Grâce à l’iPhone, Apple a bien botté le derrière des constructeurs de téléphones portables en apportant aux masses les joies et merveilles des smartphones. Quelques années après, l’iPad a réussi là où Microsoft a échoué depuis le début des années 2000 : populariser le format tablette et accessoirement, permettre à Apple de faire 80% de son CA sur l’écosystème iOS. Ensuite, Google est arrivé avec Android et c’est la guerre des plates-formes. Je suppose que ça devait être un peu comme ça dans les années 80 avec les Amiga, Atari, Mac et PC. Tout le monde pense désormais légitimement que les PC actuels ont peu d’avenir dans le marché grand public.
Du coup, les règles du jeu ont changé, tout devient possible, Nvidia fait des processeurs ARM avec des bouts de GeForce dedans pour les smartphones et tablettes, Intel se dépêche de trouver un moyen de coller ses processeurs dans les smartphones et l’horizon pour les OS est dégagé : Android, iOS, Bada, Blackberry, WebOS.
Depuis la conférence BUILD, il vaudra mieux ne pas oublier Windows. La nouvelle interface est aussi révolutionnaire que Windows 95 en son temps. Si vous avez le bon gout d’avoir acheté un Windows Phone, vous savez déjà à quoi elle ressemble :
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Des groupes de tiles, fusion idéale entre une icône de raccourci et un widget informatif, pensé pour le tactile et les usages plus traditionnels avec clavier et souris, intégration totale dans le cloud, nouveau modèle de programmation des applications, j’ai rarement vu un Windows apporter autant nouveautés visibles pour l’utilisateur de base.
Physiquement, Windows 8 tournera sur n’importe quel matériel allant de la tablette au gros PC de bureau énorme que j’ai à côté de moi. Et pas une tablette avec un Atom ou un AMD, une tablette avec un processeur ARM fera l’affaire. Cela sera juste, s’il y en a vraiment besoin, une option de compilation dans Visual Studio. Lors de la conférence, il y avait une collection impressionnante de PC divers et variés, des modèles de bureau plus ou moins extravagants, des ultrabooks, le nom donné par Intel aux concurrents PC du MacBook Air et ces fameux prototypes de tablette sous ARM. Dans tous les cas, le comportement était rigoureusement identique. Et le démarrage très rapide, à peine 6-7 secondes entre le bouton et la chouette image ci-dessus. Le geek moyen apprendra que Windows 8 consommera encore moins de mémoire et de CPU qu’avant. En fait, tout PC qui fait tourner Windows 7 fera tourner Windows 8 sans le moindre problème.
Le nouveau paradigme d’interface s’appelle Metro et il est déjà présent dans cette merveille de Windows Phone. Le principe est d’avoir les applications les plus utilisées dans le premier écran que l’on voit, chacune étant une espèce de carreau dynamique, affichant un aperçu d’informations utiles : résumé du dernier mail, prochain rendez-vous sur le calendrier, une petite mosaïque des photos des contacts. Parmi elles, il y a le bureau classique de Windows, qui peut désormais n’être plus qu’une application parmi tant d’autres. L’iconographie, les bordures de fenêtres et autres éléments familiers d’interface sont réduits à leur strict minimum vital, l’accent est mis sur le texte dans une police fine et légère (qui n’est pas Helvetica).
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Les développeurs seront contents, rien ne changera. Enfin, si. Pour être plus clair, d’un côté, on aura le modèle à l’ancienne avec les applis Win32 et compagnie qui resteront cantonnées à l’environnement de bureau. De l’autre, un nouveau truc nommé WinRT sur lequel on peut écrire et développer des applications en .NET, donc C# et VB, à coup de Silverlight. Et enfin, aussi, à coup d’HTML5, Javascript et CSS. Oui, vous pouvez faire ce qui sera de fait une application web, lui appliquer une interface typée Metro et la faire tourner comme ça dans Windows 8. Histoire de montrer son assurance en la matière, Microsoft a montré quelques applications et au détour de la conversation, on apprenait qu’elles étaient faites en HTML5 : le mail, l’application de gestion des photos,… Les outils de développement seront agnostiques, le langage choisi lors de la création du projet dans la prochaine version de Visual Studio.
Tant que l’on en parle, il sera possible de les faire communiquer entre elles et de les intégrer assez lourdement à Windows. Vous venez de faire une petite application qui va faire une recherche dans IMDB ? Vous indiquez qu’il s’agit d’une application idoine et lorsque vous lancerez une recherche, une ligne apparaît pour faire la recherche depuis votre application, et par exemple, apprendre que Lauren Bacall est la cousine de Shimon Peres. Ou vous pouvez sélectionner un bout de texte et le partager par mail, le mettre sur Facebook. Ou alors, une photo. Le tout sans faire de copier coller d’URL, juste en sélectionnant et faisant apparaître le menu magique de partage, qui utilise bien évidemment des applications tierces pour assurer la connectivité vers d’autres services. Je suppose qu’il sera assez simple d’écrire un truc pour faire apparaître vos photos Picasa dans Windows de façon aussi naturelle que celles venant de SkyDrive.
L’intégration au cloud sera très poussée. Pour les photos, le sélectionneur de fichiers montrait indifféremment les images tirées des comptes Facebook, Flickr, de la machine locale ou encore des photos récemment prises avec la machine. Le partage de photos par mail fonctionne de façon assez moderne : au lieu d’envoyer l’image, celle-ci est mise sur votre Skydrive et le mail contient le lien avec miniature de la photos. La démonstration montrait aussi comment on pouvait utiliser cela pour naviguer à distance dans un autre PC branché sur Skydrive. Oui et y chercher un document paumé dans Program Files.
Malheureusement, Microsoft n’a pas indiqué quand sortira Windows 8, ni son prix, ni répondu à des questions plus prosaïques comme la compatibilité des applications Windows Phone ou le comportement d’un exécutable x86/64 sous ARM. Ce qui a été montré est tout de même tellement surpuissant qu’on s’en fout un peu : d’ici quelques mois, on pourra se payer une tablette avec ce futur Windows dedans et s’en servir comme ordinateur portable, de bureau sur un dock. On pourra l’oublier chez soi, se loguer sur une autre machine avec ses identifiants Windows Live et récupérer toutes ses applications voire même ce fichier que l’on éditait localement avant de brancher ça à la TV pour se faire un petit jeu. Et s’il s’agit d’aller se mettre à travailler sur Excel ou de revenir au bureau classique, pas de problèmes et pas besoin de changer la machine ou redémarrer ou quoi que ce soit.
Pour aller plus loin, vous avez la page de la conférence BUILD. WinsuperSite couvre tout cela de façon très détaillée. Ars Technica vous explique à quel point ça marche vraiment bien sur un format tablette. Et à partir de 2 heures du matin, vous pouvez même récupérer une version preview, qui est ce qu’elle est, à savoir même pas une bêta. Cela ne sera donc pas stable du tout.
Bienvenue dans l’informatique des années 2010, je suppose.