J’y suis retourné avec ma femme pour qu’elle voit ça et qu’on en discute un peu.
En ressort deux choses : 1 elle me comprend 2 ça m’a encore plus choqué à la deuxième vision.
Alors je ne quote pas spécialement CyBoRG mais plus tous les gens qui se contentent de dire « C’est génial, trop bien, trop Lol , courez le voir »
Parce que oui je trouve ça un peu court, et même si je trouve à ce film plein de qualités, je pense qu’il y a bien plus à dire.
Je pense même que, de ne pas être plus réactif à cette fin de film, c’est passer à coté de quelque chose de très important.
Avec le recul et cette deuxième séance je me sent un peu plus apte à expliquer ce dérangement ressenti.
Balise
[spoiler]Je reprend à partir du premier chapitre : Si on suit le raisonnement de notre chasseur de juifs, on en arrive à admettre que l’homme déteste et chasse le rat de sa maison
pour des raisons qui seraient tout aussi valables pour d’autres espèces comme ici, un écureuil. A la différence prêt qu’un écureuil passe pour mignon et qu’il ne sera pas
accueilli de la même manière qu’un rat. Façon de dire qu’il est facile de juger et que les préjugés sont présents en nous sans même qu’on s’en rende compte.
Dans le chapitre 5 : on nous présente une salle de cinéma remplie de Nazis qui sont hystériques et hilares de voir un des leurs abattre un à un des ennemis.
Disons que nous sommes dans le cas d’hommes qui encourageraient un des leurs à chasser des rats de chez eux pour des raisons qui leur sont propre.
En tant que spectateur, on trouve ce spectacle désolant ou ridicule. on se sent supérieur et on rit presque de voir cette salle s’esclaffer devant un navet du cinéma allemand
prônant le massacre d’un peuple et la supériorité d’un autre. On les trouve risibles ou simplets. Pour les plus dur on aurait même envie de poser une bombe.
Un peu plus tard, ce sont des juifs, une femme et 2 hommes, qui shootent à vu leurs ennemis en les faisant bruler sur fond de message cinématographique d’une morte qui renait devant leurs yeux pour assouvir une vengeance : « La vengeance juives »« AHAHAHAHAH ». Dans une mise en scène digne d’un Metropolis.
Disons que nous sommes dans le cas d’hommes qui chasseraient des écureuils de chez eux pour des raisons qui leur sont propre.
Sauf que cette fois c’est toi public qui est placé dans la position des allemands un peu plus tôt, et qui apprécie ou encourage la vision de quelques juifs se déchainer
sur des nazis. Tu es tout aussi risibles qu’eux il y a à peine 10 minutes.
Cette mise en scène dénote par rapport à toute la première partie.
Il y a clairement ici un message éthique, une réflexion par rapport au massacre, par rapport au jugement d’un groupe de personne vis à vis d’un autre.
Par rapport à des responsabilités. On inverse les positions pour forcer le public à se rendre compte de quelque chose.
C’est une séquence qu’on a envie de regarder en se disant :« Wouah !! Mais qu’est ce qu’il veut dire par là ? Le jugement c’est dangereux? La folie est de tout bord ? La haine entraine la haine ? Les juifs avides de vengeances ne sont ils pas aussi fou et irresponsables que les nazis ? »
C’est une séquence à message.
Or ; encore aujourd’hui, un message sur la seconde guerre mondiale et le massacre des juifs n’est pas un message à prendre à la légère en rigolant.
On ne peut pas dire de ce passage moralement choquant : « ahah trop fort ! allez le voir c’est génial »
C’est d’autant plus dérangeant qu’il est placé juste après 4 chapitres qui sont eux du pur Tarantino. C’est à dire un spectacle, avec des jeux d’acteurs, dans des personnages caricaturées et irréels, des personnages presque burlesques qui donnent au film un ton général de spectacle ou de parodie. C’est à dire un film de divertissement ou on bouffe du popcorn en disant :« Wouahah ! tu as vue comment il lui explose la tête AHAH ! »
ou bien « Wouah quel jeu d’acteur ! » ou bien « ahah trop LOL l’accent italien »
Pour conclure, le film se termine par : Un POV Cut au noir.
C’est à dire qu’on est placé à la place d’un Nazi sur lequel on vient de graver une croix gammée non pas parce qu’il a des idées nazis lui même mais parce qu’il a participé au système.
Et la dernière phrase du film écrite par Tarantino est placé sur ce plan en POV et s’adresse donc directement à toi public dans la peau d’un nazi :
« C’est surement mon chef d’�?uvre ».[/spoiler]
Je suis donc particulièrement dérangé par ce changement de tonalité de dernière minute. Non pas parce qu’il est présent (ce pourrait justement être une volonté),
mais parce qu’il n’est pas clair.
Tellement pas clair que peu de gens s’en aperçoivent et disent :« Ahah ! trop fort » s’en même remarquer qu’ils sont manipulés par la mise en scène.
Ce qui passe pour un simple climax ou une apothéose orgiesque de fin de film est loin d’être aussi simple et soulève des questions.
pour moi deux conclusions : soit Tarantino ne s’en est pas spécialement rendu compte ou bien trouve ça secondaire. Au quel cas je suis peut-être con mais je ne suis pas d’accord.
Soit il a parfaitement conscience de cela et il voulait ouvrir une réflexion sur ce vaste sujet qui continue et continuera de faire parler encore longtemps, au quel cas, il a échouer puisque ça passe par dessus la tête d’à peu près tout le monde.
En tout cas pour moi ça reste une fausse note. (tout comme l’acteur noir et la mort par strangulation de l’actrice)