Covid-19: et après?

Je le comprends comme ça perso. Ce qu’il a du mal à vivre c’est la perte de pouvoir qu’il ressent subjectivement par rapport à cette situation. Pour le citer :

  • « Le télétravail est un frein à la transmission, au partage d’expériences, au « qui m’apprend ?» »
  • Si j’ai ensuite choisi de «manager», c’est pour transmettre : des valeurs, une curiosité, des comportements, une exigence, une écoute.

Après y’a d’autres passages qui me font vomir du sang comme par ex :
« Mais ne cataloguez pas l’ancien monde, ne donnez pas de leçons de management et de modernité à ceux qui n’adopteront pas vos codes. »
OK BOOMER

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Exactement ce que je vis à mon taf. Y’a deux clans now, ceux qui viennent (et qui sont les guerriers, les vrais, qui ne comprennent pas ceux qui ne viennent pas, qui ne comprennent pas la décision managériale de ne pas imposer le présentiel), et les autres (dont je fais évidemment partie). Et c’est de plus en plus toxique malheureusement. On est dénigré parce qu’on privilégie le TT :confused:

Cette invisibilisation du travail à certains moments ou endroits me fatiguait dans mon ancien boulot (transitaire dans le transport aérien). J’arrivais le matin à 7h30 parce qu’il y avait tous les jours un dossier spécifique à traiter à cette heure-ci, je faisais mon taf et à 17h30 (mon horaire « normal » de départ) je levais le camp. Et bien on me faisait toujours sentir que ce n’était pas normal, que j’étais un peu gonflé de partir à l’heure. Le hic c’est que le matin j’étais tout seul jusqu’à 8h30-9h mais que ça, ça ne se voyait pas. 1h30 tous les jours en plus mais c’est le matin, alors ça n’existe pas.

Vous me direz, aujourd’hui dans mon métier d’enseignant une partie du problème réside dans le même constat : on réduit notre temps de travail aux seules heures de présence face aux élèves. La blague.

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Yep, j’ai connu ça dans mon ancienne boîte en SSII. Triste mais malheureusement réel (et j’ai des potes profs, même constat).

C’est bien un des plus gros problèmes de cette pandémie, elle polarise encore plus notre société, qui n’en avait vraiment pas besoin. Les pro contre anti masque-télétravail-mesures coercitives etc. Et les gens sont souvent violents dans leurs réactions, dans les 2 camps. C’est pas le covid qui va nous tuer, c’est les humains a cause du covid…

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Pas besoin d’une cause tkt on était déjà bien lancés :crazy_face:

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:smile: J’apprécie de moins en moins LinkedIn à cause de gens qui se mettent en avant pour ou bien faire du marketing à 2 balles, ou se prendre pour un gourou, ou étaler leur vie privé et/ou des anecdotes sans aucun intérêt. Dernier avatar de cela que j’ai lu: quelques types qui envoient un message d’adieu non pas en e-mail à ses quelques collègues, mais à la terre entière sur Linkedin à leur lécher les bottes. D’ailleurs devine où j’ai trouvé le lien : sur LinkedIn.

Mais je ne le citais pas pour cela, mais pour le côté humain. Et là il n’a pas tort. Le télétravail risque de supprimer les relations humaines.

Et effectivement par contre le côté perte de pouvoir je n’adhère pas du tout.

À une collègue qui arrivaient tout les jours à 7h30, de mémoire, elle était regardée de travers. Une fois dans une autre boîte, moi:

  • je vais partir à 16h30 ce soir
  • ha oui mais il faut que tu ais fini ton travail
  • heu j’arrive vers 8h10 le matin, et là en fait je ne fais que t’informer [gros sous entendu : je ne te demande pas la permission d’autant plus que j’aurais fait mes heures]

Je vois Bernard Sananès souvent à la télé, notamment à « C dans l’air », il ne semble pas spécialement clivant et plutôt pondéré, son texte renvoie mal son état d’esprit qu’on semble voir dans cette émission, sans doute du au télétravail :stuck_out_tongue:

N’empêche que je suis d’accord avec toi sur ton paragraphe en général, on est sommé de se ranger d’un côté ou de l’autre de façon inconditionnelle.

Mais pour revenir à la tribune de Bernard Sananès, ce que je partage avec son point de vue c’est que le télétravail peut supprimer les relations humaines et n’est pas une solution à tout. Mais ça ne veut pas dire que je partage son point de vue sur tout l’article notamment les indépendants, dont je fais partie, où il a une fausse idée de ce qu’ils sont: on peut très bien être indépendants et faire partie d’une équipe de travail, et pas forcément en télétravail.

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Personnellement je rêve d’un monde médiatique où l’on arrête d’inviter constamment et sur tous les plateaux ces boomers ultralibéraux/réac et qui n’ont qu’une seule solution à tout c’est augmenter le temps de travail (et diminuer les charges pour les patrons).

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Tu peux toujours soutenir Acrimed, ça donnera un peu plus de corps à ton rêve.

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Rah c’est exactement ça ! <3

je +1 et je rajouterai même que je rêve d’un monde ou les boomers ultralibéraux ne tiennent plus les rennes de l’économie et de la politique.

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edit: j’ai viré toutes les discussions politiques

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https://www.paris-normandie.fr/actualites/societe/les-soignants-de-l-hopital-de-saint-etienne-du-rouvray-manifesteront-contre-la-fermeture-de-lits-EB17341137

Ils ont claqué la porte. En pleine présentation avec leur direction, mi-septembre, les médecins apprennent la fermeture de nouveaux lits. Furieux, ils préfèrent quitter les lieux et publient une lettre ouverte, signée par 94 médecins début octobre, afin de dénoncer des conditions d’accueil qui se dégradent au centre hospitalier du Rouvray, à Sotteville-lès-Rouen. Ils y rappellent « que 44 lits adultes (18 lits supplémentaires, 11 lits d’urgence et les 15 lits de l’unité Pussin) ont été fermés entre le mois de janvier et juin 2020 ».

Je relance sur le sujet des fermetures de lits, notamment parce que pendant le discours de not’ président de l’autre soir (celui du reconfinement), ce dernier s’est félicité de 2 choses, qui m’ont fait tiquer.

  • une augmentation des capacités de lits depuis Mars pour la réanimation
  • un objectif de doublement de la capacité de réanimation, pour atteindre 10000 lits (ce qui, tourné comme ça pourrait se comprendre comme des ouvertures de lits, mais je me méfie du langage politique)

Problèmes:

  • l’augmentation des capacités de lits est en fait un transfert des autres occupations vers la réanimation. Traitements de cancers, chirurgies, etc, ont été annulés et reportés, pour permettre plus de réanimation. C’est donc un jeu à somme nulle, le nombre de lits de manière générale n’a pas bougé.
  • les projets de fermetures de lits se continuent depuis le déconfinement. Disclaimer: je vais linker du gauchiste, mais malheureusement je n’ai pas trouvé de dossier équivalent chez Le Figaro ou Capital.

Donc voilà, je souhaitais partager ça parce qu’avec ce qui est sous entendu dans un discours national sur toutes les chaines, et la réalité de terrain, il y’a un petit écart qui peint un futur moyennement cool pour l’HP, et que ça m’agace d’avoir des conversations où j’entends « ouais mais ils ont ouvert des lits », alors qu’en fait, non.

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Je vais essayer d’apporter quelques éléments de réponses à partir du prisme du peu que je sais : l’augmentation des lits de soins critiques (donc principalement réa, mais aussi soins intensifs et USC les unités de soins continus) entre mars et avril dans l’une des régions concernées par les premiers clusters.

La principale problématique n’était pas forcément les moyens humains. La déprogrammation en chirurgie exigée, non sans mal, aux établissements devaient limiter le risque d’ajouter de nouveaux patients réa post-op…mais a aussi permis de libérer des anesthésistes réanimateurs et des infirmiers (la problématique était plus de s’assurer qu’ils se sentaient capables de retourner en réa après n’y avoir pas mis les pieds depuis des années…avec les risques que cela implique en perte de chances pour les patients pris en charge par eux).

La principale problématique a été le matériel (respirateurs puis consommables pour ces équipements).
Du matériel fut prêtés ou empruntés. Mais c’était insuffisant. Les fonds financiers ont tardé ou ont été bloqués à je ne sais quel niveau mais les constructeurs ont finalement prêtés ou vendus à d’autres pays qui ont plus facilement tiré le carnet de chèques.
Une autre problématique, qui là a été vraiment non anticipée, fut le suivi et l’approvisionnement pour certains médicaments nécessaires à la réa, du genre curare.

Ayant changé d’emploi cet été, je n’ai plus accès au même niveau d’informations. Mais ce qui est demandé aux établissements, là en ce moment, c’est de déprogrammer autant que possible les interventions chirurgicales et médicales, tout en maintenant prioritairement les patients avec cancer, ou en lien avec une greffe, ou une maladie chronique, ou liés aux urgences, ou encore concernés par la santé mentale. Les lits libérées pourront être transformés en soins intensif ou USC…et que des lits de soins critiques soient transformés en lits de réa. Ainsi que libérer des professionnels pour renforcer ces créations temporaires de lits de réa.

Sur la question de fermeture de lits, je ne me positionnerai pas sur les établissements cités dans l’article du lien, car je ne connais pas ces établissements et leur situation. Mais il ne faut pas oublier la couche politique, corporatiste ou syndicaliste. La fermeture de lits n’est pas quelque chose qui se fait du jour au lendemain, et elle ne doit pas être strictement et systématiquement interprétée comme une diminution de coûts en défaveur de la population. Je donne un exemple : une unité de X lits, par exemple en hospitalisation complète de psychiatrie générale, dont l’occupation des lits ne monte jamais au delà de 40% depuis plus de cinq ans. Devant ce constat, et le constat qu’il n’existe pas, sur ce même secteur psychiatrique, de places en hospitalisation de jour, ni d’un CMP pour effectuer des consultations à proximité de la population concernée (et donc que certains patients sont hospitalisés parce qu’il n’y a pas d’alternatives possibles)… Il est décidé de créer N places en hospitalisation de jour, de créer un CMP (c’est une sorte de cabinet public pour effectuer les consultations), de fermer 60% à 50% des lits d’hospitalisation complète, avec un redéploiement des équipes pour correspondre à l’activité de ces 3 prises en charge. Au final, le discours de certains se limitera à « on a fermé 50% à 60% de la capacité d’hospitalisation de cet hôpital public ».
(et je ne parle volontairement pas de la fermeture de maternités, car on rajoute des éléments éthiques et de sécurité qui complexifient les discours).
…Tout cela pour dire que ce sont 2 sujets bien distincts : le discours de création de lits de réa pour répondre au pic du covid-19 & le discours que des lits d’hôpitaux continuent à être fermés. On ne parle pas de la même chose, et avec une temporalité bien différente.

NB : je ne sais pas si il y a des sites, ou des recherches de journalistes, à ce sujet. Mais les données (lits ouverts, occupations, nb de personnel, etc…) sont disponibles (mais en brut donc faut chercher par établissement, avec une fiche différente par année) sur le site des SAE : https://www.sae-diffusion.sante.gouv.fr/sae-diffusion/accueil.htm
(il y a un biais possible : c’est basé sur du déclaratif : ce sont les données déclarées par la direction de chaque établissement, chaque année)

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Je suis pleinement conscient des limitations de ce que je cite, et je te remercie grandement d’avoir apporté une vision plus précise du problème des lits.

Je déplore juste l’enrobage d’une déclaration solenelle et la réalité de la fragilisation d’un système de santé d’autre part. Parce que les 10.000 lits vont venir de quelque part, et qu’il est plus simple structurellement d’opérer de gros changements dans une stratégie de choc (fermer des lits de A pour mettre en B qui est une situation exceptionnelle), mais plus difficile d’opérer le changement inverse après que ceux ci aient eu lieu (on a plus besoin de B, donc on diminue; mais comme finalement vous avez réussi à tenir sans A, ça montre que ça n’est pas nécessaire, et ça fait des économies).

Je sais, j’anticipe et je vois le mal partout. Les 3 dernières années ne m’ont pas aidé dans ce sens.

Tu ne peux pas fermer A définitivement parce que c’est lui qui rapporte de l’argent à l’établissement. Les structures de réanimation (B) ne sont pas rentables en elles-mêmes, elles tirent leur intérêt économique de ce qu’elles permettent à A de faire.
Donc ce calcul là ne se fera certainement pas, pas plus que le calcul de pérenniser les B créés en urgence et en même temps de rétablir les A.
À mon avis on reviendra simplement à l’état antérieur. Ce qui n’est pas nécessairement un souci (on fonctionnait très bien avec 5000 lits de réanimation ; ce sont les personnels qui manquaient pour « armer » confortablement ces lits, mais pas les lits eux-mêmes). Par contre il est dommage que nous n’ayons pas de plans prêts à être déployés dans les 24h pour augmenter les capacités effectives de réanimation, en cas de tuile. Il a fallu bricoler à la première vague et j’ai été désagréablement surpris que ce soit le cas ; il va falloir bricoler à la deuxième et ça me laisse perplexe.

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:neutral_face:

Fil tweeter sur lequel je suis tombé ce matin et qui mets en lumière ce que j’observe depuis cet été…

Je sais pas ce que vous en pensez…

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Pour mettre un peu de contexte autour du post, c’est une analyse économique des mesures prises par le gouvernement et du comportement des banques récemment qui créent un risque d’effondrement similaire à la crise des subprimes dans son mécanisme.

Le type est enseignant chercheur en économie à Angers, et membre des économistes atterrés.

(et oui ça pue du cul)

Et pour rappel, la crise des subprimes, par Gilles Mitteau de la chaine Heu?reka