parfois du temps à son interlocuteur pour digérer ce qu’il vient d’entendre et préparer sa réponse. Et pendant qu’on prend son mal en patience, on ne ne fixe pas son regard dans le sien, c’est une attitude agressive.

Ha tiens pendant que j’y pense, quand on reçoit des japonais on les fait s’assoir face à la porte, jamais dos à elle.

Pour finir, si on n’est pas sûr de soi, il vaut mieux, dans le cadre professionnel, ne pas trop parler en japonais. Un peu pour montrer que l’on fait des efforts et que l’on respecte la personne en face de soi. Trop vouloir parler c’est prendre le risque de commettre des impairs dans les registres de langages (humble/honorifique) qui pourraient être mal vus. C’est rarement dommageable car il y a une tolérance envers les étrangers à cet égard, mais mieux vaut prévenir que guérir.

Voilà c’est tout ce qui me vient à l’esprit pour le moment. En espérant que ça réponde à quelques de tes questions.

mouais bon , les japonais au boulot j’ai pratiqué . et j’ai pratiqué pas mal d’approches differentes et les conclusions des differentes approches m’ont mené à la conclusion suivante :

le japonais ne s’adapte et ne cherche pas à s’adapter , c’est pas un crime ni un probleme mais je ne cherche pas à m’adapter non plus car sinon je suis destabilisé et on est entre gens de business pas entres touristes bienveillant . c’est voulu de leur part de surfer sur la nipponphilie ambiante qui a le merite de les mettre en position de force car eux ne font pas l’effort surhumain si ce n’est une certaine bienveillance qu’ils retournent contre toi .

donc traite le japonais comme un professionnel lambda , et n’hesite pas à dire NON ! je ne sais pas pourquoi les gens n’osent pas dirent non à un japonais et fait bien comprendre que l’echelle hierarchique au japon c’est au japon seulement que les poste subalterne la bas ne sont pas subalternes ici et vice versa. ca les secoue mais ca ne porte pas prejudices et ca t"evite de sacré mauvaise surprise .

experience inside .

Et finis tes phrases par dattebayo. Très important. :slight_smile:

Oui, même au canada ça se fait pas.
Et on fait même pas la bise aux femmes :slight_smile:

Il y a beaucoup à prendre dans ce que vous m’écrivez. J’essaie de trouver un équilibre entre l’inféodation à une autre culture, à la “Stupeur et tremblements” et le rejet total de la méthode de travail nippone.

Je travaille dans le cadre d’une joint venture, pas au sein d’une entreprise totalement japonaise, au moins sur le papier, puisqu’en réalité, nos partenaires trustent tous les postes stratégiques.

Je ne suis pas d’accord avec un collègue qui a directement fait comprendre qu’il ne serait pas managé comme un Japonais, mais je ne veux pas non plus perdre mon identité professionnelle française. C’est pourquoi je souhaite inclure quelques expressions en langue japonaise, par ci par là.

Mais je demande si ça sert réellement à quelque chose. Je commence à avoir l’impression qu’ils s’en foutent royalement, à part ceux qui sont sympas par nature et n’auraient pas eu besoin de ça pour entamer le dialogue…
Je vous ferai part de l’évolution de ma perception de ces relations professionnelles…
En attendant, je vais m’acheter l’Assimil qui va bien.

tu sais très bien pourquoi ils trustent tous les postes de manager sur ce projet normalement . ils ont mis 80 % du budget sur la table sur la tranche 1&2 , du coups ils ont imposé leur méthodes de travail et pour qu’elle s’appliquent bien ils ont imposé leur cadres . Et tu sais très bien que si ce projet ne va pas boire la tasse la grosse lourdeur du système des partenaires de la JV font multiplier par 5 les couts rien que du procure ment . Et tout ca n’as été possible qu’a cause d’une tripoté de cadres au dents longue de chez nous qui ont trop regardé « la firme » et ont cru qu’entre se mettre à dos le collègue ou le partenaire japs , ils valaient mieux se mettre à dos le collegue car le jap a plus de pognon et c’est mieux pour la carrière . on a baissé le froc et donné le code de la CB en prime . Et les japonais en question le savent tres bien et en sont tres satisfait .Et comme super methode pour redresser le tir on a fait intervenir des freelances anglais , qui ne vivent que pour noyauter de l’interieur afin de prolonger leur missions et faire rentrer leur copains . On se dit que les anglais comprennent mieux le systeme japonais . Bref bonne chance … tout ce que je retire de cette aventure c’est que les japonais on leur sert un peu trop tout sur un plateaux et ils en jouent à fond . Question : combien parle un anglais correct ? je dit bien juste correct , le minimum que l’on demande à un francais pour envisager de l’envoyer à l’international . et ca les derange pas plus que ca . et cette pseudo politesse qui bloque toute discussion et camoufle un entetement sans bornes et toi tu doit etre ouvert d’esprit et leur dit bonne nuit dans leur langues ? manquerait plus que ca …mais c’est mon avis.

quand tu iras à Yokohama tu comprendra mieux :slight_smile:

sinon le projet est pharaonique et techniquement tres intéressant :crying:

Héhéhé ca sent le vécu ^^

Je serai moins véhément dans mon message mais pour résumer, n’oublie surtout pas que tu es là pour bosser avec eux, pas pour faire de la découverte culturelle… Si tu confonds, eux (et d’autres nationalités hein) ne l’oublieront peut-être pas. :slight_smile: