Hier soir, comme une poignée de spectateurs du Club 300 d’Allociné, j’ai assisté à un évènement, un truc que je ne pensais pas voir dans ma vie de geek : j’ai pris dans la gueule Watchmen, the movie. Après 20 ans de projets avortés, il existe, il est là, et les opinions seront divisées.
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[/center]Une avant-première quelques heures après celles programmées aux États-Unis ? Yes we can ! Le public mélangeait fans hardcore de la BD, amateurs éclairés et cerveaux vierges, avec une peur commune : matter une bouse de héros en collants de plus. Certes, les fans étaient quand même plus crispés. Un massacre du meilleur roman graphique du 20ème siècle (il paraît qu’on ne parle plus de BD avec Watchmen) aurait été un tantinet mal vécu.
Alors qu’en dire ? Personnellement, le verdict est simple : j’ai aimé. Ce n’est pas parfait, il y a des longueurs, la fin fera tiquer les plus pénibles des puristes, mais je pense sincèrement que l’ensemble fonctionne. Il faut pourtant que vous soyez prévenus : Watchmen n’est pas un film de super-héros. Le marketing du film est totalement raté sur ce point, mais j’avoue que l’exercice est difficile… C’est un roman, un thriller, une fable sur la nature humaine, et encore bien plus selon votre interprétation. Ça, vous le savez déjà si vous connaissez la BD. Pour les autres, je le répète : ce n’est définitivement pas un film « popcorn ».
Coincé entre violence grotesque et scènes de sexe à l’humour tout en finesse (le lance-flamme pour symboliser l’orgasme, avec Alléluia par Leonard Cohen en fond sonore, ils ont osé), le néophyte sera facilement perdu, se demandant s’il doit rire ou s’offusquer. L’amateur, lui, ne pourra que savourer à quel point Zack Snyder est resté proche de l’oeuvre d’origine et a osé intégrer tous les éléments qui peuvent déranger d’ordinaire les costards en charge de la validation de ce genre de projet.
Parlons casting rapidement. Deux personnages ressortent : Rorschach, joué par un Jackie Earle Haley fantastique, qui signe là un comeback de fou dans le business, et Malin Åkerman, en Silk Spectre II de choc… Cette actrice canadienne-suédoise est un engin de guerre, de la pinup de compétition et Snyder ne se prive pas pour mettre en valeur son corps. Après tout, c’est dans la BD !
D’évidence, tout le monde n’appréciera pas le monologue de Dr. Manhattan sur Mars, Rorschach qui vous explique comment on nettoie une prison ou encore les flash-back incessants. Satisfaire tout le monde est mission impossible avec l’adaptation d’une oeuvre de ce calibre. Tant pis. Vu les réactions hier soir, je pense que le film sera bien accueilli, même s’il ne va clairement pas faire l’unanimité. Rien que la bande-son, blindée de vieux hits (Sound of Silence sur un enterrement, frissons) en a fait vibrer plus d’un tout en déstabilisant certains autres spectateurs. Vivement la version longue avec 45 minutes en plus, basées sur la BD que lit un personnage… de la BD (le tout devrait prendre la forme d’un dessin animé intégré au film).
Prenez vos places, allez le voir, l’esprit le plus ouvert possible, et rendez-vous le 4 mars pour vos impressions. Je pense que le débat va être… intéressant.
Edit : la review de Variety est sans pitié mais plutôt juste.